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Policier - Page 2

  • Les masques éphémères

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    "Les moulins à prières tournent avec une extrême lenteur, mais ceux de la bureaucratie italienne sont capables d'atteindre une vitesse vertigineuse, selon la main qui les actionne. Dans le cas d'un avocat spécialisé dans le droit maritime, frère d'une marchese, lui-même proche d'un ou deux amiraux - dont l'un d'eux avait fait monter en grade le capitaine Alaimo -, demander une faveur à ce capitaine revenait à donner un ordre. C'est ainsi que l'on transmit l'appel du commissaire Guido Brunetti au capitaine, qui proposa de le recevoir l'après-midi même, si ce rendez-vous lui convenait. Ou le lendemain matin ? Aucun problème ! 11 heures ? Parfait."

    Trentième enquête du commissaire Brunetti, la cinquième pour moi, dans le désordre, ce qui n'a pas d'importance.

    Deux étudiantes Américaines ont été déposées en bateau devant l'hôpital par deux jeunes hommes qui ont pris la fuite. L'une d'elles est grièvement blessée. Brunetti est persuadé que les jeunes gens avaient quelque chose chose à cacher pour se sauver ainsi.

    Il va patiemment remonter la chaîne des évènements de cette nuit-là, arrêtant les suspects et mettant à jour progressivement un trafic nocturne des plus horribles, au bénéfice de certains bateliers.

    Brunetti fait équipe avec Claudia Griffoni, ce qui nous vaut un jeu de comparaisons vieilles comme le monde entre Venise et Naples. Paola, la femme du commissaire fait toujours aussi bien la cuisine, ses enfants sont maintenant de grands ados. Les deux suspects ont à peu près l'âge de son fils, Rafi, ce qui pousse Brunetti à se questionner aussi en tant que parent.

    Il doit faire appel à la Guardia Costiera pour l'aider, donnant lieu à des scènes angoissantes dans les canaux sombres de Venise la nuit.

    Si la Sérénissime a toujours autant d'importance dans l'histoire, cette fois-ci l'enquête est prenante, avec une tension qui monte inexorablement vers une fin qui a l'air de surprendre Brunetti lui-même. J'ai l'impression que nous en entendrons parler dans les prochains volumes.

    C'était un plaisir de retrouver le commissaire, son écoute bienveillante, sa pugnacité, son agacement devant le délitement de la société en général et de Venise en particulier. Malgré le côté noir des enquêtes, l'univers de Brunetti a quelque chose d'apaisant qui gagne la lectrice.

    L'avis d'Eimelle

    Merci à Masse Critique et à Babelio

    Donna Leon - Les masques éphémères - 342 pages
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Gabriella Zimmermann
    Calmann-Levy - 2022

  • Une famille presque normale

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    "Avant tout, j’étais en colère. Cela semble étrange, en tout cas maintenant, après-coup, mais je devais me trouver dans une phase de choc aiguë. J’avais mis l’angoisse et le chagrin en attente pour me concentrer sur ma survie, sur la survie de ma famille. J’allais nous sortir de là."

    Pour ma première participation au challenge "pavé de l'été" de Brize, j'ai choisi une lecture que j'associais aux vacances et aux pages tournées facilement, espérant un suspense qui me tiendrait en haleine un bon moment.

    Au final, je n'ai pas grand chose à en dire, si ce n'est que je me suis copieusement ennuyée. Je n'ai adhéré ni à l'histoire, ni aux personnages.

    Venons-en à l'histoire. Une jeune fille de 19 ans, Stella, est accusée d'avoir tué un trentenaire, brillant homme d'affaires (louches les affaires). Incarcérée, ses parents n'ont pas le droit de la voir, ni de lui parler. Apparemment la loi suédoise le permet.

    Trois narrateurs se succèdent : le père, Stella, la mère. Le déroulement du drame est donc repris trois fois, révélant des aspects différents et de nouveaux faits.

    Le père est plutôt possessif, il a une vision très lisse de sa fille, alors qu'il y a eu de multiples incidents dans l'enfance et l'adolescence de Stella. Pointilleux, se référant constamment à sa foi et à sa religion, il n'hésite cependant pas à mentir pour innocenter son enfant, alors même qu'il a de forts soupçons.

    Lorsque Stella prend le relais et sans trop de surprises, on se rend compte que le père se fourvoie complètement sur ce qu'est sa fille, sur ses fréquentations et ses faits et gestes. Stella apparaît comme une jeune assez déboussolée, prête à toutes les sottises, en compagnie de son amie de toujours, Amina. Elle avait une relation sexuelle avec la victime, tout en se défendant d'y mettre le moindre sentiment.

