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roman noir

  • Nos fantastiques années fric

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    "Taisez-vous, Fernandez. Tout le monde sait que c'est la guerre entre les services de police et la cellule de l'Elysée. Et la cellule c'est Grossouvre, Ménage et moi. Donc, si les RG sont au courant de cette affaire par Chardon, ils n'hésiteront pas à s'en servir pour m'abattre. Et, au passage, plomber les socialistes aux élections de mars prochain".

    Je souhaitais découvrir Dominique Manotti depuis longtemps, voilà qui est fait, avec une lecture plutôt addictive.

    L'intrigue se déroule à la fin du premier septennat de François Mitterrand. Victor Bornand est un très proche du Président, au fait de toutes les opérations au coeur de la cellule de l'Elysée, au fonctionnement plutôt opaque. C'est aussi un homme à femmes, amateur entre autres des pensionnaires d'une certaine Mado, à l'adresse bien connue du gratin parisien.

    Bornand est sur une affaire de trafic d'armes avec l'Iran, alors sous embargo. Trafic d'armes souvent couplé à celui de la drogue. Une affaire juteuse sur le point de se conclure à la grande satisfaction des parties concernées.

    Le meurtre d'une call-girl de Mado va être le grain de sable qui va gripper la machine.

    L'enquête est menée par une jeune policière, beurette selon le terme de l'époque, Noria Gozhali et un commissaire débutant, Bonfils.

    C'est une histoire complexe, truffée de magouilles, de coup bas dans le monde politico-médiatique et mafieux. Les règlements de compte sont sanglants. En filigrane, se joue le sort d'otages retenus au Liban.

    L'autrice est historienne de formation, sans doute bien documentée et c'est difficile de croire que ce genre d'histoire appartient au passé. Ça fait froid dans le dos.

    J'ai parfois eu du mal à m'y retrouver dans cette sombre galaxie tendue uniquement vers l'argent, le pouvoir et le sexe. Dès le départ nous savons que Bornand est un sale type, mais c'est encore pire que ce que je pensais. Quand on a connu cette période, c'est assez facile de mettre des noms sur quelques personnages ou un certain journal qui paraît le mercredi par exemple.

    En face, Noria et Bonfils ne lâcheront pas leur enquête, Noria a de bonnes raisons de s'obstiner, malgré la hiérarchie et les menaces.

    J'ai aimé ce roman, écrit sans fioritures, il va droit au but. Evidemment ce n'est pas brillant sur l'état de corruption de notre société et je ne pense pas que nous ayons fait beaucoup de progrès depuis. Que savons-nous vraiment de ce qui se passe dans notre pays ?

    Un film a été tiré du roman "Une affaire d'Etat". Je ne l'ai pas vu.

    Dominique Manotti - Nos fantastiques années fric - 256 pages
    Rivages poche - 2021

  • Les fils de Shifty

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    "Mick hocha la tête. Il avait tendance à se souvenir des choses qui le rendaient triste - le deuil et le chagrin, les fautes et les faux pas. Il se demanda si c’était juste qu’il n’avait pas de bons souvenirs, ou s’il était incapable de se les remémorer."

    J'avais apprécié "Les gens des collines" et sachant que c'était une trilogie j'avais hâte de découvrir le deuxième épisode.

    Même décor, une petite ville du Kentucky où Mick a passé son enfance. Il est en convalescence de l'armée, où il est enquêteur. Il a connu plusieurs terrains de guerre, la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan où il a sauté sur une bombe artisanale, d'où sa blessure et son retour momentané au pays.

    Il savait en rentrant que sa femme, Peggy, voulait divorcer, lasse de ses perpétuels départs. Il s'y est résigné et ne lutte plus pour la faire changer d'avis. Pour l'heure il vit chez sa soeur, Linda, shérif de la petite ville, en campagne de réélection.

    Il commence à envisager son retour à l'Armée, en Allemagne lorsque l'on découvre un cadavre abandonné sur un parking. C'est un des fils de Shifty Kissick, connu pour être un trafiquant de drogue.

