Le moment est venu de vous souhaiter une excellente année 2025, plus paisible que 2024 si possible, avec de belles découvertes et toujours des lectures et des échanges.
Le goût des livres - Page 5
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Meilleurs voeux
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Je lis donc je suis
Petit jeu traditionnel de fin d'année qui commence à circuler sur les blogs. Je m'y suis attelée et voici le résultat. Une question est restée sans réponse (la même tous les ans). C'est toujours amusant à faire, et parfois surprenant.
Décris-toi
La femme à la valiseComment te sens-tu ?
Jambes cassées, coeurs brisésDécris où tu vis actuellement
Plus bas dans la valléeSi tu pouvais aller où tu veux, ou irais-tu ?
HighlandsTon moyen de transport préféré
-----------Ton/ta meilleur(e) ami(e) est ...
Une femme sauvageToi et tes amis vous êtes ...
Les pariasComment est le temps ?
Dans l'oreille du cycloneQuel est ton moment préféré de la journée ?
Minuit sur le canal San BoldoQu'est la vie pour toi ?
Le festinTa peur ?
Les chiens de chasseQuel est le conseil que tu as à donner ?
Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiquesLa pensée du jour
Un monde à refaireComment aimerais-tu mourir ?
En eaux dangereusesLes conditions actuelles de ton âme ?
Le coeur à rire et à pleurerTon rêve ?
Les cyprès de PatmosA vous de continuer si vous en avez envie.
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Bon dimanche
Le brouillard ne se lève pas dehors, un brouillard plus symbolique règne dans pas mal d'esprits en cette fin d'année, nos médias cultivent surtout la peur et la noirceur, alors pour cette dernière vidéo de l'année j'ai choisi la légèreté et la joie. Quoi de mieux pour cela qu'un bon vieux Fred Astaire, virevoltant avec Ginger Rogers. Bonne fin d'année.
Crédit photo : Bettmann -
Joyeux Noël
Belles fêtes de Noël à toutes et tous !
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Pause
Je vous quitte une huitaine de jours, le temps d'une incursion dans les pays de Loire où les châteaux se mettent à briller de tous leurs feux et décorations de Noël. J'y suis allée il y a deux ans et en suis restée éblouie, je suis ravie d'y retourner (en priorité : Chenonceau, Cheverny, Villandry).
A bientôt et je vous souhaite d'ores et déjà d'excellentes fêtes de fin d'année.
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Mater Dolorosa
"Comment tu le sais ?"
Je le sais. Et toi aussi, tu sais qui l'a fait. "Je l'ai dit", pense Inès. Cela fait des semaines qu'on se tait, des semaines qu'on tourne autour du pot, qu'on esquive la vérité et qu'on change de thème. Cette fois elle l'a dit et elle attend l'éruption. Mais curieusement elle ne vient pas".Je suis fidèle à l'auteur depuis "L'eau rouge" et je me demandais si cette nouvelle parution allait être à la hauteur des précédentes. La réponse est oui, sans réserve.
L'histoire commence comme un polar et se joue principalement entre trois personnes, un policier, une mère, une fille. Nous savons très vite qui est le meurtrier, mais il reste hors champ et énigmatique. Ce n'est pas le sujet majeur du roman.
Ce qui intéresse l'auteur ici, ce sont les conséquences d'un meurtre sur les proches, de quelle manière une famille et un entourage sont impactés pour toujours.
Nous sommes à Split, ville de Croatie, à la fin de la période touristique où elle se vide brutalement et montre un aspect terne et sans vie. Tout ferme jusqu'à la prochaine saison.
C'est dans ce contexte qu'une jeune fille de dix-sept ans est retrouvée, tuée dans une usine désaffectée, vestige de l'époque communiste. L'enquête est confiée à Zvone, un jeune policier qui s'évertuera à découvrir la vérité, en dépit des obstacles. Zvone n'a pas une vie très gaie, il s'occupe de son "père-enfant", chez qui il habite, un homme amorphe qui ne s'est pas remis de la guerre en ex-Yougoslavie.
Ailleurs en ville, une famille va vite comprendre que le fils de la maison, Mario est mêlé à ce meurtre. Il s'agit d'Inès, la fille, qui travaille dans un hôtel touristique et de sa mère, Katja, la "Mater Dolorosa", qui trouve du réconfort en allant prier à l'église où elle est pourtant assez mal considérée.
A partir de là va se dérouler une partie serrée, aux enjeux cruciaux, entre rester fidèle à la famille ou choisir la justice. L'auteur excelle à entrer dans la psychologie de chaque personnage et décortiquer les relations intrafamiliales, faites essentiellement de non-dits.
