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La famille Ruck

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"On verra quand Carsten sera vieux. Il verra bien ce que ça fera quand tout le monde le trouvera superflu. Quand il ne comprendra plus les mots autour de lui. Quand tout le monde sera plongé dans un appareil dernier cri au lieu de le regarder en face. Quand il n'y aura plus de raison de se lever le matin, aucun projet agréable, rien, que des efforts ; quand chaque pas ne sera plus qu'un tâtonnement."

Dans un village de l'ex-Allemagne de l'Est, trois générations d'une même famille vont être contraintes de cohabiter pendant un mois : la grand-mère, le fils, la petite-fille.

Inge, la grand-mère a été hospitalisée suite à une chute. Si son fils s'était occupé des travaux à faire dans sa maison, ce ne serait pas arrivé pense-t'elle. La vieille femme est acariâtre, refuse absolument d'aller en maison de retraite, jugeant tout-à-fait normal que son fils, Carsten lui consacre du temps et s'occupe d'elle. Ça ne se discute pas.

Carsten, qui est loin de partager son point de vue et qui a pour habitude de fuir toute forme de responsabilité est tout de même coincé et pour ne pas partir tout seul, propose à sa fille ado, Lissa, de l'accompagner, lui faisant miroiter huit jours de vacances tranquilles et l'occasion de revoir sa grand-mère.

"Et pourquoi d'ailleurs devrait-il, à cinquante cinq ans, lutter encore avec sa mère ? La médecine a-t'elle pensé aux générations suivantes en décidant de laisser les vieux devenir encore plus vieux ? Les vieux le veulent-ils ?"

Lissa a quinze ans, vit à Berlin et tient un discours écolo radical. Elle se soucie de l'avenir de la planète, est vegan depuis peu et obsédée par la pollution et les excès de la société de consommation. Elle ne l'envoie pas dire avec des gants, ses réactions sont cash. Elle déteste les adultes qui font comme si tout allait bien, comme le nouveau compagnon de sa mère par exemple.

"Thomas Andreas Schmidt est un connard. Non pas parce que c'est l'ami de sa mère. Au contraire, loin de Lissa l'envie d'avoir Sabine pour elle toute seule. Plus sa mère est occupée, moins elle tape sur les nerfs de Lissa, et moins elle peut passer ses humeurs sur elle. Non, Thomas Andreas Schmidt est objectivement un connard. Il a peut-être l'air intelligent avec sa calvitie et ses lunettes rondes cerclées. Mais il ne l'est vraiment pas".

J'ai terminé ce roman il y a trois mois et si j'ai perdu de vue des détails, je suis encore imprégnée de l'atmosphère hostile qui règne entre ces trois personnes. Aucune n'est vraiment sympathique et pourtant j'ai fini par les apprécier, surtout Lissa qui essaie de trouver des moyens d'améliorer la situation, à sa manière.

Ce n'est pas un roman d'action, il ne se passe pas grand chose, mais j'ai aimé l'humour mordant omniprésent qui fait passer le côté plutôt désespérant de l'histoire.

Lissa découvre sous un autre jour le village où vit sa grand-mère, elle est observatrice et découvre de vieilles histoires soigneusement tues. Ses bévues mettent un peu la pagaille dans un quotidien immuable, au grand dam d'Inge qui tient à sa tranquillité.

Aucun des trois n'est doué pour le dialogue, ils se critiquent mutuellement, sans reconnaître leur part dans l'ambiance tendue qui s'est installée. On comprend mieux pourquoi le fils aîné, Jens, est parti jeune à l'étranger et ne veut plus entendre parler ni de sa mère, ni de son frère.

C'est la vie d'une famille comme il y en a tant, pétrie de malentendus, de conflits larvés, de mauvaise foi et de refus de faire la moindre concession. Carsten est le plus agaçant, toujours prêt à se dérober en prétextant un rendez-vous à Bruxelles pour son travail.

J'ai trouvé très juste la vision de la vieillesse à travers Inge, mais j'ai ri aussi de l'attitude de l'adolescente et de ses réactions au bazooka, ce qui n'empêche pas qu'elle retrouve parfois le côté perdu de la petite fille qu'elle est encore.

C'est bien écrit, bien raconté, les personnages secondaires ont également leur intérêt, surtout une certaine voisine.

Je m'attendais à ce que le passé du village qui se trouvait en Allemagne de l'Est soit davantage évoqué. C'est pourtant un changement qui n'a pas dû être évident pour Inge.

Au final, une bonne découverte et une jeune autrice à suivre.

Lecture commune avec Eva Fanja

C'est ma participation de dernière minute aux Feuilles allemandes

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Katja Schönherr - La famille Ruck - 352 pages
Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine
Editions Zoé - 2024

Commentaires

  • Ton billet me donne envie de découvrir la vie de cette famille, comme il y en a tant comme tu l'écris... et dans cette partie de l'Allemagne qui a beaucoup souffert!
    Il est rajouté dans ma liste toujours aussi longue...

  • Intéressant comme vos avis divergent, avec Fanja... il me semble avoir déjà croisé ce roman sur les blogs, et j'ai plutôt le souvenir que c'était avec des retours positifs. Mais bon, je verrai l'an prochain, maintenant, pour me plonger dans la littérature germanophone, pour l'instant je vide mes piles !

  • Je viens de voir l'avis de Fanja, plus mitigé, sur ce roman qui me tentait déjà. Je lui donnerai sûrement sa chance car j'aime beaucoup le ton des extraits choisis !

  • Une lecture très tentante qui en plus me permettrait de découvrir l'auteur, je viens de lire l'avis de Fanja moins enthousiaste mais qui à sa manière titille aussi ma curiosité...

  • J'aurais aimé me faire un avis personnel, mais ... rien en bibli, tant pis!

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