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Le goût des livres - Page 15

  • Maisons de verre

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    "Le directeur général Gamache passait ses journées dans la fange, la profanation, la tragédie, la terreur. Puis il rentrait chez lui, à Three Pines. Son sanctuaire. Où il s'asseyait au bistro avec ses amis, ou dans l'intimité de son salon avec Reine-Marie. Henri et la drôle de petite Gracie à leurs pieds. Sains et saufs. Jusqu'à ce que la chose sombre se manifeste. Et refuse de disparaître."

    Treizième enquête d'Armand Gamache, devenu Directeur de la Sûreté à Montréal. Il a fort à faire pour reprendre en main un service corrompu depuis de nombreuses années. Il doit remonter des équipes fiables et solides, d'autant plus que le trafic de drogue s'est intensifié au Québec et nécessite des mesures d'ampleur.

    C'est dans ce contexte difficile que surgit soudain une silhouette noire et masquée au centre du village de Three Pines. Immobile, silencieux, le sinistre personnage ne bouge pas, mettant progressivement les habitants mal à l'aise, Gamache y compris. Il essaie de le faire partir, sans succès, aucune loi n'est enfreinte. Il disparaît la nuit, pour revenir au petit matin.

    Quelques jours passent ainsi, puis un cadavre est découvert dans la cave de l'église du village.

    Je n'en dirai pas plus, sauf que la crise des opioïdes à laquelle Gamache doit faire face et le cadavre du village ont un lien qui finira par être dévoilé.

    Je n'ai pas été très convaincue par l'intrigue, souvent tirée par les cheveux. D'un côté, une légende ressortie d'une époque lointaine, de l'autre Gamache prenant des risques invraisemblables pour contrer les trafiquants de drogue, c'est peu crédible.

    Au bout d'un moment, je me suis laissée quand même embarquer. Ce qui me plaît dans cette série, c'est la vie au village, l'évolution de l'équipe de Gamache, à commencer par Beauvoir, devenu son beau-fils, les habitants de Three-Pines, l'auberge d'Olivier et Gabri etc ...

    Bref, lu sans déplaisir, mais sans doute vite oublié.

    L'avis de Doudoumatous et Eimelle

    Louise Penny - Maisons de verre - 448 pages
    Traduit de l'anglais par Lori Saint-Martin et Paul Gagné
    Actes Sud - 2023

  • Sambre

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    "Durant 30 ans, dans la Sambre, une petite région industrielle du Nord de la France, des dizaines et des dizaines de femmes sont agressées sexuellement ou violées au petit matin. Elles portent plainte, parfois à quelques jours d'intervalles. Elles ne sont pas toujours crues. Un jour de février 2018, ces femmes apprennent  l'arrestation d'un homme surnommé "le violeur de la Sambre". Comment a-t'il pu commettre autant de crimes aussi longtemps sur un si petit territoire sans jamais être inquiété ?". (Extrait 4e de couverture)

    C'est tout l'objet de cette enquête journalistique, reprendre l'affaire à la source et essayer de comprendre ce qui s'est passé dans cette région du Nord. L'intérêt de ce livre, c'est qu'il part du point de vue des victimes, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles ont été malmenées.

    Je savais que ce ne serait pas une lecture facile, elle ne l'a pas été. J'ai été traversée par l'indignation, la colère, l'accablement, l'empathie en voyant la détresse des victimes, brisées par le traumatisme du viol et en plus remises en cause par la police et la justice. Dans les premières années, elles étaient reçues quasi-exclusivement par des hommes non formés.

    Le mode opératoire était toujours le même. Au petit matin, des bruits de pas dans le dos des jeunes femmes, une cordelette ou un foulard autour du cou, l'étranglement. La promesse de ne pas les violer, l'obsession de l'homme pour les poitrines. Rares sont celles qui apercevront son visage, d'où la difficulté de faire un portrait robot.

