"Une ombre passa dans la tête d'Adrienne, qui murmura: "Tu as connu cela et tu m'envoies chez cette sorcière ?" Mais l'enfant n'avait pas atteint l'âge de l'indignation."
Je n'ai jamais été attirée par les romans d'Amélie Nothomb, mais je lis volontiers ses récits autobiographiques dont le style m'amuse et me touche à la fois, par sa manière directe d'aborder les évènements de sa vie avec un humour déconcertant.
Je me suis donc procuré le dernier en date, sans avoir rien lu ou entendu sur le sujet. J'ai mis un peu de temps à réaliser que dans celui-ci elle se mettait à la place sa mère, Adrienne, pour raconter une enfance particulière dans une famille d'une redoutable toxicité.
Le livre s'ouvre sur une scène de maltraitance ordinaire. Adrienne, 4 ans, a été confiée à sa grand-mère maternelle, qui lui fait manger au petit-déjeuner du hareng, accompagné de café au lait. Quand je dis manger, c'est jusqu'au bout, vomissement compris. Le ton est donné. Nous sommes en 1942, à Bruxelles, le contexte n'est pas des plus légers.
D'où l'explication du "tant mieux" utilisé comme un mantra par la fillette pour occulter l'ampleur du cauchemar où elle se retrouve à cause de l'inconséquence de ses parents.
Adrienne dresse un tableau de sa famille plutôt étrange, des parents violents entre eux, qui se trompent mutuellement sans se cacher, qui mènent en apparence la belle vie, alors que l'intérieur est plutôt un champ de ruines. La mère, Astrid, très jolie femme peut être aimante parfois, mais plus souvent froide et indifférente. Elle voulait des garçons, elle a eu trois filles et fait des différences cruelles entre elles.
Astrid a un problème avec les chats, gare à ceux qui croisent sa route. Ce secret sera percé par Adrienne, ajoutant encore à sa perplexité devant la conduite inexplicable des adultes.
Je ne me suis pas sentie à l'aise dans cette lecture, sans doute parce qu'Amélie ne parlait pas en son nom cette fois-ci, j'ai eu l'impression d'un décalage gênant qui ne fonctionnait pas. Par contre, j'ai retrouvé le ton et l'humour habituels dans le dernier quart du livre, où elle reprend pleinement sa place et relate ce qu'elle a pu comprendre de l'enfance de sa mère et des traumatismes transmis.
Elle a à coeur de répéter qu'elle aimait sa mère, malgré sa part d'ombre. C'est sûr que pour celle-ci, grandir entourée d'une telle famille laisse des traces profondes, difficiles à réparer complètement.
Je crois avoir bien saisi ce que voulait dire Amélie Nothomb de sa famille, en pensant constamment que, sans la façon de voir de l'autrice ce serait un récit d'une noirceur insupportable.
Une déception, ce n'était pas un livre pour moi.
L'avis de Géraldine
Amélie Nothomb - Tant mieux - 216 pages
Editions Albin Michel - 2025

Commentaires
en général je préfère aussi ses romans autobiographiques
Pareil pour les romans parlant d'elle ou sa famille, mais je n'ai pas lu ses derniers. Si j'ai bien compris dans les meilleures familles peuvent exister des horreurs.
Une autrice que j'apprécie et que je trouve si "naturelle" !
Il y a un moment que je souhaite acheter ce dernier roman ,je verrai mon ressenti...
Pour ta part déception...
Je comprends ce décalage gênant, et ça ne me donne pas envie d'aller lire ce livre... Bah, au moins, tu as du le lire rapidement !