Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • La loi des collines

    La loi des collines.jpg

    "Le maire s'en alla et Mick fut soulagé d'avoir un moment pour lui. Il s'était trouvé une bonne dizaine de fois dans cette position - attendre des informations médicales sur un blessé - mais jamais pour un membre de sa famille. La peur soudaine de perdre Linda le glaça jusqu'à la moelle. Il repoussa cette sensation et la rangea dans une boîte. C'était hors de son contrôle. Il traiterait le cas de sa soeur comme n'importe quel autre".

    Elle est rude la loi des collines, elle charrie de vieilles rancoeurs et pratique facilement la vengeance. Et rien ne s'oublie.

    Voici le troisième et dernier volet des enquêtes de Mick Hardin dans ce coin du Kentucky où il a grandi et qu'il a quitté pour devenir soldat dans des pays en guerre, Afghanistan, Irak, Syrie etc ...

    A 39 ans il peut prendre sa retraite et c'est ce qu'il fait, avec le projet d'aller vivre au fin fond de la Corse et y mener une vie un peu semblable à celle des collines. Il est revenu au pays dire au revoir à sa soeur Linda, shérif de Rocksalt, avant de s'envoler pour la France.

    Linda enquête justement, avec son adjoint Johnny Boy sur la mort d'un mécanicien hors-pair. Mick n'est pas là pour s'en mêler, mais suite à un service rendu dans un conflit anodin, le voilà embarqué malgré lui dans une histoire de combats de coqs clandestins qui vont l'emmener bien plus loin qu'il ne le souhaitait.

    On tire sur Linda qui se retrouve grièvement blessée, deux nouveaux cadavres sont trouvés au grand désarroi de Johnny Boy, peu taillé pour remplacer la shérif.

    Nous retrouvons les personnages des précédents épisodes, des hommes taiseux, souvent brutaux, armés toujours. Mick ne respectera à peu près aucune règle dans cette histoire, s'appuyant surtout sur son instinct et son solide entraînement de soldat.

    Il montre aussi une grande générosité envers plus faible que lui et se sort de situations dangereuses avec une maestria quasi-magique. J'ai trouvé ce dernier épisode un peu trop boursouflé côté intrigue, je me suis perdue parfois dans les personnages et des situations alambiquées, surtout lorsque Mick s'éloigne des collines.

    Il ne faut pas se monter trop exigeant sur la crédibilité de l'ensemble mais j'ai eu plaisir à retrouver Mick une dernière fois et suis toujours aussi étonnée de sa grande politesse devant les femmes, même si elles pointent un fusil sur lui. Il a des manières ce gars-là.

    "Quand t'auras trouvé le minable qui lui a tiré dessus, l'embarque pas. Tu l'étales et tu rappliques chez nous, t'entends ?
    Oui Madame."

    Les deux précédents : Les gens des collines  - Les fils de Shifty

    Chris Offutt - La loi des collines - 288 pages
    Traduit de l'américain par Anatole Pons-Reumaux
    Editions Gallmeister - 2025

  • Nos fantastiques années fric

    Nos fantastiques années fric.jpg

    "Taisez-vous, Fernandez. Tout le monde sait que c'est la guerre entre les services de police et la cellule de l'Elysée. Et la cellule c'est Grossouvre, Ménage et moi. Donc, si les RG sont au courant de cette affaire par Chardon, ils n'hésiteront pas à s'en servir pour m'abattre. Et, au passage, plomber les socialistes aux élections de mars prochain".

    Je souhaitais découvrir Dominique Manotti depuis longtemps, voilà qui est fait, avec une lecture plutôt addictive.

    L'intrigue se déroule à la fin du premier septennat de François Mitterrand. Victor Bornand est un très proche du Président, au fait de toutes les opérations au coeur de la cellule de l'Elysée, au fonctionnement plutôt opaque. C'est aussi un homme à femmes, amateur entre autres des pensionnaires d'une certaine Mado, à l'adresse bien connue du gratin parisien.

    Bornand est sur une affaire de trafic d'armes avec l'Iran, alors sous embargo. Trafic d'armes souvent couplé à celui de la drogue. Une affaire juteuse sur le point de se conclure à la grande satisfaction des parties concernées.

    Le meurtre d'une call-girl de Mado va être le grain de sable qui va gripper la machine.

    L'enquête est menée par une jeune policière, beurette selon le terme de l'époque, Noria Gozhali et un commissaire débutant, Bonfils.

    C'est une histoire complexe, truffée de magouilles, de coup bas dans le monde politico-médiatique et mafieux. Les règlements de compte sont sanglants. En filigrane, se joue le sort d'otages retenus au Liban.

    L'autrice est historienne de formation, sans doute bien documentée et c'est difficile de croire que ce genre d'histoire appartient au passé. Ça fait froid dans le dos.