    La troisième narratrice, la mère, apporte de nouveaux éléments. Elle n'est pas plus claire que son mari. Brillante avocate, elle piétine elle-même la justice sans scrupule, pour cacher ce qu'elle sait et ce qu'elle a fait dans le passé et au présent.

    Le plus gênant est que je n'ai trouvé aucun protagoniste sympathique, les répétitions sont nombreuses, le style plat. En bref, le pavé a fait plouf. Je signale quand même que j'avais lu de nombreux avis positifs, je ne veux décourager personne.

    C'est une lecture commune avec Sandrion, j'ai hâte de voir ce qu'elle en a pensé.

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    Mattias Edvardsson - Une famille presque normale - 624 pages
    Traduit du suédois par Rémy Cassaigne
    Pocket - 2020

  • La guinguette à deux sous

    polar

    "Il se passait chez James un phénomène curieux, qui intéressa Maigret. A mesure qu'il buvait, son regard, au lieu de devenir plus trouble, comme c'est le cas de la plupart des gens, s'aiguisait, au contraire, arrivait à être tout pointu, d'une pénétration, d'une finesse inattendues."

    J'ai profité du mois belge d'Anne et Mina pour renouer avec le commissaire Maigret. Je les lisais en série dans ma jeunesse et j'avais envie de voir ce que j'en penserais aujourd'hui.

    Il fait chaud à Paris, Maigret doit rejoindre sa femme en vacances en Alsace. Il doit d'abord voir Lenoir, un condamné à mort qui va être exécuté. Celui-ci a accepté son sort, il a joué, il a perdu. Il confie au commissaire, que d'autres le mériteraient autant que lui et que pourtant ils s'en sortent bien. Il évoque un homme qu'il a vu jeter un cadavre à la Seine il y a 6 ans. Son ami Victor et lui ont fait chanter l'assassin pendant quelques années, puis il a disparu.

    Et voilà qu'il a revu l'homme il y a peu, à la guinguette à deux sous, sans préciser davantage où elle se trouve.

    Maigret cherche à la localiser, sans succès. C'est le hasard qui le mettra sur la route d'une joyeuse bande qui s'y retrouve régulièrement. Il se laisse embarquer dans une (fausse) noce le temps d'un week-end, au cours duquel un homme sera tué.

    Je n'ai pas trouvé l'intrigue très palpitante, plutôt embrouillée et lente ; le charme est ailleurs, dans la lourdeur, pour ne pas dire la torpeur où baigne Maigret. Le meurtre de l'homme l'oblige à révéler son identité de policier, qu'il avait volontairement laissée dans le flou.

    Il est question ici de couples adultères, de chantage, d'usurier, de règlements de compte et d'un curieux personnage de la bande, James, qui entraîne Maigret dans une taverne le soir. Il boit souvent plus que de raison, il sait qu'il a tort d'écouter cet individu soir après soir, mais il a du mal à réagir. James lui parle longuement de la guinguette à deux sous et des week-end où toute la bande se retrouvait.

    J'ai aimé la description d'un Paris disparu, à l'ambiance moins survoltée qu'aujourd'hui, sans téléphones portables, où tout prenait du temps (le livre a été écrit en 1931) Je ne me lancerai pas dans une relecture complète de Simenon, mais un Maigret de temps en temps ne serait pas pour me déplaire.

    Lecture commune avec Anne Ingannmic

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    Georges Simenon - La guinguette à deux sous - 192 pages
    Le Livre de Poche - 2005

  • Donbass

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    "Quant à savoir qui avait commencé, c'était une autre histoire, et même les observateurs étrangers de l'OSCE se gardaient de tirer de telles conclusions. Un obus tiré sur Avdiïvka pouvait être la réponse à un tir de mitrailleuse ukrainien ou à une roquette tirée une heure plus tôt depuis une autre position du front. A quoi bon, dès lors, accuser les uns ou les autres pour finalement se fâcher avec leurs employeurs occidentaux ou russes qui finançaient leur mission. Au lieu de cela, tout le monde continuait à parler de "cessez-le-feu fragile", passant par pertes et profits le million de personnes qui, selon les décomptes officiels, habitaient à moins de cinq kilomètres de part et d'autre de la ligne de front. La poursuite de ce conflit larvé convenait aussi bien à Kiev qu'aux rebelles et à leur parrain moscovite".

    Nous sommes en 2018, dans le Donbass, en guerre depuis déjà quatre ans. Le colonel Henrik Kavadze est chef de la police locale dans la petite ville d'Avdiïvka, côté Ukrainien, plus par hasard que par conviction. Il aurait pu aussi bien rester côté séparatiste où il habitait auparavant, dans la ville de Donetsk. Il est désabusé, revenu de tout, surtout depuis la mort accidentelle de sa fille unique, à 10 ans. Son couple n'a pas résisté à ce malheur et s'il vit encore sous le même toit que sa femme, ils n'ont plus rien à se dire. Par ailleurs ancien soldat en Afghanistan, il est régulièrement hanté parce qu'il a vu et fait là-bas, dans une autre guerre.

