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Le goût des livres

  • La trilogie berlinoise

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    "Mais une nation en tant que telle ne peut ressentir de culpabilité, c'est à chacun de l'éprouver personnellement. Je pris soudain conscience de ma part de culpabilité, sans doute la même que celle de beaucoup de mes compatriotes : je n'avais rien dit, je n'avais pas levé le petit doigt contre les nazis".

    Depuis le temps que je voulais lire cette trilogie de Philip Kerr, voilà c'est fait. Trois romans regroupés en un seul volume de 1024 pages. L'action se déroule successivement en 1936, 1938, 1947, juste avant ou après la guerre.

    J'avais déjà fait la connaissance du personnage principal, Bernie Gunther, avec le septième épisode "Vert de gris" quelques années plus tard, en 1954.

    Bernie a fait partie de la police allemande lorsque l'on pouvait encore en être fier ; ne supportant pas ce qu'elle est en train de devenir avec l'arrivée des nazis, il a démissionné et est devenu détective privé, avant d'être réintégré pour les besoins d'une enquête.

    L'aspect le plus intéressant de cette trilogie est sans conteste le fond historique sur la montée du nazisme, le bouleversement profond qu'il amène et les individus plus ou moins louches qu'il attire. 

    La première enquête "L'été de cristal" a pour décor les jeux olympiques de Berlin ; la deuxième "La pâle figure" confirme un peu plus l'imminence d'une guerre et la transformation de l'Allemagne ; la troisième "Un requiem allemand" se passe en grande partie à Vienne et traite davantage de l'espionnage qui se menait entre les quatre occupants du pays.

    Je reconnais m'être perdue assez vite dans la quantité de personnages gravitant autour de Bernie. Par contre, la réalité du nazisme s'imposant par tous les moyens dans toutes les strates de la société est remarquablement décrite et fait froid dans le dos. C'est terrifiant.

    Le personnage de Bernie est assez complexe et parfois ambigu. S'il veut rester en vie, il doit faire des concessions, mais il n'attire pas la sympathie. Pourtant, il s'efforce de préserver des valeurs, dans un environnement violent et dangereux.

    Par ailleurs son comportement avec les femmes laisse beaucoup à désirer et c'est peu dire. Celles qui croisent sa route ne s'en sortent pas très bien en général. Il n'hésite pas à les utiliser en dépit des risques.

    L'auteur mélange des personnalités connues, Himmler, Goering, Heydrich, à de parfaits inconnus, ce qui donne de la force au récit. Les guerres des chefs, les manoeuvres à qui aura le plus de pouvoir, sont bien décrites.

    Je ne pense pas continuer la série, Bernie m'a laissée finalement assez indifférente, mais cette trilogie est addictive et me paraît importante à découvrir aujourd'hui où les sirènes de l'extrême droite se font entendre, avec des méthodes déjà éprouvées dans le passé et qui ont pourtant bien montré leur nocivité. 

    L'avis de Ingannmic Luocine

    Avec cette trilogie je participe à trois challenges :

    Les épais de l'été de Tadloiduciné chez Dasola

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    Le pavé de l'été chez Sybilline

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    Le pavé d'été chez Moka

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    Philip Kerr - La trilogie berlinoise - 1024 pages
    Traduit de l'anglais par Gilles Berton
    Le livre de poche - 2010

  • La neuvième heure

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    "Je l’aime comme ma fille, dit-elle, sans atténuer la dureté de son ton, comme si l’amour était aussi un devoir désagréable. Le mariage la canalisera peut-être. Pas le couvent. » 

    Après ma lecture de Someone, je n'ai pas tardé à revenir vers Alice McDermott, pressée de retrouver le ton et la chaleur humaine qui m'avait tant plu précédemment.

    J'avais quelque appréhension à cause du contexte où se déroule l'histoire : un couvent, des bonnes soeurs, un drame, une jeune veuve accablée, le spectre de la misère .. j'aurais dû faire plus confiance à l'autrice et à sa capacité d'illuminer n'importe quel sujet.

    Dans les années 1900, toujours à Brooklyn, un homme prépare soigneusement son suicide. Il envoie sa femme à l'extérieur et quitte ce monde en provoquant un incendie. A son retour, Annie découvre le désastre. La voilà seule, enceinte et totalement désemparée.

    Soeur Saint-Sauveur qui passait par là va prendre les choses en main. C'est une bonne soeur au grand coeur, qui s'est forgée sa propre idée de l'église et de Dieu et ne craint pas d'enfreindre quelques règles injustes à ses yeux.

    Elle prend les premières décisions pour ne pas laisser Annie dehors, s'entête à vouloir faire enterrer religieusement le défunt, calmer les voisins victimes de l'incendie. Les soeurs sont connues et respectées par tout le quartier, il n'y a guère de foyer où elles n'apportent pas leur aide.

