Pause du mois de juin. Retour vers les montagnes jusqu'à début juillet. Si vous me suivez sur FB il y aura quelques photos. Bonnes lectures. A bientôt.
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Bon dimanche
et une version danse proposée par Colo :
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Une fenêtre sur l'Hudson
"De nouveau, elle eut du mal à concilier la réalité avec le souvenir qu'elle gardait d'Isaac. Depuis un an, chaque fois qu'elle avait un problème avec Benjamin, elle se disait : "Isaac n'aurait pas fait ça" ou "Isaac n'était pas comme ça". En tant que figure du passé, il était extrêmement coopératif. Mais aujourd'hui, alors qu'il se tenait à quelques mètres d'elle, Nora ne se remémorait que trop bien tous ces moments où il avait refusé de se plier à ses désirs, où ils ne s'étaient pas compris."
Nora, jeune romancière prometteuse est dans un creux de vague. L'inspiration la quitte, elle n'écrit plus que des textes publicitaires ou autre travail utilitaire. Sa vie avec Benjamin ne la satisfait pas et elle pense de plus en plus à Isaac qu'elle a quitté cinq ans auparavant, lui prêtant toutes les qualités.
Si Nora a perdu l'inspiration, c'est qu'elle s'interdit d'écrire sur ses proches depuis qu'elle s'est fâchée avec plusieurs d'entre eux. C'est une jeune femme sympathique, soucieuse d'autrui, empathique, qui aime sincèrement les autres, mais quand elle prend la plume, elle devient horrible, dévoilant leurs pires défauts et leurs faiblesses. C'est plus fort qu'elle, c'est là qu'elle déploie tout son talent et qu'elle a du succès.
Un soir de déprime, elle contacte Isaac, désireuse de le revoir et de vérifier s'il est bien tel que dans son souvenir. De son côté Isaac, ne veut pas lui avouer qu'il n'a plus rien du jeune homme idéaliste qu'elle a connu, persuadé qu'il serait l'un des meilleurs photographes de son époque. Après un petit succès d'estime qui a fait pschitt, Il a accepté un travail de bureau, et en fait, il n'a même plus plaisir à photographier. Il se contente de soutenir de plus jeunes que lui, notamment Renée, qui le surpasse.
Isaac est resté subjugué par Nora qu'il considère comme la femme de sa vie. Nora retombe amoureuse de lui, se condamnant du même coup à ne pas reprendre l'écriture. Isaac ne supporterait probablement pas d'être mis en pièces dans une nouvelle.
Sur cette trame légère, le roman s'avère plus profond qu'il n'y paraît. Ce qui ne m'étonne pas de l'auteur de "La vie selon Florence Gordon". Les personnages sont attachants, bien décrits, avec humour. La deuxième moitié devient plus grave avec la tante de Nora, Billie, qui a eu une grande importance dans sa vie. Billie est très malade et Nora décide de l'accompagner jusqu'au bout.
Nora est parfois exaspérante dans ses valses-hésitation entre l'absolue nécessité d'écrire et la certitude de blesser quelqu'un, mais c'est difficile de lui en vouloir, tant elle est capable aussi de générosité, de dévouement et d'amour.
Nora a-t'elle eu raison de revoir Isaac ? Pourra-t'elle malgré tout se remettre à écrire ? J'ai oublié de préciser que tout ceci se déroule à New-York.
Une lecture-détente tout-à-fait honorable.
Brian Morton - Une fenêtre sur l'Hudson - 313 pages
Traduit de l'américain par Isabelle Maillet
10/18 - 2008