    J'ai parfois eu du mal à m'y retrouver dans cette sombre galaxie tendue uniquement vers l'argent, le pouvoir et le sexe. Dès le départ nous savons que Bornand est un sale type, mais c'est encore pire que ce que je pensais. Quand on a connu cette période, c'est assez facile de mettre des noms sur quelques personnages ou un certain journal qui paraît le mercredi par exemple.

    En face, Noria et Bonfils ne lâcheront pas leur enquête, Noria a de bonnes raisons de s'obstiner, malgré la hiérarchie et les menaces.

    J'ai aimé ce roman, écrit sans fioritures, il va droit au but. Evidemment ce n'est pas brillant sur l'état de corruption de notre société et je ne pense pas que nous ayons fait beaucoup de progrès depuis. Que savons-nous vraiment de ce qui se passe dans notre pays ?

    Un film a été tiré du roman "Une affaire d'Etat". Je ne l'ai pas vu.

    Dominique Manotti - Nos fantastiques années fric - 256 pages
    Rivages poche - 2021

  • Bon dimanche

    Barbara_(1965).jpg

  • Le testament de Sully

    Le testament de Sully.jpg

    "Les êtres humains souffraient d'un tas de problèmes complexes, et la cause du mal n'était pas simple à diagnostiquer. L'approche pragmatique de son père excluait la possibilité, bien réelle, qu'il n'existe pas de remède. Ruth ne l'avait-elle pas reconnu elle-même en s'inquiétant que sa petite-fille soit trop abîmée pour qu'on puisse la réparer ? Si cela était vrai également de Thomas, si la blessure que lui avait infligée Peter et Charlotte dans son enfance était à la fois profonde et permanente, à quoi lui servirait-il de le savoir ? Etait-il possible d'agir après des décennies d'inaction ?".

    Après "Un homme presque parfait" et "A malin malin et demi", voici "le testament de Sully" qui clôt la trilogie.

    Retour à North Bath, bourgade déclinante du New-Jersey. Son insolente voisine, Schuyler Springs, a fini par l'absorber, au grand dam de tout un petit monde de bras cassés ou autres impécunieux de North Bath.

    Sully est mort depuis dix ans, mais son ombre plane toujours sur North Bath qu'il a tant imprégnée de sa présence imprévisible. Sauf pour les pauses dans les cafés de la ville, réglées comme du papier à musique.

    Avant de mourir, Sully a demandé à son fils Peter de prendre soin d'un certain nombre de personnes, son ancienne maîtresse, Ruth, la fille de celle-ci Janey, Rub son ami, complètement déboussolé depuis sa disparition et quelques autres. Peter s'acquitte de sa mission avec sérieux, mais il retape la maison de son père avec l'objectif de quitter les lieux le plus vite possible et de retrouver sa vie d'universitaire hors de ce trou.

    Par ailleurs, le chef de la police, Douglas Raymer, traverse une mauvaise passe. Il vient de perdre son poste suite à la fusion des deux villes et Charice, son ex-adjointe et maîtresse le quitte momentanément pour s'occuper de son frère Jérôme.

    Dans cette situation déjà complexe, vient s'ajouter un cadavre trouvé dans un hôtel abandonné, au milieu du territoire.

    C'est impossible de résumer un roman de Richard Russo. Les personnages sont nombreux, les digressions aussi, les évènements s'enchaînent sur un temps court. Peter réfléchit longuement à la relation qu'il a eue avec son père, les reproches qu'il lui a fait, l'attitude de sa mère. Réflexion qu'il est obligé d'élargir maintenant à un de ses fils, Thomas, qu'il a abandonné également. Répétition désastreuse qui risque de bouleverser durablement sa vie.

    Les personnages des deux premiers romans sont là et je n'ai pas eu de mal à les resituer. Le charme de la lecture est toujours dans le mélange de tendresse et d'humour qui fait passer des situations profondément dramatiques.

    Ce qui domine, c'est toujours un grand plaisir de lecture et l'impression de retrouver de vieux amis. L'auteur n'a pas son pareil pour aborder de grands problèmes en nous faisant rire et pleurer. Les divisions de l'Amérique sont présentes, avec le racisme, la violence, les armes, la domination de certains et l'impossibilité de changer.

    Sully est mort certes, mais il est très présent dans le roman, à travers les souvenirs des uns et des autres.

    Une trilogie foisonnante qui a tenu toutes ses promesses. Et qui sait, peut-être retrouverons-nous un jour Peter et les autres.

    L'avis de Céciloule, Jérôme

    Merci à Masse critique et aux Editions La Table Ronde

    Participation au challenge de Moka "Quatre saisons de pavés"

    pave-dhiver.png
    Richard Russo - Le testament de Sully - 544 pages
    Traduit par Jean Esch
    Editions La Table Ronde - 2025