    Comme dans "Someone" la chronologie n'est pas respectée, ce qui n'a pas d'importance.  Nous suivons une poignée de personnages à des époques différentes, les caractères sont affinés au fur et à mesure, les situations plus complexes qu'il n'y paraît.

    Après quelques jours de flottement, Annie est accueillie au couvent où on l'emploie à la blanchisserie. Elle va accoucher d'une petite fille, Sally, qui va grandir entourée par les soeurs et finir par se convaincre qu'elle aussi est "appelée".

    Annie a le caractère plus trempé qu'on l'imagine au début. Elle va mener sa vie à sa manière, sous le regard bienveillant ou plus sévère, c'est selon, de soeur Lucy, soeur Jeanne, ou soeur Illuminata.

    Les soeurs ne disent rien mais n'en pensent pas moins et font silence sur ce qu'il n'est pas utile d'exprimer. Certaines réflexions laissent supposer qu'elles ne sont pas dupes de ce qui les a fait entrer au couvent, elles n'hésitent pas à critiquer l'église et à soutenir l'inverse de ce qu'elles sont censées appliquer "Dieu, connaît mon cœur, dit-elle. Donc, je n'ai pas besoin de Lui demander son pardon, voyez" !

    Le roman balaie toute une petite communauté irlandaise vivant souvent dans la misère, trop d'enfants, l'alcoolisme, les maladies, le quotidien est dur et les petites soeurs les bienvenues.

    La vocation supposée de Sally sera mise à rude épreuve devant cette réalité brutale. Le sous-sol du couvent ne l'a pas préparée à ce monde-là.

    Je n'en dis pas plus ; ce roman (qui a obtenu le prix Femina 2018) est aussi touchant que le précédent, sans être naïf ou idéaliste, loin s'en faut. Un léger humour y ajoute encore un peu de légèreté. Je compte bien sûr continuer ma découverte de l'autrice.

    L'avis de Dasola Choupynette Dominique Luocine

    Alice McDermott - La neuvième heure - 288 pages
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Arnaud
    Editions Quai Voltaire - 2018

  • Bon dimanche

    Arthur Teboul n'a pas oublié Feu!Chatterton. Un album va sortir le 12 septembre prochain (Labyrinthe).

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  • Le poète

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    "Tandis que je tapais sur mon clavier, l'image de mon frère ne cessait de me revenir en mémoire. Cette photo aseptisée, sans vie, me dérangeait désormais. Car j'avais cru à l'impossible. J'avais laissé tomber Sean et mon sentiment de culpabilité était encore plus intense. C'était mon frère dans cette voiture, mon jumeau. C'était moi."

    Longtemps après tout le monde, je découvre l'auteur Michael Connelly avec l'un de ses meilleurs titres semble-t'il. Je l'ai lu courant juin et je m'aperçois que j'ai déjà beaucoup oublié, ce qui n'est pas bon signe.

    Une chose est sûre, l'enquête est addictive, les pages se tournent toutes seules et j'avais hâte de connaître le dénouement.

    Jack McEvoy est chroniqueur judiciaire pour un grand journal. Son frère jumeau est policier et vient de se suicider en se tirant une balle dans la bouche. Jack ne peut pas accepter la version du suicide. Pas son frère. Pas comme ça. Et que vient faire le poème d'Edgar Allan Poe laissé sur le pare-brise de sa voiture ?

    Jack va devoir ruser pour avoir accès à l'enquête ; les collègues de son frère refusent obstinément de la lui montrer et lui conseillent de tourner la page.

    L'intrigue est assez vertigineuse, d'autant plus que la quête de Jack est entrecoupée du récit d'un certain Gladden. Le genre d'homme qui glace jusqu'à la moëlle des os. Le lecteur a ainsi connaissance d'éléments que Jack n'a pas encore. 

    L'enquête se corse avec l'apparition du F.B.I. en la personne de Rachel Walling, qui ne laisse pas Jack indifférent. 

    Dans cette histoire Jack est-il manipulé ? est-il un appât, un gêneur ?Quel rôle tient Rachel ? L'enquête s'obscurcit, les rebondissements se multiplient, de plus en plus de personnages apparaissent, jusqu'à un retournement final assez magistral.

    J'ai appris qu'il y avait une suite à ce poète, sans que ce soit très clair. Il faudrait lire un autre livre de la série pour vraiment comprendre l'histoire. Si quelqu'un peut m'éclairer ?

    C'est une lecture facile, addictive comme je l'ai déjà dit ; toutefois, j'y ai trouvé trop de violence à mon goût pour poursuivre. 

