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Le goût des livres - Page 16

  • Un grand bruit de catastrophe

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    "Louise avait huit ans lorsque les siens avaient été dépêchés à Val Grégoire afin de baptiser le plus de gens possible. Ils avaient débarqué au bout de la 385, suffisants comme des comédiens de télévision dans un théâtre d'été de province, avec beaucoup trop de valises et un sourire hardi. La congrégation, avide de saluts faciles, misait beaucoup sur le proverbial rendement des Fowley, eux qui avaient la réputation de n'avoir qu'à surprendre un regard furtif pour transformer le plus inoffensif promeneur en disciple captif".

    Val Grégoire, petite ville au nord du nord de la forêt boréale, au Canada, sous la coupe de la famille Desfossés. Val Grégoire où les habitants finissent par se convaincre qu'ils sont des ouananiches (saumon d'eau douce incapable de migrer). On ne quitte pas Val Grégoire ou alors on y revient immanquablement.

    Louise étouffe dans ce lieu et dans sa famille, bigote à outrance. Sa seule bouffée d'oxygène sont les deux copains qu'elle se fait à l'école, Marco, un Desfossés, fils du maire et Laurence, dont le frère Willy va être à l'origine de la catastrophe qui pèsera lourd pour la suite.

    L'histoire s'ouvre sur le retour improbable de Louise qui avait fini par fuir à Montréal. Elle croise Wendy, soeur de Laurence et comprend vite la situation de cette jeune femme un peu simplette, ce qui va la décider à repartir en l'emmenant avec elle.

    Plusieurs personnages prennent la parole à tour de rôle, sans souci chronologique ; à chaque narrateur et époque différente, les évènements du passé se dévoilent un peu plus jusqu'à donner une claire vue d'ensemble.

    Le coeur du livre c'est l'amitié indéfectible entre Louise, Laurence et Marco ; ils sont inséparables et les deux garçons promettent à Louise de la rejoindre lorsqu'elle part en douce pour Montréal. Ils ont en commun des familles plutôt déjantées et déstructurantes. La force de caractère de Louise leur sert de moteur.

    Les habitants de Val Grégoire suivent de près les évènements, supputent et commentent ce qu'ils croient savoir et ils n'hésiteront pas à aider Louise lorsque le moment sera venu des règlements de compte. Je dois dire que, vu tout ce qui avait précédé, j'ai apprécié la fin même si elle n'est pas morale.

    Le style de narration maintient une tension qui pousse à tourner les pages, mais ce qui m'a le plus emballée dans ce roman, c'est la langue, directe, inventive, savoureuse.

    Un auteur à découvrir.

    "Nous savions ses racines et sa souche, à Marco, et nous sentions depuis toujours qu’il aurait dû appartenir à un autre arbre généalogique. Il était né avec un patronyme qui était comme des cannettes vides attachées à ses jambes, ça faisait kakling-kakling partout où il passait. Sauf que sa réputation le concernait à peine. Il découlait, septième, d’une lignée guerrière, copie carbone des autres Desfossés, le même format, à la différence que, enfant, il exécrait la chasse parce qu’incapable de tuer et se portait, justicier, à la défense des plus vulnérables. Son père roulait les yeux de honte, ses frères l’assaillaient de pichenottes et il devint le préféré de sa mère".

    L'avis de Kathel

    Nicolas Delisle-Lheureux - Un grand bruit de catastrophe - 304 pages
    Les Avrils - 2023

  • Bon dimanche

    Je suis bien rentrée, mais encore en mode vacances dans mon rythme. Le blog va reprendre au ralenti pendant les deux mois d'été. Comme vous êtes nombreux(ses) à être sur le sur le point de partir, je vous souhaite d'excellentes vacances, aussi bénéfiques que les miennes.

    Sissoko Segal Parisien Peirani

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  • Pause

    L'heure des vacances est arrivée ; je pars vers mon village savoyard préféré, prendre un bol d'air des montagnes. Je vous retrouve début juillet. A bientôt.

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  • Bon dimanche

    Dimanche dernier, je vous ai présenté une chanteuse espagnole, Silvia Perez Cruz. J'ai regretté de ne pas comprendre les paroles de sa chanson et Colo a gentiment proposé de les traduire. Un grand merci à elle. Je mets le lien vers son billet ici.

    Cette semaine, changement de registre, ce sera violoncelle et piano.

    Astrig Sinarossian et Jean-François Zygel

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  • Le cimetière de la mer

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    "La Norvège est, certes, un pays où il fait bon vivre, cela ne signifie pas qu'il ne s'y passe pas des choses guère reluisantes. La Norvège officielle n'aime pas les histoires qui écornent son image irréprochable. Ce qui pourrait être le cas si nous racontions réellement ce qu'il se passe sur le terrain lors de nos opérations à l'étranger. Ou quoi que ce soit qui écorne l'image de nos grands héros de la Résistance pendant la guerre, comme ta grand'mère a essayé de le faire. Tu es une archiviste, Sasha. Tu fouilles le passé. Mais es-tu vraiment prête à affronter les conséquences que pourraient avoir les recherches que tu mènes sur ta propre famille."

    Ce foisonnant roman norvégien commence par le suicide de Vera, l'aïeule de la famille Falck, puissante et influente. 

    Que s'est-il passé pour qu'elle en arrive à ce geste extrême ? Sa petite-fille préférée, Sasha, n'aura de cesse de creuser l'histoire de la famille pour comprendre l'origine de ce suicide, au risque de déterrer des secrets dangereux.

