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Orange amère

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"Autrefois Teresa avait vu en son mari l'homme le plus séduisant du monde, alors qu'en réalité il ressemblait à une de ces gargouilles perchées sur une corniche au sommet de Notre-Dame, destinées à effrayer le diable et à le chasser. Elle garda cette pensée pour elle, mais il était clair qu'elle était inscrite sur son visage, car Bert changea de ton."

Voilà un bon roman américain comme je les aime, une histoire familiale un peu compliquée, mais si bien racontée, avec des personnages finement décrits au fil des années.

Le premier chapitre consacré au baptême d'une petite Franny ne présage pas de la suite du roman. Nous y voyons Bert Cousins qui s'incruste à ce baptême sans y avoir été invité, juste pour fuir son foyer où il laisse sa femme, Teresa, se débrouiller avec leurs trois enfants, plus un quatrième en route.

Nous sommes dans un milieu de flics et de juristes, tout le monde se connaît plus ou moins, Bert est accueilli en voisin par Fix, le maître de maison et sa femme, Beverly, une beauté resplendissante.

Chapitre suivant, nous retrouvons Franny, largement adulte, au chevet de son père, Fix, l'accompagnant dans une séance de chimio. Que s'est-il passé entre-temps ? Nous allons l'apprendre petit à petit et dans un désordre chronologique, chaque chapitre nous ramenant à un autre personnage ou une autre époque.

Je vous rassure, on s'y retrouve très bien. J'ai juste fait un pense-bête au départ pour ne pas me perdre dans les personnages.

Après le baptême, les couples se sont recomposés, Bert a quitté Teresa pour Beverly, laissant Fix avec ses deux filles. Les uns sont en Virginie, les autres en Californie, les six enfants ne se retrouvent ensemble qu'aux vacances scolaires.

On retrouve ici toutes les difficultés liées aux familles recomposées, les blessures accumulées, les accommodements, les conflits de loyauté. On devine assez vite qu'un drame est survenu, qui a bouleversé durablement la vie de chacun. Et encore plus lorsqu'un livre paraîtra sur l'histoire de la famille, remuant douloureusement le passé.

Le rythme est lent, ce qui n'est pas un défaut, il permet de s'attacher longuement à chaque narrateur, d'en retrouver certains longtemps après, transformés par les années, quelquefois apaisés.

C'est une histoire qui se savoure patiemment et qui m'a manqué lorsque la dernière page a été tournée.

"Elle était tellement épuisée qu'elle se disait qu'elle avait de la chance de réussir à aller jusqu'à la salle de bains et à la cuisine pour aller prendre un verre d'eau, avant de rejoindre son lit. Elle avait quatre-vingt-deux ans. Elle imaginait que ses enfants risqueraient d'utiliser cette douleur précise à l'estomac pour décider qu'elle ne pourrait plus vivre seule chez elle et qu'elle devrait déménager dans un établissement médicalisé quelque part là-haut, au nord, près de chez Albie. Elle ne pouvait pas s'installer chez Jeannette, les gens s'installent à Brooklyn pour tomber amoureux, écrire des romans, avoir des enfants, pas pour vieillir, et elle ne pouvait pas s'installer chez Holly, même si mourir au centre zen pourrait apporter des avantages spirituels."

L'avis de Antigone Ingannmic Kathel Keisha

De la même autrice "Dans la course"

Ann Patchett - Orange amère - 416 pages
Traduit par Hélène Frappat
Babel - 2021

 

 

Commentaires

  • J'aime bien les sagas familiales réussies. Mais entre tes lignes, je devine ce qui me lasse de plus en plus chez certains auteurs américains : l'accumulation de minuscules détails qui font le réalisme, la description minutieuse de scènes supposées nous attacher à tel ou tel personnage... je suis de moins en moins réceptive à ce genre de chose...

  • A l'inverse de toi, je crois que j'aime de plus en plus ce genre de roman qui prend son temps. Mais il est possible qu'il t'agace.

  • Les histoires de famille sont souvent intéressantes ; après, tout dépend comment elles sont racontées.

  • Je confondais visiblement Ann Patchett avec quelqu'un d'autre. Je pensais que c'était du feel-good... Je ne suis pas très attirée par ce type de fresque familiale/sociale en ce moment mais c'est un genre que j'aime bien d'habitude donc je le garde en tête.

  • Ce n'est pas du feel-good, ça se rapproche beaucoup plus de la vie. Je te le conseille quand tu auras à nouveau envie de lire ce genre de saga.