    Dans les premières plaintes, il était seulement question d'attentat à la pudeur, le viol n'était pas encore considéré comme un crime. Trop souvent, la dimension sexuelle de la plainte était tue ou évacuée. Les policiers ne reprenaient pas les paroles exactes des victimes. Les procès-verbaux étaient égarés, les lieux du viol négligés.

    On n'informait pas les jeunes femmes de leurs droits, elles n'entendaient plus parler de leur affaire et beaucoup voulaient l'oublier. En plus du choc traumatique, elle devait encaisser les suspicions de la police à leur égard. "Plus tard, un policier, "un commissaire", dit-elle, revient chez elle lui poser des questions. Il lui demande si elle n'a pas inventé cette histoire. Si elle ne s'est pas fait "ça" toute seule. Son médecin généraliste, présent à ce moment-là, s'énerve et quitte le salon devant une hypothèse aussi improbable. Elle a une double cicatrice au cou, les yeux exorbités à cause de l'asphyxie, et un genou en sang. Elle est passée tout près du stade 3 de l'asphyxie, celui d'où l'on ne revient pas".

    Les services de police ne communiquant pas entre eux, aucun lien n'est fait entre les différentes agressions. De plus, la police ne croit pas à l'existence de crimes en série en France. Ça concernerait seulement les Américains.

    Pendant ce temps, le violeur mène une vie de mari et de père bien intégré, entretenant même un lien amical avec un policier. Quand il est allé au commissariat le saluer un jour, n'a-t'il pas plaisanté avec lui sur sa ressemblance avec le portrait-robot enfin réalisé ?

    Tout est ahurissant dans cette histoire, jusqu'à l'arrivée de professionnels plus impliqués, déterminés à la suivre sans relâche. Des moyens plus modernes sont arrivés. Analyse d'ADN, création de fichiers. Les medias locaux vont enfin parler des viols après des années d'indifférence.

    L'affaire se déplace un moment en Belgique, juste de l'autre côté de la frontière, à Erquelines. La Belgique, traumatisée par l'affaire Dutroux, en a tiré les leçons et accompagne nettement mieux les victimes.

    Après des années de faux espoirs et de ratés, l'homme est enfin arrêté. Dino Scala. Pour certaines victimes, c'est un soulagement. Pour d'autres, la crainte de devoir replonger dans un passé si douloureux. Après discussions, le procès tiendra compte de 56 victimes officielles. Sans doute davantage dans la réalité.

    Le procès est encore l'occasion de douter de la parole des femmes, malgré les faits accablants et les preuves. Un policier aura le courage de dénoncer publiquement la manière honteuse dont ont été traitées certaines victimes et leur demandera pardon au nom de l'institution.

    Finalement, Dino Scala est condamné à la peine maximale, 20 ans de réclusion. Il est à souligner qu'en France, qu'un homme viole 1 femme ou une centaine, la peine est la même, le côté série n'est pas pris en compte.

    L'affaire n'est pas terminée. L'avocate de l'accusé a fait appel. Un nouveau procès aura lieu en 2024.

    Au-delà de ce cas, l'enquête montre à quel point les violences sexuelles sont tues dans l'ensemble de la société, à quel point le silence est la règle, à commencer par les familles. Si la parole avait été prise au bon moment, rien de tout cela n'aurait eu lieu.

    C'est une enquête passionnante, qui se lit facilement. J'ai cependant fait plusieurs pauses, émotionnellement c'est assez éprouvant.

    "Lorsqu'elle retourne enfin au lycée en janvier 2003, l'adolescente est une autre. Elle ne veut plus sortir aux récrés, demande à rester enfermée dans une salle. Désormais, elle a peur de tout. Elle est obsédée par les faits divers à la télé. Dort avec la lumière et la télé allumées 24 h sur 24. Elle change de look. Ne met plus que des joggings informes. Se coupe les cheveux. Les teint. Ne se maquille plus. Et commence à grossir. Au lycée, cette année-là, elle décroche. Lorsqu'elle est chez elle, elle pleure toute la nuit, un de ses frères dormira au pied de son lit durant des années".