    La mort sauvage d'un enfant de six ans va le sortir de sa torpeur, il ne peut pas fermer les yeux et va enquêter, y compris contre sa propre hiérarchie.

    Si j'ai choisi ce roman policier à la bibiothèque, c'est bien sûr à cause du contexte actuel, pour essayer de comprendre un peu mieux ce qui se joue dans cette région du monde.

    L'intrigue policière se tient bien jusqu'où bout. Le colonel suit d'abord une piste liée à son passé en Afghanistan, puis une autre mettant en lumière la multitude de trafics qui se tiennent dans la région. L'enfant aurait-il vu ce qu'il ne devait pas voir ? Un deuxième meurtre va venir embrouiller un peu plus la situation.

    Mais ce n'est pas ce qui m'intéressait le plus. Nous sommes surtout plongés dans le quotidien de la guerre, dont plus personne ne sait pourquoi elle a vraiment commencé. Dans cette zone il ne reste plus guère que des grands-mères, tous les autres ont fui vers Kiev. La vie est rythmée par les explosions plus ou moins lointaines, les bombes ont fait des dégâts. La corruption est partout, du haut en bas de l'échelle sociale. Le chaos règne, les lendemains sont incertains, chacun se débrouille comme il peut.

    L'accent est mis sur le passé minier du Donbass, la fierté des mineurs de cette époque-là et leur déclassement après la chute de l'Union Soviétique. Ils regardent de travers leurs compatriotes de Kiev, trop tournés vers l'Occident et son style de vie. Chaque famille ou presque a des membres des deux côtés, d'où des déchirements constants.

    Lorsque le roman a été écrit, la situation pourrissait, nous connaissons aujourd'hui son évolution, ce qui a certainement modifié ma perception du livre. Je ne suis pas spécialiste en géopolitique, je ne me lance donc pas dans plus d'explications. Même si je le savais par les medias, j'ai été frappée par l'importance de la corruption et la présence des mafias.

    Le personnage du Colonel est attachant. Il est loin d'être un saint, mais il reste en lui une humanité qui lui permet de ne pas sombrer complètement et d'avoir encore le courage de lutter contre une injustice trop flagrante. Il décrit une situation bien plus nuancée que ce que nous entendons d'habitude.

    La forme du roman policier a correspondu à ce que je cherchais : comprendre un peu mieux la génèse du conflit, sans me perdre dans des analyses trop spécialisées.

    "Henrik, lui, avait seulement incliné le haut du corps et baissé la tête. Toujours le même refus de faire corps, la réticence à se joindre à la masse. Il connaissait trop bien les extrémités dont celle-ci était capable. Elles pouvaient être lumineuses, comme ce matin de mars où des centaines de têtes s'inclinaient devant un cercueil d'enfant, ou terribles. C'est la foule qui avait décidé de la guerre. La foule qui avait convoqué le vieux démon de la haine. Les frustrations et les rancœurs de chacun s'étaient mêlées, assemblées pour ne former plus qu'une colère sauvage, un amas de fureur."

    L'auteur, Benoît Vitkine est correspondant du Monde à Moscou, il a reçu le prix Albert Londres 2019 pour une série de reportages réalisés en Ukraine. "Donbass" est son premier roman.

    L'avis de Zazy

    Benoît Vitkine - Donbass - 282 pages
    Editions Les Arènes - 2020

  • Une pluie de septembre

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    "Tu crois que c'est comme ça qu'on répare le monde, dit-il ? Tout le monde se met en colère et reste en colère ? Je sais qu'on a tous le fantasme de dire aux gens qui nous ont fait souffrir à quel point ils nous ont fait souffrir, mais la plupart du temps, ils ne le regrettent même pas, alors c'est quoi la solution ? Tu comptes juste rester en rogne pour le restant de tes jours ?"

    Voilà un premier roman qui frappe fort. Nous sommes dans une petite bourgade du Colorado, refermée sur elle-même, dominée par une communauté religieuse intolérante et étouffante.

    Après une soirée très arrosée, Abigail Blake, 17 ans, disparaît dans la forêt des Tall Bones. Les rumeurs vont bon train, d'autant plus qu'Abigail fait partie d'une famille dysfonctionnelle méprisée par le reste des habitants.

    On retrouve une trame assez utilisée ces dernières années, une famille qui vit à l'écart en bord de forêt, un père violent revenu détruit de la guerre au Vietnam, une mère passive qui laisse faire, trois enfants qui vivent en permanence dans la peur et le rejet des autres.

