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Rechercher : le café sans nom

  • Darwyne

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    "Darwyne, il s'y connait en beaux-pères. Il lui semble, même, que sa vie d'enfant a été rythmée par ça, par le passage des hommes de la mère dans leur petit carbet. Il ne se souvient pas des noms, ou plutôt il n'a pas envie de s'en souvenir, alors dans sa tête, il leur a donné des numéros : beau-père un, beau-père deux, beau-père trois... "

    Je voulais découvrir Colin Niel depuis longtemps. Voilà qui est fait, avec le dernier roman paru, Darwyne, grâce au billet enthousiaste de Une Comète.

    Darwyne est un petit garçon de 10 ans, affligé d'une malformation des pieds et de bien d'autres défauts d'après sa mère, Yolanda. Nous sommes sans doute en Guyane, en lisière d'Amazonie, parmi les plus pauvres et les plus démunis.

    Yolanda se démène pour que son fils soit bien élevé et apprenne bien à l'école. Elle l'élève seule, avec l'apparition régulière d'hommes qui ne font que passer. Darwyne n'aime pas ces beaux-pères qu'il désigne par des numéros. Il préfère avoir sa mère pour lui tout seul.

    Quand l'histoire commence, nous en sommes au numéro huit et l'enfant pressent que ça se passera comme d'habitude, à savoir mal. Ils habitent une sorte de bidonville, un petit carbet rafistolé de bric et de broc, à la merci du moindre coup de vent.

    Darwyne est un enfant un peu étrange, fasciné par la forêt qu'il semble comprendre parfaitement. Il ne peut s'empêcher d'y faire des incursions tout seul, la nuit, malgré l'interdiction de Yolanda.

    La famille a été signalée anonymement aux services sociaux comme posant problème, raison pour laquelle Mathurine, assistante sociale, leur rend visite pour une évaluation. Mathurine est une femme encore jeune, mais tourmentée par le manque d'enfant, elle a décidé d'en faire un seule. Elle se rend régulièrement en Europe pour des tentatives de PMA.

    Pour elle, la situation est claire, Yolanda s'occupe au mieux de son enfant, la dénonciation est calomnieuse. Mais Mathurine partage avec Darwyne la passion de la forêt, de sa faune et de sa flore. Intriguée par l'aisance de l'enfant dans cet univers, elle pousse l'investigation plus loin.

    Sur cette trame se développe une histoire de plus en plus intrigante et addictive. Des questionnements sont soulevés de tous côtés. Yolande n'est peut-être pas la mère dévouée qu'elle semble être. Darwyne cache peut-être de profonds secrets inavouables. Et le dernier beau-père en date, que pense-t'il de tout cela ?

    J'oublie un autre personnage omniprésent, la forêt, où se joue le principal du roman. Organisme vivant, avec ses propres réactions, subissant le changement climatique assez visible dans ces contrées et abîmée par les hommes.

    L'auteur distille lentement de nouveaux éléments qui nous mettent la puce à l'oreille et nous font redouter le pire pour Darwyne, pauvre petit pian dégueulasse (dixit la mère).

    Il faut accepter une part de fantastique dans cette histoire ; je ne l'ai pas trouvée gênante, elle s'intègre bien au reste.

    Au final, un roman noir puissant (très noir) et un enfant particulier qui imprime la rétine.

    Le billet de Athalie Sandrine Une Comète

    Colin Niel - Darwyne - 288 pages
    Le Rouergue noir - 2022

  • Incandescences

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    "Sa grand-tante était née sur cette terre-là, y avait vécu huit décennies, et la connaissait aussi bien qu'elle connaissait son mari et ses enfants. Voilà ce qu'elle avait toujours soutenu, et elle était capable de vous annoncer à la semaine près quand la première feuille de cornouiller illuminerait la crête, la première mûre serait assez noire et ronde pour être cueillie. Puis son esprit s'était égaré en un lieu où elle n'avait pu le suivre, emportant avec lui tous les gens de son entourage, leurs noms et les liens qui les unissaient, s'ils vivaient encore ou s'ils étaient morts. Mais son corps s'était attardé, dépouillé d'un être intime, aussi vide qu'une carapace de cigale".

    Je n'avais pas lu l'auteur depuis trop longtemps et j'ai profité du challenge "Bonnes nouvelles" pour renouer avec lui.

    J'ai retrouvé dans ses douze nouvelles tout ce qui m'a plu dans les romans. Le style est puissant, les personnages marquants. Les histoires se déroulent dans les Appalaches, de la guerre de Sécession à nos jours. Il y est  beaucoup question de misère, de conditions de vie dégradées, d'addictions diverses.

