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  • Soixante printemps en hiver

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    Aujourd'hui, Josy a soixante ans. Son mari et ses deux enfants s'apprêtent à fêter son anniversaire, comme d'habitude. Ce qu'ils ne savent pas encore, c'est que Josy a décidé de partir, de quitter mari et maison.

    Son couple n'en est plus un à ses yeux depuis longtemps, sa vie a pris une tournure qui ne lui convient pas du tout, elle s'est perdue elle-même de vue dans une routine sans intérêt.

    Elle part dans un van à peine aménagé, droit devant elle, sans but particulier, accablée de reproches par une famille qui voit là un caprice, sans lui poser la moindre question sur son mal-être et ses motivations profondes.

    Le hasard fait qu'elle s'installe auprès de la caravane de Camélia, maman d'un adorable petit Tom. Camélia est une jeune femme dynamique, combative, qui ne se laisse pas facilement intimider. Son aide et son soutien seront précieux pour Josy.

    Et puis il y a la rencontre avec le club des Vilaines Libérées où elle va découvrir une certaine solidarité féminine dont elle a bien besoin. Elle y fait la connaissance de Christine, qui va jouer un rôle inattendu dans sa nouvelle existence.

    Mais prendre sa liberté après une vie aux services des autres n'est pas si facile. Josy est déchirée entre son besoin d'indépendance et le discours culpabilisateur de sa famille qui la harcèle pour qu'elle revienne. Elle doute du bien-fondé de sa décision. Se sacrifiera-t'elle une nouvelle fois pour eux ou osera-t'elle aller au bout de sa démarche ?

    Un album qui me séduit à la fois par le graphisme et l'histoire, ce n'est pas si fréquent. L'histoire de Josy est pleine d'émotions, d'anxiété, d'incertitudes, de tendresse aussi et tournée vers un avenir plus vivant. Elle est attachante dans sa soudaine hardiesse ou son accablement devant ce qu'elle a déclenché.

    Les dessins sont beaux, dans des couleurs douces, l'âge de Josy n'est pas montré comme une catastrophe, mais plutôt comme l'opportunité de commencer une nouvelle tranche de vie, plus en harmonie avec ce qu'elle est devenue.

    Un album sensible et émouvant.

    L'avis de Cathulu Noukette

    Ingrid Chabbert - Aimée De Jongh - Soixante printemps en hiver - 160 pages
    Editions Dupuis - 2022

  • Les survivants

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    "Les frères avaient reçu une éducation propre à un milieu social supérieur, mais dans des conditions d’existence inférieures au minimum vital, en quelque sorte. Élevés comme des aristocrates, dressés à toujours se tenir droits comme des i, à faire leur prière avant chaque repas et à serrer la main de papa et de maman avant de quitter la table. Mais il n’y avait pas d’argent, ou plutôt on dépensait très peu d’argent pour les enfants"

    Ce premier roman d'un auteur suédois m'a laissée assez perplexe. Trois frères, Nils, Benjamin et Pierre, reviennent sur les lieux de leur enfance répandre les cendres de leur mère qui vient de mourir.

    La narration est assez complexe, avec des retours en arrière répétitifs, pas toujours faciles à suivre et des redites qui alourdissent  l'histoire. Nous comprenons très vite qu'un drame est survenu pendant l'enfance, mais il faudra attendre la fin du livre pour comprendre lequel.

    Ce jour qui devrait les réunir et les rapprocher les voit s'affronter assez violemment, surtout l'aîné et le dernier. Benjamin cherche comme toujours à calmer les tensions et à comprendre ce qui a pu leur arriver à tous les trois pour qu'ils en soient là.

    Sa mémoire est comme un puzzle dont il essaie de rassembler les morceaux. Il décrit une famille dysfonctionnelle, des parents abusant nettement de l'alcool, les trois frères se débrouillant comme ils peuvent, avec cependant des moments de partage et de joie. Isolés du monde, en bordure de forêt et de lac, ce pourrait être une vie idyllique.

    L'atmosphère est pourtant étouffante, le père pique de violentes colères, la mère est souvent froide et lointaine. Seule sa chienne a son entière affection. L'aîné, Nils, se tient à l'écart de cette "famille de dingues".

    Adultes, les frères ne se côtoient pas beaucoup et parlent encore moins de ce qui a pu les détruire dans le passé. Benjamin ne s'explique pas le silence de ses frères sur certains souvenirs, pourquoi ne lui ont-ils jamais tendu la main ?