  • Ça fait très envie et dieu sait qu’on a besoin de belles et bonnes sagas en ce moment … je note et je suis sûre de le lire assez vite

  • Le premier chapitre m'a paru un peu long, mais après ça devient vraiment très prenant, jusqu'au bout. J'espère te lire un jour sur ce roman.

  • Oh la la oui, que j'ai aimé, au point d'en lire d'autres encore e l'auteure!!!

  • J'avais déjà beaucoup aimé "dans la course". J'en lirai d'autres, c'est certain.

  • Les avis sont unanimement positifs ! Je retiens le nom de l'autrice pour plus tard peut-être. Pour l'instant, j'ai trop de livres en attente

  • Problème bien connu et quand je pense que l'on nous parle déjà des sorties de septembre !

  • Je me retrouve complètement dans ton billet : oui, c'est un roman qui se savoure patiemment, et on aime qu'il soit lent... j'avais adoré, il est vraiment très habile ! J'attends avec impatience de lire La maison des Hollandais, une LC est prévue en fin d'année...

  • Je lirai aussi "la maison des Hollandais" mais je ne sais pas si j'attendrai décembre.

  • J'étais contente de le retrouver tous les soirs, c'est le genre de lecture qui te fait oublier les soucis de la journée.

  • Un titre qui est disponible en bibliothèque, c'est noté, pour découvrir ces personnages qui semblent t'avoir touchée.

  • C'est le deuxième roman que je lis de cette autrice et j'y ai trouvé le même plaisir ; une histoire de famille déployée sur des décennies où l'on entre en profondeur dans les interactions des uns et des autres et la manière dont le temps recompose les souvenirs et les relations.

  • Alors n'hésite pas et bonne lecture :-)

  • C'est bien plus varié qu'une sensation d'amertume et le ton général ne manque pas d'un certain humour. Mais l'ensemble n'est pas très gai, je te l'accorde.

  • Surtout ne le perds pas de vue ;-)

  • Merci pour le lien. Je n'ai pas relu mon article mais j'avais sans doute aimé moi aussi cette incursion familiale et la lenteur.

  • Tu as beaucoup aimé et tu avais l'intention d'en lire d'autres.

  • Je ne suis pas très "histoires familiales", surtout compliquées, mais j'avoue que ton premier extrait m'a bien fait sourire. Toujours pas lu cette autrice. Il faudrait que je la tente, un jour.

  • Le premier extrait te donne le ton de pas mal de passages du roman ; ça pourrait paraître assez plombant comme histoire, mais je ne l'ai pas ressenti comme ça parce qu'il y a aussi une certaine auto-dérision des personnages.

  • Un livre que l'on a hâte de retrouver le soir au lit,tout ce que j'aime,donc il est noté,de plus jamais lu cette autrice!!

  • Ce serait une bonne occasion pour commencer :-)

  • Je l'ai beaucoup aimé, ce roman, et ensuite Anatomie de la stupeur, aussi, bien que dans un univers assez différent.

  • Je note "anatomie de la stupeur", je suis contente d'en avoir encore plusieurs à découvrir.

  • J'aime beaucoup les sagas familiales toujours très distrayantes ce dont nous avons tous besoin. De plus je n'ai lu d'elle que "la maison des hollandais" que j'avais aimé...je le note donc.

  • Décidément, il va me falloir cette "maison des Hollandais". Il me semble qu'il est en poche.

  • Mais pourquoi un livre pour les femmes ? il y a autant d'hommes que de femmes dans ce livre, et peut-être aurais-tu la surprise d'aimer :-))

  • Je crois que j'aimerai ce roman. Une histoire familiale pas lisse du tout, de la lenteur qui permet de s'attacher aux personnes et aux évènements, et l'Amérique avec ses déchirures. Merci !

  • L'ambiance est très américaine, mais les histoires de famille sont universelles et on peut s'y retrouver avec plaisir.

  • Cela fait bien longtemps que j'ai lu de roman façon saga familiale... Dans le genre, j'avais adoré Nous étions les Mulvaney de Oates. Merci pour ce titre! Bonne journée :)

  • "Nous étions les Mulvaney" je l'ai lu il y a bien longtemps ; j'ai toujours aimé ce genre d'histoire.

  • j'avais été un peu déçue par "anatomie de la stupeur' pourtant ce que tu dis de ce livre m'attire.

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