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Le goût des livres - Page 27

  • Neuf parfaits étrangers

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    "Elle ne pouvait même pas mettre en cause l'éducation qu'elle avait reçue pour justifier sa réaction des plus lamentables. Quand elle avait huit ans, un homme avait mis la main aux fesses de sa mère dans une rue de banlieue. "Joli cul", avait-il lancé sur un ton amical. Frances avait pensé : Oh, il est gentil le monsieur, de dire ça. Et la seconde suivante, elle avait regardé, stupéfaite, sa mère - un petit bout de femme d'un mètre cinquante-cinq à peine - s'élancer à sa poursuite, le pousser dans un coin et lui envoyer un sac plein de livres reliés empruntés à la bibliothèque sur la tête, telle une championne de lancer de disque".

    Je cherchais une lecture-détente et j'ai sorti de ma PAL ce roman dont j'étais à peu près sûre qu'il remplirait son rôle.

    Comme dans les précédents, nous retrouvons une belle brochette de personnages qui s'expriment à tour de rôle sur une situation donnée. Nous sommes en Australie et un petit groupe se retrouve dans un lieu paradisiaque "Tranquillum House" pour une cure de bien-être dont ils ressortiront complètement transformés (dixit la publicité).

    La cure est dirigée de main de maître par une femme, Masha, secondée par Yao et Dalila. Masha a pour but d'amener ses pensionnaires à un éveil spirituel élevé à l'aide de techniques .. innovantes. Qui lui rapporteront évidemment argent et notoriété.

    Il y a là, Frances, une autrice déprimée en fin de carrière ; un couple avec leur fille souhaitant passer loin de tout l'anniversaire du décès de leur fils ; un sportif de haut niveau pleurant sa forme perdue ; le beau mec du groupe, qui teste toutes les cures possibles ; Carmel, une femme abandonnée par son mari et débordée par ses quatre petites filles ; un jeune couple qui a eu le malheur de gagner une grosse somme au loto ...

    Pendant un bon moment j'ai retrouvé l'habileté de l'autrice à dresser le portrait des candidats au mieux-être, les interactions entre les uns et les autres, l'atmosphère particulière qui règne dans le centre. Un jeûne leur est imposé d'emblée, avec une prise de sang quotidienne. Le silence est de rigueur, ils ne doivent pas se parler, même au sein des couples. Masha les laisse dans l'ignorance de ce qu'elle prévoit pour eux. Entre yoga, méditation, taï-chï, plus d'un regrette d'être venu se fourrer dans cette galère.

    Ceci dit, ils ont payé cher pour venir ici et ils ont envie d'y croire à cette transformation radicale. Jusque là c'est assez drôle et gentiment moqueur, voire touchant. Seulement c'est long .. très long et les deux cent dernières pages se traînent sans beaucoup intérêt. Masha la grande prêtresse a quelque peu pété les plombs, la cure prend une tournure très anxiogène. J'ai eu l'impression que l'autrice ne savait plus comment terminer son roman et avouons que c'est un peu n'importe quoi.

    C'est une lecture distrayante certes, mais qui ne tient pas toutes ses promesses.

    L'avis d'Eimelle

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    Liane Moriarty - Neuf parfaits étrangers -672 pages
    Traduit de l'anglais (Australie) par Béatrice Taupeau
    Le Livre de Poche - 2021

  • Zouleikha ouvre les yeux

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    "Derrière lui, quelqu’un a une exclamation effrayée. Sur la rive, serrés les uns contre les autres, agrippés à leurs balluchons, se tiennent les déplacés. Des visages creusés, noircis, fixent Ignatov avec crainte : Zouleikha enceinte, avec ses yeux immenses, les paysans maussades, les « gens du passé » de Leningrad, désorientés, et Gorelov, complètement abasourdi. Ignatov, impuissant, tape l’eau avec son revolver, et lève son regard vers le ciel. Quelque chose de petit, de blanc, tombe d’un gros nuage noir. De la neige." 

    L'histoire commence par une description du quotidien de Zouleikha, jeune femme du Tartarstan (capitale Kazan) dans les années 30. De sa vie d'avant nous ne saurons rien. Elle a été mariée à 15 ans à Mourtaza, paysan de 45 ans. Il la ramène chez lui où règne sans partage sa mère, "la Goule" vieille femme acariâtre et exigeante qui maltraite Zouleikha, lui reprochant notamment de ne pas lui donner de petit-fils. La jeune femme a mis au monde quatre filles dont aucune n'a survécu.

    Elle travaille comme une bête de somme toute la journée, est épuisée en permanence, dans la crainte d'être prise en défaut par le mari ou la belle-mère. Et pourtant, elle estime qu'elle a de la chance, que Mourtaza est un bon mari.