    La nouvelle qui m'a le plus touchée est sans conteste "l'envol", l'histoire d'un pauvre gosse, qui découvre par hasard un avion qui s'est crasché et qui s'invente toute une histoire en montant à bord. Son imagination est débordante et lui fait oublier ses parents, tous deux accros aux méthamphétamines. A part la drogue et la manière de s'en procurer, rien ne compte plus vraiment pour eux. La fin de cette nouvelle fend le coeur.

    Il y a aussi "les temps difficiles", autre exemple de pauvreté. Des oeufs disparaissent d'un poulailler. Un vieux couple se dispute autour de ces disparitions, jusqu'au jour où l'homme comprend se qui se passe vraiment.

    Dans une autre nouvelle, une jeune femme enceinte va devoir faire face à un soldat du camp adverse. Elle est seule, elle sait ce qu'il veut et elle va faire face avec sang-froid.

    Ailleurs, ce sont des tombes de soldats confédérés qui sont fouillées. S'ils ont gardé leur ceinture, les boucles se négocient assez cher.

    Les personnages sont souvent confrontés à une certaine solitude, isolés géographiquement, habitués à se débrouiller avec peu de moyens. Pourtant, des gestes d'humanité surgissent, une solidarité de voisinage aussi.

    Ces douze nouvelles nous font toucher du doigt l'éventail des réactions humaines dans des situations d'extrême dénuement, dans un monde rural encore imprégné de vieilles croyances. Tout le talent de l'auteur est de nous faire aimer les personnages, même les moins recommandables parfois.

    Une excellente lecture.

    L'avis de Ingannmic Kathel Sandrion

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    Ron Rash - Incandescences - 208 pages
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez
    Seuil - 2015

  • Highlands

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    "Sans aucun contrôle sur mon esprit, je ne peux que ressasser cette dernière séquence passée dans notre salon avec toi, mon impitoyable chérie, une matinée entière à nous déchirer à grands coups de griffes et de vérités douloureuses. Trois heures terribles où chaque mot qui sortait de nos bouches en appelait un autre pire encore, dans une sorte de courbe exponentielle, typique de ces embuscades de couple."

    Les blogueuses les plus anciennes se souviennent certainement du " Saut oblique de la truite". C'était il y a dix ans et c'est le temps qu'il a fallu pour que l'auteur nous offre un nouveau roman, cette fois-ci illustré de ses tableaux puisqu'il est également peintre, sous le nom de Rorcha.

    Changement de destination, c'est dans les Highlands que se passe le périple. Le narrateur est dans une passe difficile, après une énième dispute avec sa compagne.

    Il ne voit pas d'autre issue que de quitter l'appartement, en laissant un mot plutôt bref "Je reviens dans une semaine".

    Ce sera l'occasion de ressortir son vieux sac à dos, et de revivre enfin un voyage qu'il faisait l'été avec ses parents et dont il garde de merveilleux souvenirs. Ah les couleurs de ce loch découvert avec sa mère, resté gravé dans son esprit, son père qui l'initiait à la pêche, ce serait si bien s'il transmettait la même chose à son petit garçon.

    Le voilà parti, avec un bagage minimum, retrouvant les sensations du voyage en train, en bus, puis la marche, à l'affût de ses jeunes années.

    C'est un livre dominé par les couleurs, celles des tableaux de l'auteur, intercalées avec le texte et ses somptueuses descriptions des landes écossaises.

    Le ton peut se faire léger, ou nostalgique selon les moments, sans dissimuler l'inquiétude de fond liée à l'incertitude de l'avenir du narrateur. Inquiétude qui lui fera commettre une erreur de débutant et nous vaudra quelques chapitres angoissants, tout seul dans le brouillard, livré à des questions existentielles. 

    "Mon cerveau s'engourdit. La terreur et le froid me pénètrent simultanément, les choses vont vite et pas dans le bon sens. Je n'arrive plus qu'à fixer mon attention sur cette pluie sans fin, sur mon pull aussi saturé d'eau que les mousses dégorgeant sous mes pieds. A peine ai-je compris que j'allais devoir survivre que j'ai déjà l'impression de mourir. Et puis curieusement dans un moment pareil, j'ai sommeil, une fatigue irrésistible. Je redoute un premier symptôme d'hypotermie".

    A noter une courte préface de Grégoire Bouillier où cet extrait a éclairé mes propres impressions "A première vue les bleus sont choquants, les bruns trop fauves ; mais c'est qu'ils sont imaginaires : ils appartiennent à la peinture et à elle seule. Comme les mots, les couleurs glissent au couteau les unes sur les autres, créant de nouvelles textures émotives, des unions au sens érotique du terme. Au sens où la liberté des uns (couleurs, mots) traverse la liberté des autres sans jamais s'y fondre ou s'y diluer, fusionner ou abdiquer."

    L'objet livre est de belle qualité, très agréable à parcourir.

