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Le goût des livres - Page 2

  • Bon dimanche

    Mercedes Sosa et Joan Baez
    (Concert de 1988, en Allemagne)

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  • La fortune

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    "Je n'écrivais plus à mes amis parce qu'ils auraient vu clair dans mes lettres ; mon humour ne les aurait pas trompés. Chers amis, je suis au bout, c'est écrit, ne vous donnez pas la peine de me répondre. Chers amis, mon drame est banal, où je suis, nous arrivons tous. Mes hôtes ne devinent rien, mais les choses ! Les choses comme elles vous attrapent ! Malignes, proliférantes, intraitables ! Les choses usuelles, les interrupteurs, les lunettes, les lampes de poche, les briquets - je perds tout, je mélange tout, tout m'échappe, je laisse tout tomber, je tombe moi-même."

    Je découvre Catherine Safonoff avec ce livre, qui, comme les précédents semble-t'il mélange autobiographie et fiction.

    J'ai été attirée par le sujet, une femme de quatre vingt ans qui occupe une maison depuis un quart de siècle et pense y finir ses jours. Elle a simplement occulté que cette maison n'était pas la sienne et que son propriétaire (son ex-mari) pouvait la récupérer un jour. Ce qu'il fait.

    C'est une blessure profonde pour elle, un arrachement à tout ce qui faisait sa vie, ses repères, sa bibliothèque, son environnement, ses connaissances, la proximité de Genève où elle aimait flâner dans les vieilles rues.

    Elle se retrouve à la campagne, loin de tout, hébergée par sa fille, Mélie et son compagnon, Jeff. Accueillie de bon coeur, avec son espace, mais plus chez elle. Dépendante pour tout.

    J'ai eu un peu de mal à me repérer au début, la narratrice évoquant ses souvenirs en vrac, mélangeant passé et présent, ne donnant pas toujours des indications très claires sur ce que représentent certains personnages pour elle. J'ai aimé finalement avancer un peu à l'aveuglette, tout se met en place progressivement.

    C'est un livre d'impressions et de réflexions, qui ne fait pas l'impasse sur le quotidien dans sa banalité, les petites mesquineries et les grandes colères devant ce qui lui est infligé. Ce qui ne l'empêche pas de reconnaître qu'elle est restée longtemps dans des non-dits assez confortables.

    La narratrice revient sur un long séjour aux Etats-Unis avec son jeune mari, B. la naissance de ses filles, un amant mystérieux. Elle consacre de belles pages à des séjours en Grèce, qu'elle aime tellement. Elle revient sur son envie d'écrire, depuis toujours et en toutes circonstances.

    Au présent, elle se laisse aller jusqu'à la haine à l'égard de Monsieur B. pour plusieurs raisons et elle n'aime pas se sentir envahie par cette spirale mauvaise.

    Elle décrit bien l'état où elle se retrouve aussi un jour à l'hôpital, avec des problèmes cardiaques et où elle est furieuse après un médecin qui ne s'occupe pas d'elle, avant de s'apercevoir que c'est le contraire.

    J'ai été séduite par cette succession de petits évènements, de souvenirs plus fiévreux et le refus de se résigner d'une femme âgée devant le sort qui lui est fait, prise dans un faisceau d'émotions difficiles à supporter.

    J'ai surtout été séduite par l'écriture, le style, la narratrice n'est pas passive et cherche à clarifier les zones d'ombre qui subsiste entre elle et B.

    Les allusions à ses livres précédents m'ont donné envie de continuer ma découverte de l'autrice. Les Editions Zoé viennent de sortir en poche son premier livre "La part d'Esmé".

    "Pourquoi B. détestait-il tellement que je lise ou écrive ? Comme si c'était une maladie, ou une chose interdite. Parce qu'on part, part vraiment, loin, ailleurs, et devient intouchable."

    Une interview de Catherine Safonoff ici

    Catherine Safonoff - La fortune - 176 pages
    Editions Zoé - 2024

  • Proust, roman familial

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    "A la manière d'un amputé qui, longtemps après l'opération, sent toujours son membre fantôme, le monde familial de mon enfance vivait figé dans la conscience intacte de sa supériorité sociale. Etymologiquement, aristocrate signifie "le pouvoir des meilleurs". Admettre que la noblesse avait perdu son prestige et ne constituait plus l'élite, c'eût été céder à l'inimaginable : l'aveu d'un déclassement. Il ne suffisait donc pas de se tenir, il fallait désormais maintenir coûte que coûte un univers, un décor, un mode d'existence devenus étrangers aux réalités contemporaines et sans rapport avec le siècle".

    Je connais Laure Murat de nom, j'ai souvent suivi ses interventions à la radio à propos de ses précédentes parutions, mais à vrai dire je ne m'étais jamais interrogée sur ses origines sociales.

    J'ai donc appris à la faveur de "Proust, roman familial" qu'elle était aristocrate et que le monde décrit par Proust était mêlé au sien de plus d'une manière.

    "Limité au surgissement de noms familiers dans le cadre d'un roman, le trouble de ma lecture serait resté anecdotique. Mais le plus sidérant, c'était que toutes les scènes lues où l'aristocratie entrait en jeu étaient infiniment plus vivantes que les scènes vécues dont j'avais été le témoin, comme si Proust, à l'image du Dr Frankenstein, élaborait sous mes yeux le mode d'emploi des créatures que nous étions. Il mettait en mots et en paragraphes intelligibles ce qui se mouvait sous mes yeux depuis que j'étais née".

    Dans cet essai, Laure Murat mélange histoire personnelle et épisodes de "la recherche" avec finesse et un humour souvent vachard très réjouissant.