    Une lecture nécessaire, mais choisir le moment où on peut l'affronter.

    L'avis de Ingannmic et Keisha

    Alice Géraud - Sambre - 400 pages
    Editions J.C. Lattès - 2023

  • En ces temps de tempête

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    "Je ne suis pas en train de me décomposer, papa. Je suis juste furieuse que tu aies mis une semaine entière à me rappeler. Et s'il te plaît, cesse de te comporter comme si mon mari était une espèce de manager qui est censé me protéger de la réalité quand elle déconne".

    N'ayant jamais été déçue par un roman de Julia Glass, je n'ai pas hésité lorsque j'ai vu sa dernière parution. Roman choral, comme d'habitude, ce sont huit personnages différents qui prennent la parole à tour de rôle, nous permettant de creuser profondément leur personnalité et les relations qui les unissent les uns et les autres.

    L'histoire se déroule dans une petite ville du Massachussetts, Vigil Harbour, dans un futur proche, une poignée de décennies peut-être. Le dérèglement climatique s'est accentué, les catastrophes se sont faites de plus en plus dramatiques, tremblements de terre, tempêtes, virus mortel, etc .. Ont suivi des attentats, à New-York notamment, rendant le quotidien anxiogène et incertain.

    Curieusement, Vigil Harbour paraît à l'abri de cette ambiance délétère, en tout cas pour le moment et une petite communauté privilégiée essaie d'y vivre encore en bonne intelligence, et veut croire à un avenir supportable.

    Le premier narrateur, Brecht, jeune adulte, a survécu à un attentat à New-York, où il était étudiant. Traumatisé, il est revenu chez sa mère, Miriam, à Vigil Harbour et a abandonné ses études. Il a pour seule compagnie son copain, Noam. Son père est mort d'un virus (covid ?) lorsqu'il avait huit ans. Son beau-père, Austin, architecte, lui procure un travail chez Célestino, immigré de longue date, qui créé et entretient des jardins.

    Dans cet endroit relativement préservé vont surgir deux personnages inattendus, poursuivant chacun des buts cachés. Ils vont apporter le trouble avec eux, provoquant des réactions en chaîne aux conséquences imprévisibles.

    Je ne vais pas en raconter davantage, c'est une histoire fouillée dans laquelle il faut entrer progressivement. L'autrice excelle dans la description des personnages et des interractions entre chacun d'entre eux. C'est finement observé et peu à peu les liens se font avec subtilité.

    Les révélations arrivent, jusqu'à une dernière partie assez tendue, avec un suspense qui monte. Les changements liés au bouleversement climatique imprègnent toute l'histoire, soulevant des questionnements fondamentaux.

    La part belle est faite aux personnages, deux couples explosent entraînant des recompositions surprenantes ; j'ai particulièrement aimé, Margo, ancienne professeur de Brecht, qui encaisse le départ de son conjoint avec une autre en épaulant vigoureusement l'autre mari quitté qui se laisse couler. L'avenir montrera qu'elle sait faire face à pire que cela.

    "Si je détaillais, je dirais ceci : je suis sur une île dont la côte est menacée. Il y a des gardes, des flics, des rangers et toutes sortes de gens en uniforme qui surveillent, il y a des bassins écrêteurs là où il y avait autrefois des terrains de basket, il y a des périodes estivales où les températures atteignent 38° cinq jours d'affilée, et on est peut-être menacés de tempêtes, de bombes, de contagion, de pandémies et de pagaille, mais je vais bien. Je fais travailler mon esprit, je fais travailler mon corps. Je mange - parfois très bien".

    L'avis de Cuné et Sandrine

    Avec ce titre, je participe aux deux challenges qui ont remplacé "le pavé de l'été" de Brize.