    La famille Falck est composée de deux branches qui ne se fréquentent guère. Celle de Thor, remarié avec Véra, dont le fils, Olav a fait fructifier la fortune familiale et celle de Hans, issue du premier mariage de Thor et nettement plus désargentée.

    Olav a créé une Fondation, la SAGA, centre d'archives chargé de diffuser et maintenir la mémoire de la résistance norvégienne pendant la deuxième guerre mondiale, où Thor s'est illustré. Sasha en est la directrice.

    Hans est le gauchiste de la famille, c'est un médecin humanitaire qui a parcouru les points chauds de la planète et est un fin connaisseur des dessous de la politique. Inutile de préciser qu'il n'a pas grand-chose en commun avec Olav.

    Les ennuis sérieux vont commencer avec la disparition du testament de Véra et la révélation de son passé de romancière. Un manuscrit a également disparu, intitulé "le cimetière de la mer", texte explosif qui aurait pu attenter à la réputation de la Norvège s'il avait été édité, rien que cela !

    Ce qui caractérise cette saga familiale c'est l'abondance d'intrigues et de rebondissements au fil de l'enquête de Sasha. Nombre de ses certitudes s'effondreront et bouleverseront profondément sa vie.

    La recherche de la vérité opposera Sasha à son père Olav, qui l'exhorte à laisser le passé à sa place. Pour avancer, Sasha choisira de s'allier à la branche rivale, celle de Hans et à un curieux personnage, Johnny Berg ex-agent secret des services norvégiens avec qui il a des comptes à régler.

    L'auteur a un don indéniable pour lier des intrigues complexes et nouer des fils à première vue improbables. Je me suis quelquefois égarée dans les explications, sans que ce soit très gênant. J'ai beaucoup appris sur l'histoire de la Norvège pendant la seconde guerre mondiale et les compromissions de certains avec l'Allemagne nazie.

    Par contre, j'ai été dérangée par les extraits du manuscrit de Véra, qui nous est présenté comme un roman exceptionnel et que j'ai trouvé banal et plat, sans style. J'avais hâte de revenir à la partie contemporaine.

    En conclusion, un roman touffu qui tient en haleine, mais assez loin du coup de coeur. Je suis moins convaincue que Delphine-Olympe. Il semblerait qu'il y ait une suite de prévue.

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    Aslak Nore - Le cimetière de la mer - 512 pages
    Traduit du norvégien par Loup-Maëlle Besançon
    Le Bruit du Monde - 2023

  • Bon dimanche

    Voyou

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    Crédit photo : Camille Dronne

  • La bibliothèque des livres brûlés

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    "Althea n'était pas une femme simpliste, quoi qu'en pensent les Berlinois. Elle préférait seulement le sanctuaire des livres à la dure réalité. Pour le meilleur ou pour le pire, les histoires fictives lui permettaient de porter des oeillères, de côtoyer des personnages, même s'ils étaient inventés, sans avoir à se dévoiler, à se sentir vulnérable. Lorsqu'elle avait six, neuf, treize ans, les livres lui avaient offert un refuge, un lieu rassurant, une meilleure amie qui n'existait pas dans la vie réelle, et parfois même une volonté de revanche sur ses ennemis qu'elle ne mettrait jamais à exécution, mais auquel il était plaisant de réfléchir".

    Ce roman a pour fil conducteur le rôle et la défense des livres en des temps difficiles. Il met en scène trois femmes à trois époques différentes. Leur trajectoire personnelle finira bien sûr par se croiser.

    Berlin, 1933 : nous suivons Althea, jeune autrice américaine auréolée d'un premier roman à succès, invitée par Joseph Gobbels, dans le cadre d'un échange culturel organisé par le nouveau pouvoir nazi. Si, au début de son séjour, elle est séduite par le dynamisme de la ville et l'accueil qui lui est réservé par les cercles cultivés du parti, elle ouvrira les yeux sur la nature réelle des nazis en assistant au grand autodafé de tous les livres jugés contraires au nationalisme allemand.

    Paris, 1936 : Hannah, juive allemande est réfugiée à Paris et travaille à la bibliothèque des livres brûlés, lieu discret qui s'efforce de réunir les livres voués à la destruction dans son pays. Elle y participait à un mouvement d'opposition et est hantée par une trahison qui  a entraîné la mort d'un proche.

    New-York, 1944 : Vivian, bibliothécaire, travaille pour une association qui envoie des livres aux soldats sur le front. Elle est en conflit ouvert avec un sénateur qui veut censurer certains livres et se battra avec acharnement pour empêcher son action.

    Voilà pour le thème principal, certainement bien documenté par rapport aux faits réels. Mais nous sommes ici dans un roman et la vie sentimentale des jeunes femmes prend le pas sur le reste, ce qui m'a moins intéressée.

    Chacune à leur manière, elles ont des relations assez compliquées et même parfois des réactions de midinettes un peu surprenantes, même si l'on considère l'époque, alors qu'elles font preuve d'un grand courage par ailleurs.

    Les chapitres alternent entre les trois femmes et j'ai mis du temps à m'y retrouver, ce n'était pas toujours très clair.

    Je ressors de cette lecture assez mitigée. L'intérêt historique est là, mais je constate une fois de plus que sur ce genre de sujet je préfère les documents. Et là, le coté romanesque prend un peu trop le dessus à mon goût. Ce n'est que mon avis personnel et c'est tout de même une lecture à tenter.

    Merci à Masse Critique et aux Editions HarperCollins

    Brianna Labuskes - La bibliothèque des livres brûlés - 336 pages
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Carole Delporte
    Editions HarperCollins - 2023