    Rien ne paraît devoir changer dans cette vie immuable, mais au loin les temps changent. Les rumeurs circulent, les paysans ont peur que le pouvoir prenne leurs terres, ils ne veulent pas rejoindre les kolkhoses.

    Jusqu'au jour où des militaires surgissent ; la vie va basculer complètement du jour au lendemain. Mourtaza est abattu et Zouleikha devra rejoindre le convoi des koulaks déportés.

    "Du haut de la colline, la plaine s’étendant en bas ressemble à une immense nappe blanche sur laquelle la main du Très-Haut a égrené des perles d’arbres et des rubans de routes. La caravane des koulaks forme un fil de soie fin qui s’étire jusqu’à l’horizon, où le soleil pourpre se lève solennellement."

    Le convoi est emmené par le Commandant Ignatov, bolchevik convaincu, prêt à obéir à n'importe quel ordre au service du parti. Il ne sait pas jusqu'où il devra convoyer les koulaks. En fait, le but est la Sibérie où ils crééront une colonie en partant de rien.

    Le trajet sera long, beaucoup d'entre eux mourront en route. Peu bâtie pour survivre, Zouleikha traversera néanmoins toutes les épreuves. La jeune paysanne effacée, empreinte de la culture païenne de sa mère, préoccupée de satisfaire les esprits qui sont partout et de respecter les préceptes d'Allah, s'adaptera et fera face, surtout lorsqu'elle s'apercevra au cours du voyage qu'elle est partie enceinte.

    Ce roman est une vaste fresque, au ton souvent poétique, qui nous entraîne dans le chaos de cette époque là et s'attache à de nombreux personnages au fur et à mesure du voyage et de l'installation dans des conditions épouvantables. Le groupe de survivants est laissé seul juste avant l'hiver sur une terre inhospitalière, sans abri réel et avec des vivres insuffisantes.

    Le fil rouge est bien sûr Zouleikha que nous suivons sur toutes ces années, avec le fils qu'elle a mais au monde, Youssouf, et le commandant Ignatov, dont l'évolution est inattendue.

    C'est un roman qui est captivant sur le plan romanesque, mais qui évoque aussi une période précise de l'histoire russe, la dékoulakisation des années 30, sous Staline. J'étais presque au terme de ma lecture lorsque la guerre a éclaté en Ukraine et je dois dire que je l'ai terminée dans un autre état d'esprit, le coeur serré, en me disant que l'humain ne change pas beaucoup.

    Je n'ai pas toujours compris l'attitude de Zouleikha, tellement possessive parfois, encore trop soumise à des diktats qui n'ont plus lieu d'être, mais il faut se replacer dans l'époque et c'est le jeu romanesque.

    Une lecture marquante, une écriture qui emporte, des personnages magnifiquement décrits, c'est un roman dans lequel il ne faut pas hésiter à se lancer.

    "Le plus terrible était qu’il n’avait aucune envie de partir. Comment expliquer qu’il se soit attaché, avec les années, à cette terre austère et inamicale ? À cette rivière dangereuse, perfide et inconstante, aux mille nuances de couleurs et d’odeurs ? À cet ourmane sans bornes, qui s’étendait derrière l’horizon ? À ce ciel froid, qui faisait tomber de la neige en plein été, et briller le soleil en hiver ? Sacré nom, il s’était même attaché aux gens, souvent bourrus, rustres, laids, mal habillés, s’ennuyant de chez eux, parfois pitoyables, bizarres, incompréhensibles. Très différents les uns des autres".  

    Lecture commune avec Ingannmic et Nathalie

    Gouzel Iakhina - Zouleikha ouvre les yeux - 555 pages
    Traduit du russe par Maud Maubillard
    Editions Libretto - 2021

  • Bon dimanche

    Natalia Kudritskaya est une pianiste ukrainienne. Vous pouvez lire une interview d'elle sur le site de France-Musique.

    Vendredi soir, a été donné un concert de soutien au peuple ukrainien au studio 104 de la Maison de la Radio. Vous pouvez l'écouter ici.

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  • Mes 18 exils

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    "Toute ma vie trop grosse, pas assez belle, trop ceci et pas assez cela. des complexes en pagaille et puis, par la magie d'une rencontre une nuit à Paris, j'ai quitté ces obsessions de laideronne pour devenir une femme fatale, m'exiler de ma vieille peau et faire peau neuve. Certains exils sont réjouissants".

    Je ne connais pas les livres jeunesse de Susie Morgenstern, pour la bonne raison qu'elle ne les avait pas encore écrits lorsque j'étais moi-même enfant ! Par contre, j'en ai beaucoup entendu parler et quelques interviews à la radio ont attisé ma curiosité, suffisamment pour me lancer dans cette autobiographie originale.

    Le livre est divisé en 18 parties, dont les titres donnent une idée

    - être une fille
    - être loin de ses soeurs
    - être juive
    - être amoureuse
    - errer
    - être veuve
    - être malade etc ...