    Je n'ai pas vu venir la nature du drame, alors que j'avais été effleurée par un soupçon pendant ma lecture. Si quelques pans du passé s'éclairent, d'autres restent dans l'ombre et je ne suis pas sûre que les relations soient meilleures après entre les frères.

    Une lecture qui laisse une impression de malaise, et qui tourne un peu trop en rond.

    L'avis de Luocine

    Alex Schulman - Les survivants - 304 pages
    Traduit du suédois par Anne Karila
    Albin-Michel - 2022

  • Les jardiniers

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    "J'ignore si vous avez entendu ce cri que la femme a poussé, une Anglaise, un cri aigu, perçant, comme seules les Anglaises savent en produire. J'ai moi-même entendu ce cri, depuis mon balcon où j'étais allongée dans ma chaise longue, ces chaises longues qu'ils ont ici sont tout simplement des modèles de confort. Mais du mari rien, pas un mot. On se méfie lorsqu'on entend une femme crier dans un hôtel, surtout un hôtel comme celui-ci, irréprochable à tous égards. Aussi ai-je tendu l'oreille, sans pour autant me lever, ce qui me prend un certain temps comme à vous je suppose, ni vous ni moi ne nous levons plus d'un bond, n'est-ce-pas, l'époque où nous nous relevions d'un bond de nos sièges est révolue, bel et bien révolue, cela va sans dire".

    Véronique Bizot est douée pour créer une atmosphère étrange, en apparence banale mais où l'on sent poindre quelque chose de moins innocent. Le ton, distancié et souvent caustique est savoureux, il n'y a plus qu'à attendre la chute, absurde ou féroce, c'est selon.

    Pourtant, dans ces sept nouvelles nous sommes entre gens bien. Ce qui n'empêche pas les petites ou grandes vengeances de mijoter doucement, mais sûrement. Comme par exemple dans "la femme de Georges" où un narrateur observe une piscine en contrebas, sans que nous comprenions le lien entre les occupants. La chute est glaçante.

    Quant à la jeune mariée anglaise de l'extrait, si elle crie autant, c'est qu'elle affirme avoir vu des rats en entrant dans sa chambre. Des rats dans un hôtel de luxe ! Est-ce vrai, est-ce inventé ? Et dans quel but ?

    Dans la première nouvelle, une soeur se venge de son frère absent depuis trop longtemps en transformant le jardin de la propriété. Lorsqu'il rentre enfin, la jungle qu'il avait laissée volontairement prospérer a été transformée en jardin au cordeau, fleuri et domestiqué à outrance. Les jardiniers qui y travaillent tous les jours narguent le narrateur exaspéré.

    Et que dire de ce beau-père tout juste arrivé d'Arménie dans une tour de luxe parisienne. Le temps que son gendre tourne le dos, il a disparu, défenestré. Comment l'annoncer à sa fille, à l'étranger pour son travail, comme toujours. Le narrateur préfère ramener le corps du beau-père en Arménie et l'enterrer à la va-vite.

    Des narrations simples, mais décalées, des phrases longues, des petites digressions, je n'ai jamais été déçue par un texte de l'autrice, que ce soit les nouvelles ou les romans. J'en ai encore quelques uns à découvrir.

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    Véronique Bizot - Les jardiniers - 112 pages
    Actes Sud - 2008

  • Les gens des collines

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    "Elle hocha la tête et lui serra  la main. Habituée depuis longtemps aux manières des hommes, elle maintenait un régime d'exercice quotidien pour renforcer sa poigne. Sans surprise, Knox se mit immédiatement à lui pressurer la main pour démontrer sa virilité. Linda riposta en serrant plus fort, sentant la tension des muscles bandés de son avant-bras. Il relâcha sa main comme un chien qui roule sur le dos pour montrer son ventre et elle sut qu'il lui en voudrait toute sa vie."

    Linda vient d'être nommée shérif d'une petite ville du Kentucky. Peinant encore à se faire respecter à ce poste en tant que femme, elle sait qu'il ne faut pas qu'elle traîne à élucider le meurtre d'une jeune femme que tout le monde aimait.

    Pour l'aider, elle fait appel à son frère, tout juste rentré au pays après des mois d'absence. Mick est enquêteur au sein de l'armée depuis des années, il est rompu aux techniques d'interrogatoires. Il a connu l'Irak, l'Afghanistan, la Syrie et dans ce coin de terre où les généalogies familiales sont importantes, sa présence sera acceptée, ou du moins tolérée.