    Shifty est parfaitement au courant du trafic de son fils et en connaît les rouages. Elle soupçonne quelque chose de pas net derrière sa mort et demande à Mick d'enquêter officieusement. C'est un enfant du pays, il connaît les gens, la mentalité du coin, il aura les coudées plus franches pour chercher.

    Mick accepte, sachant que l'enquête officielle est menée par le shérif, c'est-à-dire sa soeur, Linda. Par ailleurs, il devra se débarrasser de son addiction aux anti-douleurs qu'il avale un peu trop comme des bonbons.

    Une fois mis le doigt dans l'engrenage, il est entraîné dans une histoire de trafic, de vengeance, de règlements de comptes où il ira plus loin peut-être qu'il n'aurait voulu.

    Ce deuxième volet est aussi réussi que la premier. Mick est plutôt du genre taiseux, mais les questionnements ne manquent pas dans sa tête, au grand plaisir de la lectrice. Au fur et à mesure de ses recherches, la violence monte, un deuxième fils de Shifty est tué, Mick est pris à parti lui-même.

    Ce qui est étonnant, c'est la place de la nature dans cet univers noir, Micky y est attentif, la décrit merveilleusement bien, tout comme "Oncle Merle" qui écoute et parle aux oiseaux. Certains des personnages secondaires sont d'ailleurs assez pittoresques, allégeant l'ambiance mortifère.

    Il me reste à attendre le troisième volet "La loi des collines" annoncé pour le 5 Février.

    Chris Offutt - Les fils de Shifty - 288 pages
    Traduit par Anatole Pons-Reumaux
    Gallmeister - 2024

  • Mater Dolorosa

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    "Comment tu le sais ?"
    Je le sais. Et toi aussi, tu sais qui l'a fait. "Je l'ai dit", pense Inès. Cela fait des semaines qu'on se tait, des semaines qu'on tourne autour du pot, qu'on esquive la vérité et qu'on change de thème. Cette fois elle l'a dit et elle attend l'éruption. Mais curieusement elle ne vient pas".

    Je suis fidèle à l'auteur depuis "L'eau rouge" et je me demandais si cette nouvelle parution allait être à la hauteur des précédentes. La réponse est oui, sans réserve.

    L'histoire commence comme un polar et se joue principalement entre trois personnes, un policier, une mère, une fille. Nous savons très vite qui est le meurtrier, mais il reste hors champ et énigmatique. Ce n'est pas le sujet majeur du roman.

    Ce qui intéresse l'auteur ici, ce sont les conséquences d'un meurtre sur les proches, de quelle manière une famille et un entourage sont impactés pour toujours.

    Nous sommes à Split, ville de Croatie, à la fin de la période touristique où elle se vide brutalement et montre un aspect terne et sans vie. Tout ferme jusqu'à la prochaine saison.

    C'est dans ce contexte qu'une jeune fille de dix-sept ans est retrouvée, tuée dans une usine désaffectée, vestige de l'époque communiste. L'enquête est confiée à Zvone, un jeune policier qui s'évertuera à découvrir la vérité, en dépit des obstacles. Zvone n'a pas une vie très gaie, il s'occupe de son "père-enfant", chez qui il habite, un homme amorphe qui ne s'est pas remis de la guerre en ex-Yougoslavie.

    Ailleurs en ville, une famille va vite comprendre que le fils de la maison, Mario est mêlé à ce meurtre. Il s'agit d'Inès, la fille, qui travaille dans un hôtel touristique et de sa mère, Katja, la "Mater Dolorosa", qui trouve du réconfort en allant prier à l'église où elle est pourtant assez mal considérée.

    A partir de là va se dérouler une partie serrée, aux enjeux cruciaux, entre rester fidèle à la famille ou choisir la justice. L'auteur excelle à entrer dans la psychologie de chaque personnage et décortiquer les relations intrafamiliales, faites essentiellement de non-dits.