    L'ordre chronologique est bousculé, ce qui a peu d'importance, l'autrice évoque sa naissance dans une famille juive du New-Jersey, ses soeurs bien plus douées qu'elle (dit-elle) ses années d'école, la fac, puis le départ pour Jérusalem où elle rencontrera Jacques, l'amour de sa vie, un mathématicien français.

    La voilà exilée dans un pays inconnu, plein de bizarreries, loin des siens. Les différences entre les Etats-Unis et la France donne lieu à des passages hilarants. Viendront les enfants, les joies et les peines ordinaires, le quotidien à concilier avec l'écriture, les jours sombres de la mort de Jacques et la deuxième rencontre, totalement inattendue.

    Susie Morgenstern se livre avec franchise et vivacité, le ton est pétillant. Pourtant, derrière l'auto-dérision on sent parfois la tristesse, les ratés, les manques, effleurés avec délicatesse.

    Une lecture plaisante, pleine de vie, mais moins légère qu'il n'y paraît.

    "Une journée sans courrier de mes soeurs ou de ma mère était une sorte de petite mort. Ma mère répondait religieusement. Elle m'appelait "son enfant de papier". Mais, malgré le lien indéfectible, mes yeux s'ouvrirent enfin et je compris qu'elle n'avait pas toujours raison. Elle s'agrippait à son pouvoir et j'étais trop bête pour dire non, agir selon mes propres désirs. Pour ma mère, mettre un bébé de sept mois à la crèche était criminel et il fallait être une malade mentale pour faire le marché tous les jours".

    L'avis de Cathulu

    Susie Morgenstern - Mes 18 exils - 296 pages
    L'iconoclaste - 2021

  • Carnets d'estives (Des Alpes au Chiapas)

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    "J'éprouvais pour la première fois le sentiment de pénétrer dans l'intimité de la montagne, d'être introduit auprès de ses habitants. Je sortis mes jumelles pour mieux les observer. Ils léchaient les pierres. Le troupeau de brebis était passé par ici quelques semaines auparavant, et du sel avait probablement été répandu sur ces pierres. Les chamois continuaient à venir les lécher. Je restais ainsi un bon moment, étendu sur l'herbe fraîche et mouillée par la rosée. Puis je finis par me souvenir que j'étais venu pour installer un parc. Je me relevai et j'essayai tout de même de gagner quelques mètres sans qu'ils me vissent."

    J'ai eu un coup de coeur pour ce récit, lu l'été dernier, mélange de souvenirs de voyages, de saisons en alpage, de réflexions et d'écologie. A 19 ans, l'auteur, étudiant en philosophie part pour la première fois comme aide-berger en alpage. Pas très bien accueilli, il s'adapte au mieux, fasciné par cette vie au plus près d'une nature authentique, logé dans une cabane rudimentaire, dépouillé de tout besoin inutile.

    Le récit alterne les saisons en alpage dans les Alpes et des voyages plus lointains, notamment dans le Chiapas au Mexique, ou dans les grands parcs nationaux américains.

    "Les heures passent et nous sommes peu à peu enveloppés par l'atmosphère envoûtante du canyon, suffisamment vaste pour que nous ne nous y sentions pas enfermés, et néanmoins suffisamment étroit et encaissé pour créer un climat d'intimité absolu. Au matin du deuxième jour, nous atteignons l'extraordinaire cascade de la Conchuda, la deuxième et la plus imposante des deux grandes chutes d'eau du canyon, avec ses piscines naturelles aux eaux d'un bleu laiteux d'une beauté irréelle, qui prennent leur source dans une rivière souterraine jaillissant des falaises quelques centaines de mètres en amont. Nous passons la journée à explorer les vasques qui s'y succèdent, à nager, à plonger dans ces eaux turquoise où se dessinent les jeux d'ombres et de lumière du ramage des arbres qui nous entourent et nous enveloppent".

    L'auteur a des convictions profondes, ne mâche pas ses mots sur les dégradations liées aux hommes, sur les paysages et sur les populations. Il n'a pas apprécié son voyage aux Etats-Unis, dans la région même ou Edward Abbey a été ranger.

    "Tel semble être le destin des peuples et des lieux à l'époque moderne ; les uns commencent par lutter contre leurs envahisseurs et finissent par vendre de l'artisanat le long des routes, les autres forment d'abord un réseau vivant de présences tantôt bienveillantes et tantôt menaçantes, pour finir par laisser place aux parkings, aux buvettes et aux parcs accrobranche. Ne voulant pas céder à la première déconvenue, je poursuivis malgré tout ma route. Mal m'en prit. Je n'avais pas encore réalisé que voyager en vélo aux Etats-Unis peut être un anachronisme coupable et que les park rangers eux-mêmes, enivrés par la toute-puissance des prothèses motorisées que le gouvernement leur octroie généreusement, n'ont la plupart du temps qu'un lointain souvenir de ce que l'on pourrait appeler les limites du corps".