    Il est officieusement l'adjoint de sa soeur, n'en déplaise au jeunot du FBI qui est dépêché sur les lieux pour mettre des bâtons dans les roues de Linda par le potentat local.

    Si Mick est revenu au pays, c'est parce que son mariage avec Peggy bat de l'aile. A force de l'attendre des mois durant et de le voir repartir longtemps, leur union s'est effritée et il se peut même qu'elle soit terminée, ce qui conduit Mick dans un premier temps à se saoûler copieusement dans la cabane de son grand-père.

    Si l'enquête en elle-même n'a rien d'exceptionnel, j'ai beaucoup aimé l'ambiance du roman, avec ces gens taiseux, qui ne sortent de leurs maisons qu'avec une arme, ont l'habitude de faire justice entre eux et cachent farouchement des secrets bien enfouis.

    Mick progresse entre l'enquête et ses problèmes avec Peggy, c'est un personnage attachant, conscient de ses lacunes et de ses forces, contraint de faire un bilan de la vie qu'il a menée jusqu'ici. Sa relation avec sa soeur Linda est tantôt tendue, tantôt pleine de tendresse bourrue.

    La présence de la nature apporte une touche de poésie à la vie rude de ce coin des Appalaches.

    Il semblerait que ce soit le premier volet d'une trilogie avec Mick. Je m'en réjouis.

    Chris Offutt - Les gens des collines - 240 pages
    Traduit de l'américain par Anatole Pons-Remaux
    Gallmeister - 2022

  • Une famille presque normale

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    "Avant tout, j’étais en colère. Cela semble étrange, en tout cas maintenant, après-coup, mais je devais me trouver dans une phase de choc aiguë. J’avais mis l’angoisse et le chagrin en attente pour me concentrer sur ma survie, sur la survie de ma famille. J’allais nous sortir de là."

    Pour ma première participation au challenge "pavé de l'été" de Brize, j'ai choisi une lecture que j'associais aux vacances et aux pages tournées facilement, espérant un suspense qui me tiendrait en haleine un bon moment.

    Au final, je n'ai pas grand chose à en dire, si ce n'est que je me suis copieusement ennuyée. Je n'ai adhéré ni à l'histoire, ni aux personnages.

    Venons-en à l'histoire. Une jeune fille de 19 ans, Stella, est accusée d'avoir tué un trentenaire, brillant homme d'affaires (louches les affaires). Incarcérée, ses parents n'ont pas le droit de la voir, ni de lui parler. Apparemment la loi suédoise le permet.

    Trois narrateurs se succèdent : le père, Stella, la mère. Le déroulement du drame est donc repris trois fois, révélant des aspects différents et de nouveaux faits.

    Le père est plutôt possessif, il a une vision très lisse de sa fille, alors qu'il y a eu de multiples incidents dans l'enfance et l'adolescence de Stella. Pointilleux, se référant constamment à sa foi et à sa religion, il n'hésite cependant pas à mentir pour innocenter son enfant, alors même qu'il a de forts soupçons.

    Lorsque Stella prend le relais et sans trop de surprises, on se rend compte que le père se fourvoie complètement sur ce qu'est sa fille, sur ses fréquentations et ses faits et gestes. Stella apparaît comme une jeune assez déboussolée, prête à toutes les sottises, en compagnie de son amie de toujours, Amina. Elle avait une relation sexuelle avec la victime, tout en se défendant d'y mettre le moindre sentiment.

    La troisième narratrice, la mère, apporte de nouveaux éléments. Elle n'est pas plus claire que son mari. Brillante avocate, elle piétine elle-même la justice sans scrupule, pour cacher ce qu'elle sait et ce qu'elle a fait dans le passé et au présent.

    Le plus gênant est que je n'ai trouvé aucun protagoniste sympathique, les répétitions sont nombreuses, le style plat. En bref, le pavé a fait plouf. Je signale quand même que j'avais lu de nombreux avis positifs, je ne veux décourager personne.

    C'est une lecture commune avec Sandrion, j'ai hâte de voir ce qu'elle en a pensé.

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    Mattias Edvardsson - Une famille presque normale - 624 pages
    Traduit du suédois par Rémy Cassaigne
    Pocket - 2020

  • Bon dimanche

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