    Comme d'habitude chez l'auteur, l'arrière-fond politique et social est présent, avec la rupture de la guerre dont personne n'est vraiment remis. Les traumatismes sont là, les rancoeurs aussi, certains s'en sont très bien sortis.

    Je me suis vite attachée au personnage d'Inès qui se débat entre culpabilité, colère, dégoût, envie que la vérité éclate, que son frère soit mis hors d'état de nuire et peur d'être celle qui va risquer de détruire la famille.

    Katja, la mère, est une femme farouche, têtue, assez redoutable en fait et menant tout le monde là où elle veut. Ce n'est pas la première fois qu'un personnage de vieille femme se montre intraitable et écrasant chez l'auteur. Le poids des traditions ?

    Le rythme du roman est lent et va en profondeur, faisant le tour de toutes les possibilités avec finesse. Le dénouement va-t'il être satisfaisant ? La morale sera-t'elle sauve ?

    Je vous laisse le découvrir si vous en avez envie. De mon côté, je vais attendre le prochain roman avec impatience.

    Sur le blog : La femme du deuxième étage - Le collectionneur de serpents

    L'avis d'Alex   

    Pavičić Jurica - Mater Dolorosa - 416 pages
    Traduit du croate par Olivier Lannuzel
    Agullo Noir - 2024

  • Une saison pour les ombres

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    "Il n'avait rien à dire, rien d'intéressant pour elle de près ni de loin, mais la seule présence d'un autre être humain, le son d'une voix, le réconfort d'une discussion sans importance sur la musique, les livres - n'importe quoi - lui était nécessaire. Il était perdu. Ça, il le savait. Caroline n'avait pas été la première à le voir. Un homme construit un château pour se protéger, puis se retrouve piégé à l'intérieur. Où qu'il aille, tous les couloirs le ramènent au même endroit. L'esprit de l'homme n'a pas de carte ; les raisonnements sont si confus qu'on ne sait plus d'où ils viennent. Tout avait commencé à Jasperville. Peut-être que tout se terminerait là-bas également".

    Je cherchais une lecture addictive et j'étais à peu près sûre de la trouver avec ce roman de R.J. Ellory. J'ai été embarquée dans une histoire très sombre se déroulant dans une région inhospitalière du nord-est du Canada, à Jasperville.

    Jack Devereaux est enquêteur dans les assurances à Montréal. Il a fui Jasperville a 18 ans, sans se retourner, abandonnant son petit frère, Calvis, et une amoureuse qu'il s'était engagé à revenir chercher.

    Il n'en a rien fait et est pris au dépourvu lorsqu'il reçoit un coup de fil de la police locale, lui apprenant que son frère a agressé sauvagement un homme, le laissant presque mort, sans raison apparente. Le policier lui demande de venir pour l'aider à comprendre ce qui a pu se passer.

    Dès lors Jack est assailli par un maelstrom d'émotions qu'il peine à maîtriser. Cette fois-ci il ne peut pas se dérober et se résout à partir pour Jasperville, ce lieu maudit où il n'a pas remis les pieds depuis vingt-six ans.

    Jasperville est un coin perdu où l'hiver dure 8 mois, les étés sont humides et envahis par les moustiques. L'unique raison d'être de ce village loin de tout est une mine de fer où le père de Jack espère avoir une chance de gagner honorablement la vie de sa famille.

    Sa femme n'a d'autre choix que de s'incliner et de s'acclimater comme elle peut avec leurs trois enfants, Juliette l'aînée, Jack et Curtis, le présumé meurtrier.

    C'est par flash-back successifs que nous remontons le temps avec Jack, en alternance avec le présent. Nous comprenons assez vite que ce qui l'a fait fuir c'est une atmosphère délétère, de plus en plus dramatique qui pèse sur Jasperville. Ce territoire a d'abord été occupé par les Alquonquins et leurs croyances sont encore vivaces, comme par exemple la présence de wendigos, créatures maléfiques et canibales qu'il vaut mieux ne pas rencontrer.

    Le pire a été la mort de plusieurs jeunes filles, dans des conditions atroces. Leurs blessures ont été attribuées à des bêtes sauvages, ours ou loups, sans chercher plus loin.