Comme d'habitude chez l'auteur, l'arrière-fond politique et social est présent, avec la rupture de la guerre dont personne n'est vraiment remis. Les traumatismes sont là, les rancoeurs aussi, certains s'en sont très bien sortis.
Je me suis vite attachée au personnage d'Inès qui se débat entre culpabilité, colère, dégoût, envie que la vérité éclate, que son frère soit mis hors d'état de nuire et peur d'être celle qui va risquer de détruire la famille.
Katja, la mère, est une femme farouche, têtue, assez redoutable en fait et menant tout le monde là où elle veut. Ce n'est pas la première fois qu'un personnage de vieille femme se montre intraitable et écrasant chez l'auteur. Le poids des traditions ?
Le rythme du roman est lent et va en profondeur, faisant le tour de toutes les possibilités avec finesse. Le dénouement va-t'il être satisfaisant ? La morale sera-t'elle sauve ?
Je vous laisse le découvrir si vous en avez envie. De mon côté, je vais attendre le prochain roman avec impatience.
Sur le blog : La femme du deuxième étage - Le collectionneur de serpents
L'avis d'Alex
Pavičić Jurica - Mater Dolorosa - 416 pages
Traduit du croate par Olivier Lannuzel
Agullo Noir - 2024 -
Bon dimanche
Aujourd'hui ce sera Beethoven et je vous explique pourquoi. Cette ouverture m'est restée dans la tête depuis que j'ai vu le film "En fanfare" où elle est dirigée par un des personnages principaux.
Pourquoi ce morceau là précisément, je ne sais pas. En tout cas, je ne saurais trop vous conseiller d'aller voir le film, j'ai passé un excellent moment entre rires et émotion, sur fond de crise sociale, avec la musique omniprésente, à mon grand plaisir. Attention à la bande-annonce, elle en dit un peu trop.
Mes deux conseillères cinéma vous en parleront mieux que moi, Pascale ici et là - Dasola - Miriam
Metteur en scène : Emmanuel Courcol
Interprètes principaux : Benjamin Lavernhe - Pierre Lottin - Sarah Suco -
Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques
"Il rit, son piège se referme. "Rien d'autre que six ans pour coups et blessures envers un représentant des forces de l'ordre". Il me fixe d'un regard noir, avec la confiance d'un homme qui sait que le système tout entier est de son côté, un homme qui vient de me pousser à le supplier pour le compte de mon client. Je fais comme si je me sentais humilié. Parfois mieux vaut laisser s'amuser les idiots".
Justin Sykes est avocat commis d'office. ll a connu des temps plus brillants, dans un cabinet prestigieux, carrière ascendante assurée, rémunération à la hauteur, mais il a joué les lanceurs d'alerte et en a payé le prix. Il sait qu'il ne peut maintenant que végéter dans son rôle auprès des laissés pour compte en tous genres.
Il est assez surpris lorsqu'un truand en prison lui propose un deal. Il va donner des conseils une fois par semaine à des stripteaseuses, dans un club privé, pendant une heure. Il encaissera 1000 dollars, passera obligatoirement une nuit au motel d'en face et repartira le matin, sans poser de questions.
Apparemment rien d'illégal et il a besoin de cet argent, il ne roule pas sur l'or. Par ailleurs il en a assez des discussions de marchands de tapis pour négocier des peines auprès d'un procureur-adjoint idiot, lequel s'est mis en tête de se faire élire comme procureur, tout comme son père avant lui. Il sent que c'est louche, mais accepte quand même la proposition.
Quand l'auteur se focalise sur un milieu, on peut compter sur lui pour le dézinguer avec une bonne dose de cynisme et beaucoup de drôlerie. C'est encore le cas ici, où le système judiciaire américain est sur la sellette, avec ses marchandages, ses coups fourrés, sa mauvaise foi. Une comédie bien rodée.
Evidemment gagner 1000 dollars aussi facilement a quelques contreparties que Justin découvrira au fur et à mesure. Pris en tenaille entre des trafiquants et le procureur-adjoint pas si idiot que cela, il aura fort à faire pour se sortir d'un très mauvais pas.
Pas sûr que la morale soit sauve à la fin du roman, mais j'ai passé un bon moment, même si j'ai trouvé l'histoire un peu plus superficielle que mes lectures précédentes. Je m'attendais à plus de mordant.
Cette lecture me permet de participer au challenge "Monde ouvrier et Mondes du travail" chez Ingannmic
Sur le blog : Les tribulations d'un précaire - Arrêtez-moi là
Iain Levison - Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques - 240 pages
Traduit de l'anglais par Emmanuelle Aronson et Philippe Aronson
Editions Liana Levi - 2024 -
Bon dimanche
Crédit photo : Olivier Lalanne -
La famille Ruck
"On verra quand Carsten sera vieux. Il verra bien ce que ça fera quand tout le monde le trouvera superflu. Quand il ne comprendra plus les mots autour de lui. Quand tout le monde sera plongé dans un appareil dernier cri au lieu de le regarder en face. Quand il n'y aura plus de raison de se lever le matin, aucun projet agréable, rien, que des efforts ; quand chaque pas ne sera plus qu'un tâtonnement."