    Merci à l'auteur et aux Editions Gallimard

    Le site de Jérôme Magnier-Moreno

    Jérôme Magnier-Moreno - Highlands -128 pages
    Editions Gallimard (Le sentiment géographique) 2024

  • Le pain perdu

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    "Au crépuscule, avec la rapidité de l'extinction des feux, ils nous ont chassés des maisons en hurlant, nous frappant et nous lançant des insultes, dans un mélange de la belle langue hongroise et de l'allemand, maudissant notre race et tous nos ancêtres : prophètes pouilleux, punaises, chancres, ils énuméraient constamment les injures, en surveillant la foule qui avançait sous les regards indifférents des rares passants et de ceux qui restaient enfermés dans leurs maisons".

    Edith Bruck est née en Hongrie en 1931, dans une famille juive pauvre aux confins de l'Ukraine et de la Slovaquie Elle a cinq frères et soeurs, c'est une petite fille gaie qui aime l'école et son village. Sa mère est très religieuse et se réfère à Dieu pour tout. Puis ce seront les premières persécutions, le départ brutal pour le ghetto de Sátoraljaújhely et ensuite la déportation de la famille à Auschwitz. Elle a tout juste treize ans. Un soldat allemand lui sauve la vie en l'obligeant à se séparer de sa mère et à prendre la bonne file.

    La suite rejoint bien des témoignages, tout en étant unique comme à chaque fois. Elle a la chance d'être avec une de ses soeurs et elles ne se quitteront pas, camp après camp. Elles connaîtront la faim, le froid, les coups, une marche de la mort mais vont s'en sortir toutes les deux et se jurer de ne plus se quitter. Elle a seize ans.

    La libération ne signifie pas pour autant une vie pleinement retrouvée. Personne ne les attend, elles ne sont les bienvenues nulle part. Elles retournent en Hongrie où une de leurs soeurs a échappé à la déportation et a fait un mariage bourgeois. Elle ne veut rien savoir de ce qu'Edith a vécu. La cohabitation n'est pas possible très longtemps.

    "Et, en plus de la femme du jeune Alex, l'ex-compagnon de camp de mon frère, il y avait un va-et-vient continuel de personnes à l'air égaré, qui, pas plus que moi, ne savaient que faire de leur vie, ni comment se remettre à vivre. Ils ne se sentaient bien ni dans leur peau, ni en présence des autres : quelque chose s'était brisé en eux, en nous, quelque chose avait changé définitivement dans leur vie, dans la nôtre".

    Edith va commencer une vie d'errance, la Tchécoslovaquie, l'Allemagne, la France, Israël, où elle ne s'adapte pas du tout et ne supporte pas l'aspect militaire de la société. Elle vit de petits boulots, se lance dans la danse et la chanson, jusqu'au jour, où elle arrivera en Italie, où elle se sentira immédiatement chez elle, avec enfin une existence possible.

    Edith a une forte personnalité ; sortie des camps elle sait qu'elle ne se laissera plus dicter sa conduite par personne, pas même par sa soeur. Leurs routes vont se séparer. Edith prend des chemins qui ne plaisent pas à sa famille, elle n'en aura cure et suivra sa voie. Elle se débrouille comme elle peut, fait des erreurs, mais va de l'avant. A vingt ans elle s'est déjà mariée et a divorcé trois fois.

    C'est parce qu'à 90 ans Edith Bruck a senti sa mémoire défaillir qu'elle s'est lancée dans ce court récit pour ne rien perdre de ce qu'elle a vécu. Elle écrit et raconte sans fioritures, allant droit au but. J'ai été autant touchée par la partie liée aux camps que par l'après-libération, ces longues années où les survivants ont continué à être ignorés, livrés à eux-mêmes dans des sociétés toujours hostiles à leur présence.

    "En fille adoptive de l'Italie, qui m'a donné beaucoup plus que le pain quotidien, et je ne peux que lui en être reconnaissante, je suis aujourd'hui profondément troublée pour mon pays et pour l'Europe, où souffle un vent pollué de nouveaux fascismes, racismes, nationalismes, antisémitismes, que je ressens doublement : des plantes vénéneuses qui n'ont jamais été éradiquées et où poussent de nouvelles branches, des feuilles que le peuple dupé mange, en écoutant les voix qui hurlent en son nom, affamé qu'il est d'identité forte, revendiquée à cor et à cris, italianité pure, blanche ... Quelle tristesse, quel danger !"

    A signaler que la collection Points sort également "Qui t'aime ainsi" premier récit édité en Italie en 1959. Ainsi qu'un recueil de poèmes "Pourquoi aurais-je survécu ?"

    Par ailleurs, sur France-Culture vous pouvez écouter une interview de son traducteur, René De Ceccatty.

