"Elle se laisse tomber dans son fauteuil, déjà contrainte de retrouver de l'énergie. Dans quelques minutes, un couple va encore se déchirer autour de la garde de ses enfants. Dominique se prend parfois à apprécier ses dossiers pour tapage nocturne, des bagarres dans les bars, des escroqueries aux assurances, ça la change un peu de cette violence domestique qui n'en finit pas de déferler. Les pas résonnent sur le lino, les chuchotements bruissent dans les locaux encore presque déserts. La juge range ses cigarettes au fond de son sac, inspire profondément".
Le livre s'ouvre sur une scène déchirante. Celle d'un petit garçon de 10 ans, Gabriel, qui se noie. Son père se jette à l'eau, mais n'arrivera pas à le sauver.
Une enquête est ouverte, qui conclut à une mort accidentelle. La juge d'instruction, Dominique Bontet, devrait fermer le dossier, mais elle n'y arrive pas. Quelque chose la retient, sans qu'elle arrive à cerner quoi exactement.
Thomas et Anna, installés depuis peu en Bretagne, essaient de survivre comme ils peuvent à ce drame. Ils avaient eu un coup de coeur pour ce village en bord de mer et s'y plaisaient beaucoup. Ils s'épaulent, sans éviter la culpabilité, les regrets, l'épuisement, les nuits sans sommeil, les images traumatisantes revues sans fin par Thomas.
Parallèlement, une autre histoire nous est racontée, celle d'Iris et de Patrice, couple en apparence ordinaire, où les coups tombent dès la porte refermée. Iris se décide à porter plainte, sans fournir suffisamment d'éléments indiscutables.
On se doute que les deux histoires vont finir par se croiser ; le lien c'est Dominique, la juge, scrupuleuse à l'excès, prenant son travail très à coeur. Les trois femmes feront front pour que la vérité émerge, chacune à la place qui est la sienne.
C'est un roman assez plombant, où la personnalité des deux couples est révélée par petites touches. J'ai trouvé l'ensemble un peu appliqué, comme si l'auteur avait voulu coller à la problématique des violences faites aux femmes sans rien oublier.
Thomas est un homme médiocre, instable dans sa vie professionnelle, jaloux de l'épanouissement de sa femme, qui s'est tout de suite adaptée à son nouveau milieu, grâce à son métier d'infirmière. Après la mort de Gabriel, elle l'a soutenu autant qu'elle a pu, en plus de son propre chagrin. Je ne veux pas trop en révéler sur sa personnalité qu'il faut découvrir peu à peu.
Patrice, c'est l'homme irréprochable en apparence, faisant illusion pour l'entourage, mais un parfait tyran domestique utilisant la violence et les menaces à l'intérieur du foyer.
Deux femmes sous emprise, d'une manière différente, qui se croisent au bon moment et trouverons le moyen de se dégager de liens mortifères, par l'entremise de la juge.
C'est dans les dernières pages que survient une révélation bien amenée.
Un roman qui ne m'a pas vraiment convaincue.
Des avis plus enthousiastes que le mien chez Babelio
Fabrice Tassel - On dirait des hommes - 288 pages
La Manufacture de Livres - 2023