    Plusieurs personnages vont prendre la parole alternativement, nous faisant entrer peu à peu dans le détail de ce qui a pu se passer, au présent et au passé. Chaque narrateur a quelque chose à cacher, plus ou moins grave. La police patauge, aucun corps n'est retrouvé, laissant un doute lancinant sur la présence d'un meurtrier au sein du village.

    Dès le début du roman, l'autrice sait installer une tension qui va aller crescendo. La jeune Emma, seule véritable amie d'Abigail, se met en tête de trouver ce qui s'est passé. Elle est écrasée de culpabilité à l'idée qu'elle a laissé Abigail s'en aller ce soir-là alors qu'elle aurait pu l'aider.

    C'est une lecture très addictive, qui ne se lâche pas. Je me suis attachée rapidement à certains personnages, Emma, mal vue parce que latino, les frères d'Abigail, tellement éprouvés, Hunter, un jeune homme qui en sait plus qu'on ne le pense et ne sait pas quoi en faire. La violence du père d'Abigail est terrifiante, la passivité de sa femme, indifférente à la souffrance de ses enfants tout autant.

    Tout le monde prie avec constance, pour un oui ou pour un non, ce qui n'empêche pas de se conduire avec une terrible inhumanité, pasteur en tête.

    L'intrigue est fort bien construite, riche en rebondissements et en changements de direction et les personnages sont suffisamment étoffés pour que l'on s'y laisse prendre.

    Un premier roman très prometteur, une autrice à suivre.

    "Née en 1995, Anna Bailey a grandi en Angleterre avant de rejoindre une petite communauté religieuse suffocante du Colorado. Elle en est revenue très vite."

    Anna Bailey - Une pluie de septembre - 408 pages
    Traduit de l'anglais par Héloïse Esquié
    Sonatine - 2021

  • L'eau rouge

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    "Tous deux vivent avec la ferme conviction que, s'ils se tiennent à distance des problèmes, les problèmes garderont leurs distances vis-à-vis d'eux".

    L'histoire commence en 1989, à Misto, petit port sur la côte dalmate, non loin de Split. Jakov et Vesna mènent une vie sans histoire avec leurs deux enfants, deux jumeaux Mate et Silva.

    Lorsque Silva, 17 ans, leur annonce qu'elle sort, ils ne relèvent pas la tête, sans savoir qu'ils ne la reverront pas. Elle disparaît sans laisser de trace. C'est une fille joyeuse, remuante, elle se rendait à la fête des pêcheurs, comme tout le village.

    Les policiers débarquent et commencent à enquêter. Qu'a-t'il pu se passer durant la soirée ? Certains l'ont vue, d'autres taisent ce qu'ils savent. Vesna est folle d'inquiétude et pousse Jakov et Mate à mener l'enquête de leur côté. Elle n'a pas confiance dans la police.

    Chaque chapitre est consacré à un personnage, ce qui nous permet de suivre les pensées des uns et des autres, leur désespoir, leur loyauté envers Silva, même si ce que le père et le frère découvrent est loin de correspondre à l'idée qu'ils se faisaient de la jeune fille.

    Je dirais que c'est plus un roman noir qu'un polar. Certes l'histoire se déploie autour de la disparition de Silva, mais il y a aussi les états d'âme de l'enquêteur, la stupéfaction de tous lorsque la guerre éclate, faisant exploser le pays qu'ils connaissaient.

    Les années de guerre passent, façonnant un pays tout différent, la Croatie. Jakov et Mate reprennent leurs recherches, même si Mate s'est marié entre temps. Le couple de Jakov et Vesna n'a pas résisté à cette quête sans fin. Il n'y a pas que la famille qui continue à s'interroger. L'enquêteur a été empêché de continuer ses investigations en 1989, il n'était pas dans la bonne ligne politique. Il reprend le dossier sous une autre casquette, n'étant plus policier.

    J'ai été captivée par ce roman à l'intrigue solide, bien construit, avec comme toile de fond la guerre et ses destructions et lorsqu'elle est finie, les ravages dûs à l'argent facile. Le petit port de pêche fait l'objet comme bien d'autres de projets touristiques mirifiques qui détruisent tout un mode de vie et un paysage, mais auxquels bien peu résistent.

    J'ai apprécié également l'habileté avec laquelle l'auteur nous mène dans de fausses directions, révélant petit à petit des facettes de Silva et un dénouement loin de ce que l'on pouvait envisager au départ.

    Un auteur que je relirai sans hésiter.

    L'avis d'Alex

    Jurica Pavicic - L'eau rouge - 358 pages
    Traduit du croate par Olivier Lannuzel
    Agullo - 2021