    Après avoir décrit sa jeunesse, son éducation, campé les membres de sa famille, elle n'hésite pas à affirmer "A ce titre, il ne serait pas exagéré de dire que Proust m'a sauvée".

    Je n'ai pas lu "la recherche" (après deux essais ratés) et je l'ai ressenti clairement comme un handicap au fur et à mesure de mon avancée. Je pense être passée à côté du coeur du livre. Lorsqu'elle rapproche certains membres de sa famille des personnages de Proust, longs extraits à l'appui, je me suis sentie plutôt perdue.

    Je ne me risquerai donc pas à parler de cet aspect du livre. Il n'en reste pas moins que j'ai eu plaisir à découvrir le parcours de Laure Murat, dont la révélation de l'homosexualité à sa famille a acté une rupture irrémédiable. L'attitude de sa mère notamment fait froid dans le dos.

    La description de ce berceau familial me confirme que nous vivons dans le même pays mais sûrement pas dans le même monde. J'ai beaucoup apprécié le style de Laure Murat. Si elle passe dans votre région, n'hésitez pas à aller l'écouter, comme je l'ai fait moi-même à l'automne, au salon du livre de Trouville, c'est un régal.

    "Même les relations censément les plus simples sont marquées par l'idée - en partie inconsciente - d'appartenir à une caste modèle, qui exige d'être toujours à la hauteur et de montrer l'exemple. C'est un jeu de rôles permanent. Un aristocrate jouera à l'aristocrate dans la moindre de ses actions, en remerciant un serveur, en saluant une connaissance, en se montrant généreux ou distant. L'aristocrate est, par excellence, quelqu'un qui se prend pour un aristocrate".

    C'est une lecture commune avec Miriam et ClaudiaLucia, qui vont avoir bien plus à dire que moi sur "la recherche" puisqu'elles ont organisé un challenge sur une relecture complète.

    ma pal

    L'avis de Dasola Luocine Dominique Keisha

    Laure Murat - Proust, roman familial - 256 pages
    Editions Robert Laffont - 2023

  • La photo du jour

    En 2021, le jardin japonais Yushien a offert des pivoines arbustives au jardin de Giverny. Elles fleurissent en avril et sont magnifiques. En savoir plus ici

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    (cliquez sur l'image pour voir en grand)

  • Un café maison

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    "Il avait choisi des femmes solitaires parce qu'il voyait les femmes comme des machines à faire des enfants. Peut-être lui semblait-il plus simple qu'elles ne soient pas pourvues d'accessoires potentiellement embarrassants, comme des amis."

    Encore un auteur que je voulais découvrir depuis un bon moment, avec son enquêteur récurrent, l'inspecteur Kusanagi. C'est fait avec ce café maison qui va entraîner tant d'expériences diverses autour de la préparation du breuvage.

    Ayané Mashiba et Yoshitaka Mashiba sont mariés depuis un an. Ils ont conclu un accord tacite. Si Ayané n'attend pas un enfant d'ici la fin de l'année ils divorceront. Yoshitaka conçoit le couple uniquement comme construction d'une famille, s'il n'y a pas d'enfant, il n'y a pas de raison de continuer ensemble.

    Au terme de l'année, Ayané n'est donc pas surprise de l'annonce de Yoshitaka l'informant qu'il va la quitter pour une autre femme. Elle ne se rebelle pas et décide d'aller passer le week-end chez ses parents, seule, pour réfléchir.

    Le dimanche, Yoshitaka est retrouvé, mort, à son domicile par Hiromi Wakayama, l'assistante d'Ayané. Les deux femmes réalisent des patchworks avec un certain succès.

    L'inspecteur Kusanagi est chargé de l'enquête, avec sa jeune collègue, Kaoru. La police scientifique établit assez vite que la tasse de café de Yoshitaka contenait de l'arsenic. Toute la question va être de trouver comment l'assassin a procédé pour introduire le poison sans se faire remarquer.

    Nous apprenons rapidement que l'assistante d'Ayané, Hiromi Wakayama est la prochaine femme choisie par la victime et qu'elle est enceinte. Qui avait donc le plus intérêt à tuer Yoshitaka ?

    Kusanagi tombe assez vite sous le charme d'Ayané, ce qui l'empêche d'avoir les idées claires et impartiales d'après Kaoru, sa collège, nettement plus méfiante envers l'épouse bafouée. Kaoru va demander l'aide du Professeur Yukawa, brillant scientifique, pour trouver comment l'arsenic est arrivé dans le café.

    J'ai d'abord eu un peu de mal à me familiariser avec les noms japonais et à les mémoriser. J'ai trouvé que la police japonaise était vraiment très polie avec les suspects, voire prévenante. La lectrice a une longueur d'avance puisque dès le départ nous savons qui a tué, tout le suspense est dans la méthode utilisée.

    Quand je dis suspense, il n'est pas haletant. Tout cela est long et lent et j'ai terminé avec un soupir de soulagement. Peut-être ne suis-pas tombée sur le meilleur de la série. Pas sûr que je continue avec l'auteur.

    L'avis de Fanja Dasola Kathel Sandrion

    Keigo Higashino - Un café maison - 336 pages
    Traduit du japonais par Sophie Rèfle
    Babel noir - 2013

  • Bon dimanche

    "Which side are you on ?" est un chant de lutte, écrit par Florence Reece, femme d'un mineur syndicaliste américain impliqué dans le conflit social connu sous le nom de "Harlan county War". Il a été repris par les mineurs anglais engagés dans le combat contre le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher. Traduction des paroles ici

    Rosemary Standley et Dom La Nena
    La Philarmonie de Paris et la Maîtrise de Radio France

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    chanson