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    Chez Sibylline

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    ta d loi du cine (chez Dasola)

    Julia Glass - En ces temps de tempête - 608 pages
    Traduit de l'américain par Sophie Aslanides
    Editions Gallmeister - 2023

  • En marchant (Petite rhétorique itinérante)

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    "Une lenteur orchestrée qui fait durer le temps : ne tient-on pas là une merveilleuse définition de la marche ? Oui, la marche est un fastueux déploiement de lenteur et de silence. Lenteur pour soi, silence en soi. Et comme elle nous l'enseigne souverainement : les trois seuls vrais luxes en ce monde, où superflu et vanité pullulent, sont le temps, l'espace et le silence. Le reste n'est que fumées".

    J'ai tellement aimé "L'homme qui fuyait le Nobel" il y a quelques années, que je n'ai pas hésité à choisir le nouveau titre de l'auteur à l'occasion de la dernière opération Masse Critique. Et bien m'en a pris. Ce n'est pas un roman cette fois-ci, mais une réflexion sur ce que peut représenter la marche en général, dans le passé et aujourd'hui.

    L'auteur s'appuie autant sur ses expériences personnelles que sur les écrits des philosophes, écrivains, compositeurs etc .. l'ayant pratiquée assidûment.

    "Alexandre Dumas, lui, le dit bien dans ses mémoires. Encore jeune à l'époque, séjournant à Crépy-en-Valois, il part pédibus visiter le tombeau de Rousseau, situé à Ermenonville, à près de six lieues de là, c'est-à-dire la bagatelle de 24 kilomètres, ce qui fait tout de même une sérieuse balade aller-retour ... On sait que son ami Hugo sacrifia lui-même au voluptueux impératif de la marche quotidienne. Avait-il peur comme Eugène Sue - autre grand enjambeur de lieues - que l'obésité ne le gagne ? Toujours est-il qu'en adepte de l'hydrothérapie et de l'exercice physique, il ne dérogea que rarement à ce qu'il appelait son mille passus. Cette balade digestive, de deux heures environ, il la fit seul ou accompagné de sa chère Juliette Drouet, à Paris, dans ses divers voyages, mais aussi à Jersey et surtout Guernesey, exîle chère à son coeur."

    J'ai retrouvé l'érudition, la plume élégante qui m'avait tant plu et l'humour discret. L'auteur n'idéalise pas la marche, il prône au contraire la simplicité, nul besoin d'équipement coûteux ou de voyages lointains pour en profiter.

    Il revient toutefois sur les paysages magnifiques qu'il a pu admirer lors de ses voyages et qui l'ont laissé ébloui. Il y a des pages superbes et poétiques sur le site d'Ankhor.

    "J'eus la chance, voué à des activités variées ou plus simplement par goût, de pas mal voyager dans ce monde en quête de paysages divers, de "décors", parfois splendides, mais nul besoin d'aller jusqu'aux pôles ou en Pagagonie pour connaître l'émerveillement. Les philosophes, eux, parleraient d'étonnement, de cette stupéfaction oscillant entre volupté et douleur, d'être là, en vie, marchant sur une route, un layon en forêt, ou dans les rues d'une grande capitale, plutôt que de n'être pas."

    Mon exemplaire est hérissé de post-it, tant de passages m'ont donné envie d'y revenir tôt ou tard.

    Vous l'avez compris c'est un vrai coup de coeur, destiné aussi bien aux marcheurs en fauteuil qu'à ceux qui se lancent sur les chemins. Chacun y trouvera une inspiration.

    Je dois vous prévenir que la bibliographie finale, bien fournie, risque d'aggraver vos envies de lecture.

    Merci à Masse Critique et aux Editions Tallandier

    L'interview de Sonia Devillers (France Inter) ici

    Patrick Tudoret - En marchant - 208 pages
    Editions Tallandier - 2023

  • Thaïs ... le retour

    Les plus anciennes d'entre nous se souviennent sûrement du blog de Thaïs "Arc-en-Ciel", qu'elle a arrêté en 2010 (déjà !).

    Et bien, le voilà qui renaît de ses cendres, tout beau, tout neuf, sous le joli nom de "Océan de découvertes". Voilà qui est prometteur.

    N'hésitez pas à aller lui rendre une petite visite ici

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  • Bon dimanche

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