    L'avis de Anne Fanja Sandrine

    Michael Connelly - Le poète - 544 pages
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch
    Editions Points - 2007

  • Briser le plafond de glace

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    "Parfois je trouve des compagnons de cordée Camptocamp, un site collaboratif de pratiquants de montagne. Maman n'aime pas me voir partir en montagne avec des gens rencontrés au hasard sur Internet. Elle a raison, mais je n'ai pas de voiture et peu de matériel, j'irais en montagne avec n'importe qui ! Je fais de chouettes rencontres et de belles sorties, mais il m'arrive de tomber sur des compagnons de cordée qui souhaitent plus qu'une course en montagne. Ce rapport de séduction est très désagréable aux relais ou dans les refuges : la promiscuité est propice aux malentendus. Il y a des moments pour draguer, après la bière de la fin de journée par exemple, mais pas pendant l'escalade où, fatiguée par l'effort et concentrée sur la sécurité, je me sens plus vulnérable et moins préparée à refuser des avances".

    Le hasard a fait que j'ai lu l'un après l'autre deux livres de femmes en colère. Celui-ci est le récit du parcours d'une jeune femme passionnée de montagne (et c'est peu dire) et son désenchantement progressif en voyant qu'elle est trop souvent bloquée par son statut de femme.

    Depuis l'enfance, l'autrice pense montagne, vit montagne et n'envisage pas d'autre voie professionnelle que celle-là. Ses parents sont tous deux sportifs et elle a été à bonne école avec son père qui ne la ménageait pas en sortie rando, dès son jeune âge.

    Marion se lance avec enthousiasme dans tous les projets allant dans son sens. Elle est opiniâtre, veut progresser et surtout être en tête. Elle a une âme de leader.

    Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est qu'elle allait se heurter au sexisme ordinaire et à la croyance bien ancrée qu'une femme est forcément plus fragile, moins endurante qu'un homme et moins apte à réagir devant l'obstacle.

    L'alpinisme est une affaire d'homme, ils sont d'ailleurs largement majoritaires dans le sport de haut niveau et n'acceptent pas facilement qu'une femme les égale, voire les dépasse. Quant aux blagues lourdes lorsqu'ils sont en groupe, elles sont aussi navrantes et grossières que n'importe où ailleurs. 

    Le parcours de Marion Poitevin est atypique et m'a beaucoup intéressée malgré mon peu de goût pour le sport de haut niveau, les compétitions, le toujours plus et toujours plus haut. 

    Je me suis assez vite perdue dans les sigles des différentes institutions et corps d'armée où elle a travaillé, ce qui ne gêne en rien la lecture. Alpinisme, escalade, guide de haute montagne, secours en montagne, elle progressera au hasard des déceptions et des mains qui se tendront, car il y en aura. Tous les hommes ne sont pas aussi hermétiques à l'arrivée des femmes parmi eux.

    Bien des détails techniques m'ont échappé, ils ne sont pas longs et ne plombent pas le récit. J'ai souvent été en colère avec elle ; elle a mis du temps à comprendre que c'est son genre qui posait problème et s'est culpabilisée, pensant qu'elle n'était pas à la hauteur, qu'elle n'en faisait pas assez. Et quand bien même, ça n'aurait pas excusé les coups bas et la vulgarité crasse de certains, pas plus que le silence des autres.

    Les années passant, l'enthousiame et l'envie sont toujours là, mais ce qu'elle fait est dangereux par nature et les morts jeunes qui s'accumulent autour d'elle finissent par la questionner. L'enjeu vaut-il toutes ces vies brisées ?

    De déconvenues en questionnements, Marion finira par créer avec d'autres une association "Lead the climb" visant à permettre aux femmes d'être premières de cordée en toute sécurité.

    J'ai acheté ce livre pendant mon séjour en montagne (dans une excellente galerie d'art) c'était le bon moment. J'ai découvert un style de vie très éloigné de mes rêves, mais assez captivant à suivre.

    "Nous formons une bonne cordée complémentaire, Estelle et moi. J'apprends la gestion du froid : petits gants, gros gants, gants de vaisselle pour une cascade qui goutte. J'apprends les différentes qualités de glace : assiette, méduse, sorbet. J'apprends à gérer les cordes gelées qui se bloquent dans les systèmes d'assurage ou le mousqueton qui colle au lèvres si on le met dans la bouche pour avoir les mains libres. J'apprends à brocher souvent, car même quand l'escalade est facile, la chute est interdite. Nous sommes des extra-terrestres dans les cascades : nous ne croisons aucune autre cordée féminine cet hiver-là. Les noms des voies sont d'ailleurs souvent à connotation phallique, cela manque de finesse : Croupe de la Poufiasse, Erection, Diabolobite, Orgasme, Verge du Démon ...".

    Marion Poitevin - Briser le plafond de glace - 245 pages
    Editions Paulsen - 2025

  • Bon dimanche

    Pour rester un peu dans l'ambiance de la semaine dernière, j'ai eu envie de continuer ce dimanche avec Lubiana, que je découvrais.

    Lubiana

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  • Bon dimanche

    Gaël Faye au Louvre

    Vous avez entendu successivement Lubiana et sa Kora, la slameuse George Ka, les danseurs Indore du Rwanda, accompagnés des Tambours Royaux du Burundi

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