    La famille de Jack charriait également son bagage de violence, avec le père, impitoyable avec les enfants, perdant de plus en plus l'esprit.

    Confronté à tout ce passé, Jack devra faire face à ses manquements, ses lâchetés, et reconsidérer les évènements sous un autre jour.

    S'il y a enquête autour de la mort des jeunes filles, ce n'est pas ce qui m'a le plus passionnée. C'est plutôt la description de la vie à Jasperville, les relations familiales, amicales et de solidarité qui se nouent obligatoirement dans une communauté isolée.

    Jack n'apparaît pas à son avantage, il reconnaît ses faiblesses, il essaie de réparer ce qu'il a détruit, il a fui un lieu mais il n'a pas cessé de se fuir lui-même également. Le chemin sera long.

    Une histoire dense, pas avare de rebondissements et de revirements, avec des personnages attachants. Un bon roman noir.

    R.J. Ellory - Une saison pour les ombres - 480 pages
    Traduit de l'anglais par Etienne Gomez
    Le livre de poche - 2024

  • Darwyne

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    "Darwyne, il s'y connait en beaux-pères. Il lui semble, même, que sa vie d'enfant a été rythmée par ça, par le passage des hommes de la mère dans leur petit carbet. Il ne se souvient pas des noms, ou plutôt il n'a pas envie de s'en souvenir, alors dans sa tête, il leur a donné des numéros : beau-père un, beau-père deux, beau-père trois... "

    Je voulais découvrir Colin Niel depuis longtemps. Voilà qui est fait, avec le dernier roman paru, Darwyne, grâce au billet enthousiaste de Une Comète.

    Darwyne est un petit garçon de 10 ans, affligé d'une malformation des pieds et de bien d'autres défauts d'après sa mère, Yolanda. Nous sommes sans doute en Guyane, en lisière d'Amazonie, parmi les plus pauvres et les plus démunis.

    Yolanda se démène pour que son fils soit bien élevé et apprenne bien à l'école. Elle l'élève seule, avec l'apparition régulière d'hommes qui ne font que passer. Darwyne n'aime pas ces beaux-pères qu'il désigne par des numéros. Il préfère avoir sa mère pour lui tout seul.

    Quand l'histoire commence, nous en sommes au numéro huit et l'enfant pressent que ça se passera comme d'habitude, à savoir mal. Ils habitent une sorte de bidonville, un petit carbet rafistolé de bric et de broc, à la merci du moindre coup de vent.

    Darwyne est un enfant un peu étrange, fasciné par la forêt qu'il semble comprendre parfaitement. Il ne peut s'empêcher d'y faire des incursions tout seul, la nuit, malgré l'interdiction de Yolanda.

    La famille a été signalée anonymement aux services sociaux comme posant problème, raison pour laquelle Mathurine, assistante sociale, leur rend visite pour une évaluation. Mathurine est une femme encore jeune, mais tourmentée par le manque d'enfant, elle a décidé d'en faire un seule. Elle se rend régulièrement en Europe pour des tentatives de PMA.

    Pour elle, la situation est claire, Yolanda s'occupe au mieux de son enfant, la dénonciation est calomnieuse. Mais Mathurine partage avec Darwyne la passion de la forêt, de sa faune et de sa flore. Intriguée par l'aisance de l'enfant dans cet univers, elle pousse l'investigation plus loin.

    Sur cette trame se développe une histoire de plus en plus intrigante et addictive. Des questionnements sont soulevés de tous côtés. Yolande n'est peut-être pas la mère dévouée qu'elle semble être. Darwyne cache peut-être de profonds secrets inavouables. Et le dernier beau-père en date, que pense-t'il de tout cela ?

    J'oublie un autre personnage omniprésent, la forêt, où se joue le principal du roman. Organisme vivant, avec ses propres réactions, subissant le changement climatique assez visible dans ces contrées et abîmée par les hommes.