    Edith Bruck - Le pain perdu - 176 pages
    Traduit de l'italien par René De Ceccatty
    Editions du sous-sol - 2022

  • Zouleikha ouvre les yeux

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    "Derrière lui, quelqu’un a une exclamation effrayée. Sur la rive, serrés les uns contre les autres, agrippés à leurs balluchons, se tiennent les déplacés. Des visages creusés, noircis, fixent Ignatov avec crainte : Zouleikha enceinte, avec ses yeux immenses, les paysans maussades, les « gens du passé » de Leningrad, désorientés, et Gorelov, complètement abasourdi. Ignatov, impuissant, tape l’eau avec son revolver, et lève son regard vers le ciel. Quelque chose de petit, de blanc, tombe d’un gros nuage noir. De la neige." 

    L'histoire commence par une description du quotidien de Zouleikha, jeune femme du Tartarstan (capitale Kazan) dans les années 30. De sa vie d'avant nous ne saurons rien. Elle a été mariée à 15 ans à Mourtaza, paysan de 45 ans. Il la ramène chez lui où règne sans partage sa mère, "la Goule" vieille femme acariâtre et exigeante qui maltraite Zouleikha, lui reprochant notamment de ne pas lui donner de petit-fils. La jeune femme a mis au monde quatre filles dont aucune n'a survécu.

    Elle travaille comme une bête de somme toute la journée, est épuisée en permanence, dans la crainte d'être prise en défaut par le mari ou la belle-mère. Et pourtant, elle estime qu'elle a de la chance, que Mourtaza est un bon mari.

    Rien ne paraît devoir changer dans cette vie immuable, mais au loin les temps changent. Les rumeurs circulent, les paysans ont peur que le pouvoir prenne leurs terres, ils ne veulent pas rejoindre les kolkhoses.

    Jusqu'au jour où des militaires surgissent ; la vie va basculer complètement du jour au lendemain. Mourtaza est abattu et Zouleikha devra rejoindre le convoi des koulaks déportés.

    "Du haut de la colline, la plaine s’étendant en bas ressemble à une immense nappe blanche sur laquelle la main du Très-Haut a égrené des perles d’arbres et des rubans de routes. La caravane des koulaks forme un fil de soie fin qui s’étire jusqu’à l’horizon, où le soleil pourpre se lève solennellement."

    Le convoi est emmené par le Commandant Ignatov, bolchevik convaincu, prêt à obéir à n'importe quel ordre au service du parti. Il ne sait pas jusqu'où il devra convoyer les koulaks. En fait, le but est la Sibérie où ils crééront une colonie en partant de rien.

    Le trajet sera long, beaucoup d'entre eux mourront en route. Peu bâtie pour survivre, Zouleikha traversera néanmoins toutes les épreuves. La jeune paysanne effacée, empreinte de la culture païenne de sa mère, préoccupée de satisfaire les esprits qui sont partout et de respecter les préceptes d'Allah, s'adaptera et fera face, surtout lorsqu'elle s'apercevra au cours du voyage qu'elle est partie enceinte.

    Ce roman est une vaste fresque, au ton souvent poétique, qui nous entraîne dans le chaos de cette époque là et s'attache à de nombreux personnages au fur et à mesure du voyage et de l'installation dans des conditions épouvantables. Le groupe de survivants est laissé seul juste avant l'hiver sur une terre inhospitalière, sans abri réel et avec des vivres insuffisantes.

    Le fil rouge est bien sûr Zouleikha que nous suivons sur toutes ces années, avec le fils qu'elle a mais au monde, Youssouf, et le commandant Ignatov, dont l'évolution est inattendue.

    C'est un roman qui est captivant sur le plan romanesque, mais qui évoque aussi une période précise de l'histoire russe, la dékoulakisation des années 30, sous Staline. J'étais presque au terme de ma lecture lorsque la guerre a éclaté en Ukraine et je dois dire que je l'ai terminée dans un autre état d'esprit, le coeur serré, en me disant que l'humain ne change pas beaucoup.

    Je n'ai pas toujours compris l'attitude de Zouleikha, tellement possessive parfois, encore trop soumise à des diktats qui n'ont plus lieu d'être, mais il faut se replacer dans l'époque et c'est le jeu romanesque.

    Une lecture marquante, une écriture qui emporte, des personnages magnifiquement décrits, c'est un roman dans lequel il ne faut pas hésiter à se lancer.

    "Le plus terrible était qu’il n’avait aucune envie de partir. Comment expliquer qu’il se soit attaché, avec les années, à cette terre austère et inamicale ? À cette rivière dangereuse, perfide et inconstante, aux mille nuances de couleurs et d’odeurs ? À cet ourmane sans bornes, qui s’étendait derrière l’horizon ? À ce ciel froid, qui faisait tomber de la neige en plein été, et briller le soleil en hiver ? Sacré nom, il s’était même attaché aux gens, souvent bourrus, rustres, laids, mal habillés, s’ennuyant de chez eux, parfois pitoyables, bizarres, incompréhensibles. Très différents les uns des autres".  