Dans un village de l'ex-Allemagne de l'Est, trois générations d'une même famille vont être contraintes de cohabiter pendant un mois : la grand-mère, le fils, la petite-fille.
Inge, la grand-mère a été hospitalisée suite à une chute. Si son fils s'était occupé des travaux à faire dans sa maison, ce ne serait pas arrivé pense-t'elle. La vieille femme est acariâtre, refuse absolument d'aller en maison de retraite, jugeant tout-à-fait normal que son fils, Carsten lui consacre du temps et s'occupe d'elle. Ça ne se discute pas.
Carsten, qui est loin de partager son point de vue et qui a pour habitude de fuir toute forme de responsabilité est tout de même coincé et pour ne pas partir tout seul, propose à sa fille ado, Lissa, de l'accompagner, lui faisant miroiter huit jours de vacances tranquilles et l'occasion de revoir sa grand-mère.
"Et pourquoi d'ailleurs devrait-il, à cinquante cinq ans, lutter encore avec sa mère ? La médecine a-t'elle pensé aux générations suivantes en décidant de laisser les vieux devenir encore plus vieux ? Les vieux le veulent-ils ?"
Lissa a quinze ans, vit à Berlin et tient un discours écolo radical. Elle se soucie de l'avenir de la planète, est vegan depuis peu et obsédée par la pollution et les excès de la société de consommation. Elle ne l'envoie pas dire avec des gants, ses réactions sont cash. Elle déteste les adultes qui font comme si tout allait bien, comme le nouveau compagnon de sa mère par exemple.
"Thomas Andreas Schmidt est un connard. Non pas parce que c'est l'ami de sa mère. Au contraire, loin de Lissa l'envie d'avoir Sabine pour elle toute seule. Plus sa mère est occupée, moins elle tape sur les nerfs de Lissa, et moins elle peut passer ses humeurs sur elle. Non, Thomas Andreas Schmidt est objectivement un connard. Il a peut-être l'air intelligent avec sa calvitie et ses lunettes rondes cerclées. Mais il ne l'est vraiment pas".
J'ai terminé ce roman il y a trois mois et si j'ai perdu de vue des détails, je suis encore imprégnée de l'atmosphère hostile qui règne entre ces trois personnes. Aucune n'est vraiment sympathique et pourtant j'ai fini par les apprécier, surtout Lissa qui essaie de trouver des moyens d'améliorer la situation, à sa manière.
Ce n'est pas un roman d'action, il ne se passe pas grand chose, mais j'ai aimé l'humour mordant omniprésent qui fait passer le côté plutôt désespérant de l'histoire.
Lissa découvre sous un autre jour le village où vit sa grand-mère, elle est observatrice et découvre de vieilles histoires soigneusement tues. Ses bévues mettent un peu la pagaille dans un quotidien immuable, au grand dam d'Inge qui tient à sa tranquillité.
Aucun des trois n'est doué pour le dialogue, ils se critiquent mutuellement, sans reconnaître leur part dans l'ambiance tendue qui s'est installée. On comprend mieux pourquoi le fils aîné, Jens, est parti jeune à l'étranger et ne veut plus entendre parler ni de sa mère, ni de son frère.
C'est la vie d'une famille comme il y en a tant, pétrie de malentendus, de conflits larvés, de mauvaise foi et de refus de faire la moindre concession. Carsten est le plus agaçant, toujours prêt à se dérober en prétextant un rendez-vous à Bruxelles pour son travail.
J'ai trouvé très juste la vision de la vieillesse à travers Inge, mais j'ai ri aussi de l'attitude de l'adolescente et de ses réactions au bazooka, ce qui n'empêche pas qu'elle retrouve parfois le côté perdu de la petite fille qu'elle est encore.
C'est bien écrit, bien raconté, les personnages secondaires ont également leur intérêt, surtout une certaine voisine.
Je m'attendais à ce que le passé du village qui se trouvait en Allemagne de l'Est soit davantage évoqué. C'est pourtant un changement qui n'a pas dû être évident pour Inge.
Au final, une bonne découverte et une jeune autrice à suivre.
Lecture commune avec Eva et Fanja
C'est ma participation de dernière minute aux Feuilles allemandes
Katja Schönherr - La famille Ruck - 352 pages
Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine
Editions Zoé - 2024