    L'auteur distille lentement de nouveaux éléments qui nous mettent la puce à l'oreille et nous font redouter le pire pour Darwyne, pauvre petit pian dégueulasse (dixit la mère).

    Il faut accepter une part de fantastique dans cette histoire ; je ne l'ai pas trouvée gênante, elle s'intègre bien au reste.

    Au final, un roman noir puissant (très noir) et un enfant particulier qui imprime la rétine.

    Le billet de Athalie Sandrine Une Comète

    Colin Niel - Darwyne - 288 pages
    Le Rouergue noir - 2022

  • Solak

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    "Si on a la chance de ne pas crever de froid ou dans une crevasse, l'autre danger blanc, plus rare, mais qu'il faut pas oublier quand même, c'est le Pater. L'ours blanc. Mâle ou femelle, c'est pareil. Sur Solak, on sort jamais sans son fusil, jamais. Attention, ça veut pas dire qu'il faut forcément lui tirer dessus. Si tu le croises, t'attends de voir comment ça se passe. Parfois ils cherchent juste leur chemin, ils te regardent avec leur tête de faux nounours mais de vrais carnivores et puis ils font demi-tour, ils te snobent de leur gros cul dédaigneux."

    Voici un premier roman marquant, surtout à cause du style, rude, direct, en phase avec l'histoire. Un huis-clos de quatre hommes sur un bout de terre inhospitalière, Solak, presqu'île balayée par les vents, au nord du cercle polaire arctique, dans la nuit totale plusieurs mois par an.

    Qui sont ces hommes ? Trois sont soldats, chargés simplement de garder un drapeau marquant l'appartenance du territoire. Si l'armée les a envoyés là, c'est qu'il valait mieux qu'ils se fassent oublier un bon moment. Seul le quatrième sait qu'il repartira au bout d'un an. C'est un scientifique, Grizzli, en mission écologique.

    L'histoire commence au moment de la rotation annuelle de l'hélicoptère chargé du ravitaillement. Il repartira avec le corps d'Igor qui n'a pas résisté au climat et à la solitude de Solak. Pour le remplacer, débarque un jeune soldat à l'air fragile et fermé, de surcroît muet.

    Le narrateur, Piotr est le plus ancien sur place, vingt ans déjà et il ne souhaite pas retourner un jour vers "les terriens". Il sait qu'il est condamné à rester ici. Le deuxième soldat, Roq est une brute, un être sans état d'âme, qui aime tuer les animaux et cherche régulièrement querelle aux autres.

    Le nouveau venu les intrigue tous, c'est encore un gosse, qu'a-t'il pu faire pour atterrir ici ? Sur ce bout du monde, entre les tâches indispensables, les quatre hommes se retrouvent dans le bâtiment commun où il fait chaud, où chacun met la main à la cuisine et aux corvées. Ils disposent aussi d'une pauvre baraque individuelle où ils dorment et se réfugient quand ils ne se supportent plus.

    L'arrivée de la jeune recrue tend rapidement l'atmosphère. Roq le regarde de travers, ne supporte pas son mutisme, ni de le voir noircir les pages de son carnet. Seul Grizzli le scientifique garde son calme et croit encore en l'humanité.

    Dès le début, une tension s'installe, qui ira en s'intensifiant, ne lâchant plus le lecteur, captivé par la description des éléments, du contexte, de l'oppression de la nuit interminable. Chacun fait des efforts pour ne pas faire exploser la situation, sauf Roq, et l'histoire va irrémédiablement vers la violence et le drame.

    J'ai été très vite embarquée dans ce huis-clos étouffant, à l'écriture à l'os, où l'environnement a autant d'importance que les personnages. Pour un premier roman, c'est noir, sombre mais assez magistral.

    J'ai juste un bémol sur la fin. En quelques pages les révélations pleuvent, il y en a un peu trop à mon goût, surtout une que j'ai trouvée moins crédible. Que cela ne vous empêche pas de le lire, l'ensemble se tient fort bien.

    Caroline Hinault - Solak - 128 pages
    Editions du Rouergue - 2020