    Lecture commune avec Ingannmic et Nathalie

    Gouzel Iakhina - Zouleikha ouvre les yeux - 555 pages
    Traduit du russe par Maud Maubillard
    Editions Libretto - 2021

  • Monument national

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    "Le fiscaliste, pour sa part, n'éprouvait aucune réticence à faire appel aux banques. Seuls les pauvres vivaient de leur argent, résuma-t'il au grand salon, les Gilets jaunes qui s'échinaient à rembourser des agios quand la notoriété vous ouvrait partout d'infinies lignes de crédit. Vous êtes vos propres actifs, martela-t'il à nos parents, ne sous-estimez pas votre valeur marchande. Il serait bien malheureux qu'à la veille des célébrations, les banques n'aperçoivent pas les retombées potentielles. Serge serait partout en couverture avec sa femme, sa charmante petite fille".

    Le monument national c'est Serge Langlois, un acteur qui pourrait être un mélange de Belmondo, Delon ou autre grosse pointure. Il a eu son heure de gloire, son étoile a un peu pâli, mais il est toujours dans le coeur des Français. Il vit dans un petit château, avec sa troisième femme Ambre, trente ans de moins que lui, accro à Instagram, offrant allègrement leur intimité a des foules béates. Ambre veut que leur vie soit parfaite et cultive uniquement la joie, refusant tout ce qui peut la contrarier. Une ombre au tableau, l'existence de Victoria, fille aînée de Serge, de surcroit amie de jeunesse d'Ambre. Victoria n'a pas digéré que sa meilleure amie épouse son père.

    On cultive la simplicité chez les Langlois. On vit sur un grand pied avec cinq domestiques, mais tout le monde se retrouve démocratiquement à cinq heures pour l'apéritif rituel. Il y a là le chauffeur, l'intendante, la nurse, la cuisinière et son mari jardinier.

    Par un heureux concours de circonstances vont surgir dans ce microcosme policé des ovnis du 93 voisin, Cendrine, nurse de remplacement, mère de Marvin, enfant hyperactif et Abdul, coach en tout genre. Nous savons dès le départ que Cendrine cache un passé mystérieux. Quant à Abdul, il a eu son moment de célébrité grâce à la danse, sans toutefois décoller davantage.

    L'histoire est racontée par la fille adoptive du couple Langlois, originaire d'un pays asiatique, arrivée avec son frère jumeau Orlando. Elle regarde avec un certain détachement les comportements bizarres des adultes. On se rendra compte au fur et à mesure qu'elle a elle-même ses failles.

    C'est le deuxième roman que je lis de Julia Deck, après "Propriété privée" et j'ai la même impression. C'est drôle, féroce, bien vu, j'ai passé un bon moment de lecture, mais c'est un peu superficiel et rapide. J'aimerais plus de profondeur dans les sujets traités. Il est question ici du choc des classes sociales, d'évasion fiscale, des gilets jaunes, de testament contesté par une famille recomposée, de confinement, du jeu des apparences, c'est un feu d'artifice qui n'explose pas assez.

    C'est tout de même jubilatoire parce que l'on reconnaît des évènements réels, ceux qui font la une de Paris-Match semaine après semaine, sans compter toute la presse people. Même le couple Macron y joue un rôle et on y croit.

    Je continuerai à lire l'autrice, j'ai l'impression qu'elle a bien plus à dire et vu son style, ce sera vraiment explosif.

    "On contracta donc un emprunt pour tenir jusqu'à l'été. Puis on reçut des nouvelles du Palais. C'est Sandrine qui, par mégarde, ouvrit l'enveloppe. Elle avait mal lu le nom du destinataire sur la papeterie gaufrée liserée d'or, se flagella-t'elle. Madame Eva leva un sourcil. Elle n'osa cependant pas rétorquer que notre nurse ne recevait jamais la moindre missive - à quoi bon lui écrire puisque Cendrine ne mettait ses pouces à contribution que pour jouer à Candy Crush sur son téléphone ? Bref, l'Elysée en la personne de Brigitte annonçait qu'on se faisait une joie. On s'interrogeait aussi sur l'opportunité de convier à la fête Virginia, la première fille de Serge."

    Julia Deck - Monument National - 208 pages
    Editions de Minuit - 2022

  • Vue cavalière

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    "Peut-être même suis-je à l'origine de ce qui est arrivé à la vieille dame, encore que Ruth m'assure qu'on ne peut reprocher à qui que ce soit les attaques et crises cardiaques d'une personne approchant des cent ans. N'empêche, c'est plutôt troublant. La voilà qui arrive à pas comptés, soutenue par son orgueil et la volonté de tenir son rôle de matriarche devant sa petite-fille et les amis de celle-ci, et paf, un des amis en question prononce le nom fatal, de la fumée s'élève, une odeur de soufre remplit la pièce, les belles dames se muent en créatures à groin, les assiettes se mettent à grouiller d'anguilles vivantes".

