"Elle fut surprise d'avoir eu cette pensée. Comme si celle-ci avait enfin osé faire surface. Il n'était effectivement pas écrit dans le Code civil suédois que Lisbeth Cederström devait fêter Noël chez ses parents à Göterborg. Ce n'était ni gravé sur les tables de la loi tel un onzième commandement, ni une loi de la nature du style le printemps succède à l'hiver. Non, il s'agissait plutôt d'un phénomène qui s'était enraciné par la répétition, l'habitude et l'absence de remise en question".
Pendant les fêtes j'ai voulu lire léger, oublier un peu tous les malheurs du monde et autres histoires sombres dont la littérature est pleine.
J'ai extirpé ce roman là de mes piles. Acheté à cause de sa couverture (oui il m'arrive d'être aussi superficielle ..) je n'avais même pas remarqué qu'il se passait à la période de Noël. J'avais seulement en tête d'excellents billets sur "Les oreilles de Buster" de cette autrice.
Lisbeth est une jeune femme de 42 ans ; institutrice, elle aime son métier, a réussi à s'acheter une petite maison en bord de mer et est plutôt contente de son sort, malgré la blessure d'une rupture récente. Son petit ami l'a jetée comme une vieille chaussette, pour une fiancée plus digne de sa famille (comprenez classe sociale élevée).
Et voilà que tout se détraque. Sa meilleure amie au village a de gros soucis avec sa fille, son ex sonne sans prévenir à sa porte, lassé de sa nouvelle conquête et prêt à renouer avec cette brave Lisbeth. Sa directrice à l'école lui annonce qu'elle lui retire des heures pour les confier à un ancien champion de ski et la plomberie de sa maison nécessite de gros travaux.
Par ailleurs, comme d'habitude, elle doit aller fêter Noël chez ses parents, avec sa soeur, médecin, mariée et enceinte de son quatrième enfant. Parfaite la soeur. Elle va encore passer pour la pauvre fille de la famille.
A ce stade de la lecture, on a un peu pitié de Lisbeth, qui se laisse marcher dessus un peu trop facilement et on ne donne pas cher de son Noël. Et pourtant, la voilà qui sous le coup de la colère lâche un mensonge censé lui conserver ses heures de cours, mensonge qui l'entraîne dans les Alpes avec ses élèves, la directrice et le champion, pour un stage où elle devra elle-même faire ses preuves en ski.
Complètement paniquée, ne voulant pas faire marche arrière, elle monte un subterfuge osé, avec la complicité du médecin du village et de son amie.
J'ai craint le feel-good trop sucré, c'est un peu ça, mais l'histoire est pétillante, les personnages attachants, l'humour constant et j'ai souri aux nombreux rebondissements. Lisbeth passe de fille un peu gourde et malléable à jeune femme sûre d'elle et de ses talents ; elle se rend compte que ce n'est pas si difficile de mentir et de faire marcher l'entourage qui l'a blessée. Son mensonge lui donne curieusement la confiance en elle dont elle manque. Pas dupe, elle n'en est pas très fière.
Elle a souvent des sueurs froides Lisbeth, mais voir s'effriter la superbe de sa soeur par exemple est assez réjouissant, sans parler de celle de son ex. Ce sera l'occasion de repartir sur des relations plus sincères et authentiques. Et je ne dis rien d'un certain plombier providentiel, qui va bouleverser son quotidien.
Ce qui est sympathique dans ce roman, ce sont les préparatifs de Noël dans un village de Suède, respectueux des traditions. Avec la neige, les décorations, les bougies, les brioches au safran, je me suis sentie bien au chaud et à l'abri.
Je ne suis pas sûre de récidiver avec l'autrice, mais ce roman a rempli son rôle de distraction agréable à un moment où j'en avais besoin.
L'avis d'Alex
Maria Ernestam - Jambes cassées, coeurs brisés - 352 pages
Traduit du suédois par Anne Karila
Babel - 2022