    Commencer un roman de Wallace Stegner, c'est la promesse d'un excellent moment de lecture. D'autant plus que dans celui-ci, nous retrouvons le personnage de Joe Allston, déjà rencontré dans "La vie obstinée".

    Retiré dans la campagne californienne avec Ruth, son épouse, Joe grommelle en constatant tous les jours les ravages de la vieillesse. Son regard sur la vie est sombre et caustique et Ruth s'efforce de l'en distraire comme elle peut. Il rumine toujours la mort prématurée de leur fils unique, Curtis, et son impuissance à le comprendre et à l'aider.

    Joe était agent d'écrivains. La visite fortuite d'un de ses auteurs,  Italien volubile et en pleine forme, le renvoie encore plus à sa propre inertie. C'est alors qu'il tombe fortuitement sur un journal intime qu'il avait tenu en 1954 lors d'un voyage au Danemark, pays d'origine de sa mère.

    Ruth lui demande de le lire à voix haute tous les soirs pour confronter leurs souvenirs de ce voyage. C'est l'occasion d''approfondir quelques non-dits entre eux et pour Joe, comparer l'homme qu'il voulait être à l'époque à celui qu'il est devenu.

    J'aime toujours autant l'impitoyable auto-dérision dont fait preuve Joe et ses questionnements existentiels. Pendant ce séjour danois, il ne sera pas indifférent au charme de la comtesse Astrid Wredel-Krarup, aristocrate rejetée par tout son milieu. Nous finirons par savoir pourquoi. Cet intermède danois ancien tient une grande place dans l'histoire.

    J'ai savouré ce roman qui décrit les sentiments des personnages avec subtilité et délicatesse. Joe est plus tendre qu'il ne veut bien se l'avouer. L'attitude de Ruth est souvent empreinte de sollicitude, ce qui ne l'empêche pas d'envoyer promener Joe lorsqu'il exagère dans son numéro de raté irrécupérable. En résumé, un vieux couple solidement soudé, malgré les faux-pas et les drames de la vie.

    Un écrivain indispensable à votre bibliothèque.

    "J'ai parcouru quelques unes des questions, puis j'ai jeté le tout dans la cheminée. Encore une de ces études socio-psycho-physiologiques menées par informatique dont les conclusions sont déjà connues de toute personne au-dessus de cinquante ans. Qui a jamais douté que l'amour-propre des vieux en prend un coup dans une société qui montre de trente-six façons possibles qu'elle ne leur accorde aucune valeur et les tient pour une source de dépenses et de tracas, dans une société qui se rit de leur expérience, se défausse de leurs problèmes, les parque dans des hospices et d'une manière générale les ignore, sauf pour solliciter leurs suffrages, ou leur arracher leur sac à main et le montant de leur pension ? Une société qui possède l'effrayante capacité de les regarder droit dans les yeux sans jamais les voir."

    L'avis de Sandrion

    Wallace Stegner - Vue cavalière - 304 pages
    Traduit de l'américain par Eric Chedaille
    2011 - Libretto

  • Le serment

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    "Ce n'était que le regard vide d'un homme dont l'alcool avait rongé le cerveau, comme il en avait vu des centaines. Des yeux qui n'avaient soif que d'une chose. Du prochain verre qui aiderait leur propriétaire à oublier tous les précédents qui l'avaient mis dans cet état"

    L'action de ce polar se situe dans la région de Pori, en Finlande. Jari Paloviita vient d'être nommé directeur d'enquête, une promotion qui tombe à pic pour lui, même si c'est en attente du retour du titulaire du poste. S'il se sent bien dans son travail, il ne peut pas en dire autant de son couple qui traverse une crise sévère. Pressé de retrouver sa femme, il laisse ses adjoints, Henrik Oksman et Linda Toivonen, s'occuper d'un crime qui vient d'être commis.

    Dans un chalet isolé où une centaine de personnes faisaient la fête depuis deux jours, un invité en a poignardé un autre avant de s'enfuir dans les bois environnants. La pluie qui tombe en continu rend le travail difficile et la boue efface rapidement les traces. Le suspect principal est retrouvé et arrêté. Les personnes présentes sont dans un tel été d'ébriété et d'abrutissement général que les enquêteurs peinent à reconstituer la scène.

    Jari Paloviita survole l'enquête, ayant pleine confiance en ses adjoints, jusqu'au moment où il voit les noms de l'homme assassiné et du suspect. Le passé lui revient en boomerang d'un seul coup. Tétanisé, il doit admettre que le suspect est son ami d'enfance et le mort celui qui les a tourmentés au-delà de l'imaginable. Il a fait table rase de ce passé, même sa femme n'est pas au courant de ce qu'il a vécu.

    Il cherche à cacher qu'il les a connus tous les deux et à partir de là, il se met à agir de manière irrationnelle, à mentir et à se conduire injustement avec son équipe. Son comportement devient de plus plus étrange aussi aux yeux de sa femme et de ses deux filles, ce qui n'arrange pas la situation.

    Les racines du drame sont dévoilées par flash-back, remontant aux années 1990. La victime et le suspect avait en commun des pères très violents et cette violence s'est répercutée de manière différente chez l'un et l'autre. Jari se sent coupable de ne pas avoir cherché à savoir ce que devenait son ami, Antti, clochardisé, alors que lui a un bon travail, une belle maison et deux adorables fillettes.

    Jari va se mettre en danger à tout point de vue pour continuer à dissimuler ce qu'il sait et mener l'enquête seul de son côté, à rebours de ses adjoints. Ceux-ci sentent que quelque chose n'est vraiment pas normal, sans pouvoir mettre le doigt sur quoi.

    L'intrigue est bien menée, malgré quelques longueurs et des invraisemblances. Un peu trop classique peut-être avec ses enquêteurs aux multiples problèmes. Outre Jari, Henrik Oksman, excellent enquêteur, n'est pas aimé de ses collègues, froid, bourré de tocs, il tait lui aussi un passé dur. Et là, c'est l'enquêtrice, Linda, qui a un gros problème avec l'alcool.

    Il semblerait que ce soit le premier d'une série. Reprendra-t'elle les mêmes enquêteurs ? Après les mensonges et infractions multiples commis par Jari Paloviita au nez et à la barbe de ses collègues, je me demande comment il envisage la suite de sa carrière.

    Un auteur à découvrir et peut-être à suivre.

    L'avis de Violette

    Artuu Tuominen - Le serment - 432 pages
    Traduit du finnois par Anne Colon du Terrail
    Editions de la Martinière - 2021

  • La belle de Joza

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    "Mon savoir universitaire ne signifiait rien. Les leçons utiles, je les ai reçues ici. J'ai vu des chaumières à moitié vides, littéralement bues par la brute épaisse, des enfants battus et sous-alimentés, des petits vieux courbés, mais aussi des hommes fourbus, victimes de l'intempérance et de l'avidité des femmes. J'ai rencontré des mentalités arriérées, de l'égoïsme dépravé, une avarice insensée et, d'un autre côté, une humilité angélique, la patience, la vaillance et l'amour.
    Le monde de l'âme humaine, avec ses deux pôles irréconciliables,tournait ici comme une roue de moulin".

    C'est grâce au billet de Maryline que j'ai eu envie de découvrir ce roman tchèque qui se déroule pendant la deuxième guerre mondiale.

    Eliska est une jeune femme médecin promise à un bel avenir. Elle travaille à l'hôpital de Brno et a une liaison avec le chef de service, par ailleurs marié et père de famille. Elle participe à un réseau de résistance, sans trop mesurer les risques de la situation. Elle se contente de déposer des enveloppes aux adresses qu'on lui indique.

    Jusqu'au jour où tout dérape et où elle doit fuir d'une minute à l'autre. La seule solution qui s'offre à elle est de partir loin dans le pays avec un de ses patients qui accepte de l'épouser, Joza, paysan frustre et laid qu'elle a tendance à mépriser.

    Elle menait une vie urbaine et plutôt raffinée, la voilà transplantée du jour au lendemain dans une zone de montagne aux moeurs archaïques, dans une maison sommairement aménagée dans la hâte. La guerre n'est pas encore arrivée jusque là.

    Si la réalité est sombre, l'histoire qui nous est contée ici est d'une grande beauté. Eliska fait connaissance des lieux, des quelques villageois qui l'entourent, et de son mari, ce paysan analphabète, mais d'une bonté et d'un dévouement à toute épreuve. Au contact de la nature, elle réfléchit sur elle, sur sa vie, comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Elle s'aperçoit qu'elle aime cette existence simple, réduite à l'essentiel. Elle se dépouille de tout qui était artificiel chez elle et son attachement pour Joza grandit de jour en jour ; il devient son centre de gravité, le roc sur lequel elle peut s'appuyer, son socle affectif.

    Pas de grandes envolées dans l'écriture, mais une certaine poésie, et une vision réaliste des habitants que cotoie Eliska, surtout la guérisseuse du village, personnalité haute en couleurs et grandement respectée.

    Hélas, la guerre va finir par rattraper le village et y semer son cortège de malheurs.

    Un roman court et marquant. A ne pas manquer.

    L'autrice, Kveta Legátová, de son vrai nom Vera Hofmanova, est née en Moravie en 1919. Elle étudie le tchèque et l’'allemand à Brno avant la guerre, puis les maths et la physique. Devenue enseignante, elle est affectée dans des zones de montagnes par les autorités communistes, qui voient en elle un « cas problématique ». Au lycée, elle écrit déjà de courtes pièces radiophoniques et poursuit cette activité jusqu’'au début des années quatre-vingt-dix, mais c’'est avec la parution de La Belle de Joza (Noir sur Blanc, 2008) et de Ceux de ŽZelary (Prix national tchèque de littérature) que Kveta Legátová connaît un succès foudroyant.

    L'avis de Kathel Sylire Yv

    Kveta Legátová - La belle de Joza - 260 pages
    Traduit du tchèque par Eurydice Antolin
    Libretto - 2014

  • L'attaque du Calcutta-Darjeeling

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    "J'ai du mal à imaginer en quoi Buchan pourrait aggraver les choses. "En l'espace de quelques jours, sergent, j'ai été agressé, on m'a tiré dessus et j'ai failli être empoisonné par ma logeuse. Si M. Buchan pense pouvoir mieux faire, je lui souhaite bonne chance".

    Merci aux blogueuses qui ont chaudement recommandé cette série policière. J'ai passé un excellent moment en compagnie du capitaine Wyndham, dans la chaleur moite d'une Calcutta modelée pour l'occupant anglais.

    Nous sommes en 1919, le capitaine vient d'arriver en Inde avec un passé qui l'étouffe. Il a perdu sa jeune femme, Sarah, victime de la grippe espagnole et il est traumatisé par les combats dans les tranchées du conflit de 14-18. Il a travaillé à Scotland Yard, c'est à ce titre qu'un poste lui est proposé en Inde.

    Dès son arrivée, il est confronté au meurtre d'un haut-fonctionnaire, abattu à deux pas d'un bordel, un message enfoncé dans la gorge, ce qui fait désordre, avouons-le. A l'aide d'un sergent bengali, Banerjee, il devra démêler une affaire aux multiples ramifications, à relier à l'attaque simultanée du train Calcutta-Djarjeeling.

    Je n'entrerai pas dans les détails, je dirai seulement que l'intrigue est habile, bien menée, avec des changements de direction fréquents et palpitants.

    L'action est située à l'époque où la population bengali commence à se révolter. Elle aspire à l'indépendance, que ce soit par des actions violentes ou la non-violence de  Gandhi. Les Anglais s'imaginent installés là pour l'éternité, au nom de leur supériorité morale, face à un peuple incapable de se diriger.

    Le sergent Banerjee justifie de travailler pour les Anglais en prévision du jour où ils partiront et où son pays aura besoin d'hommes qualifiés pour prendre le relais. Le capitaine Wyndham est vite mis au parfum de l'attitude à adopter vis-à-vis des indigènes, ce qu'il ne suivra pas à la lettre. Il se reproche souvent une séverité imméritée envers Banerjee, d'autant qu'il lui reconnaît des qualités précieuses.

    Ce fond historique et politique apporte un vrai plus à l'enquête et à l'évolution des personnages. Ils ne sont pas d'une seule pièce, à l'image du capitaine Wyndham qui cache un secret. Il est opiomane, ce qui lui complique quelque peu la vie.

    Il ne faut pas se fier au titre, en réalité le train Calcutta-Darjeeling est secondaire dans l'histoire. Il s'agit davantage des petits et grands arrangements dans les hautes sphères aux moeurs discutables et de l'irruption d'un début de révolte des Bengalis. Un humour délicieusement anglais court tout au long du roman.

    N'oublions pas la ville de Calcutta, grouillante, écrasée de chaleur, aux contrastes saisissants entre ses différents quartiers, bâtis pour que chacun reste bien à sa place.

    "Rien, sauf peut-être la guerre, ne vous prépare pour Calcutta. Ni les horreurs décrites dans les pièces enfumées de Pall Mall par les hommes rentrés de l'Inde ni les écrits des journalistes et des romanciers, ni même un voyage de cinq mille miles avec escales à Alexandrie et Aden. Calcutta, quand elle apparaît, se situe dans une catégorie plus étrangère que tout ce que l'imagination d'un Anglais peut concevoir. Le baron Robert Clive l'a appelé l'endroit le plus cruel de l'Univers et c'était un des commentaires les plus positifs."

    Un roman policier distrayant et instructif. A suivre ..

    L'auteur : Abir Mukherjee, né dans une famille d’immigrés indiens, a grandi dans l’ouest de l’Écosse. Il a choisi de situer sa série policière durant les années 1920, moment où l’emprise britannique sur l’Inde commence à être mise en discussion.

    L'avis de A girl from earth (lu en anglais) Kathel Alex Anne Dasola Keisha Luocine

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    Abir Mukherjee - L'attaque du Calcutta-Darjeeling - 464 pages
    Traduit de l'anglais par Franchita Gonzalez Batlle
    Folio Policier - 2020