    J'ai tout aimé dans ce texte, l'écriture sans artifices inutiles, les descriptions, les constats implacables, les rencontres plus ou moins heureuses. J'aurais trouvé facilement des extraits à chaque page. Ecrire ce billet me donne d'ailleurs envie de le relire sans tarder.

    "Comme nombre d'entre nous, je souhaiterais que puisse cohabiter en paix le monde paysan et le monde sauvage, que les prédateurs et les bergers puissent vivre en bonne entente, que "le loup et l'agneau puissent partager la même couche". Mais s'il me fallait choisir entre une montagne sans bergers ni moutons, pleine de loups et de touristes (avec leur sinistre cortège de sentiers d'interprétation, de parcs accrobranche, de pistes de ski et de faux paysans sentant bon l'authenticité et la sagesse), ou une montagne sans loups, mais avec une économie paysanne agro-pastorale forte et respectueuse, j'opterais pour la seconde alternative".

    Une lecture qui mérite une place de choix parmi les récits de voyage.

    Pierre Madelin, auteur et traducteur, a grandi à Cuba et à Paris. Il vit et travaille à San Cristobal de las Casas, au Mexique. Il est notamment l’auteur de Après le capitalisme et Faut-il en finir avec la civilisation ? Primitivisme et effondrement (Ecosociété).

    Pierre Madelin - Carnets d'Estives - 144 pages
    Editions Wildproject - 2021

  • Monument national

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    "Le fiscaliste, pour sa part, n'éprouvait aucune réticence à faire appel aux banques. Seuls les pauvres vivaient de leur argent, résuma-t'il au grand salon, les Gilets jaunes qui s'échinaient à rembourser des agios quand la notoriété vous ouvrait partout d'infinies lignes de crédit. Vous êtes vos propres actifs, martela-t'il à nos parents, ne sous-estimez pas votre valeur marchande. Il serait bien malheureux qu'à la veille des célébrations, les banques n'aperçoivent pas les retombées potentielles. Serge serait partout en couverture avec sa femme, sa charmante petite fille".

    Le monument national c'est Serge Langlois, un acteur qui pourrait être un mélange de Belmondo, Delon ou autre grosse pointure. Il a eu son heure de gloire, son étoile a un peu pâli, mais il est toujours dans le coeur des Français. Il vit dans un petit château, avec sa troisième femme Ambre, trente ans de moins que lui, accro à Instagram, offrant allègrement leur intimité a des foules béates. Ambre veut que leur vie soit parfaite et cultive uniquement la joie, refusant tout ce qui peut la contrarier. Une ombre au tableau, l'existence de Victoria, fille aînée de Serge, de surcroit amie de jeunesse d'Ambre. Victoria n'a pas digéré que sa meilleure amie épouse son père.

    On cultive la simplicité chez les Langlois. On vit sur un grand pied avec cinq domestiques, mais tout le monde se retrouve démocratiquement à cinq heures pour l'apéritif rituel. Il y a là le chauffeur, l'intendante, la nurse, la cuisinière et son mari jardinier.

    Par un heureux concours de circonstances vont surgir dans ce microcosme policé des ovnis du 93 voisin, Cendrine, nurse de remplacement, mère de Marvin, enfant hyperactif et Abdul, coach en tout genre. Nous savons dès le départ que Cendrine cache un passé mystérieux. Quant à Abdul, il a eu son moment de célébrité grâce à la danse, sans toutefois décoller davantage.

    L'histoire est racontée par la fille adoptive du couple Langlois, originaire d'un pays asiatique, arrivée avec son frère jumeau Orlando. Elle regarde avec un certain détachement les comportements bizarres des adultes. On se rendra compte au fur et à mesure qu'elle a elle-même ses failles.

    C'est le deuxième roman que je lis de Julia Deck, après "Propriété privée" et j'ai la même impression. C'est drôle, féroce, bien vu, j'ai passé un bon moment de lecture, mais c'est un peu superficiel et rapide. J'aimerais plus de profondeur dans les sujets traités. Il est question ici du choc des classes sociales, d'évasion fiscale, des gilets jaunes, de testament contesté par une famille recomposée, de confinement, du jeu des apparences, c'est un feu d'artifice qui n'explose pas assez.

    C'est tout de même jubilatoire parce que l'on reconnaît des évènements réels, ceux qui font la une de Paris-Match semaine après semaine, sans compter toute la presse people. Même le couple Macron y joue un rôle et on y croit.

    Je continuerai à lire l'autrice, j'ai l'impression qu'elle a bien plus à dire et vu son style, ce sera vraiment explosif.

    "On contracta donc un emprunt pour tenir jusqu'à l'été. Puis on reçut des nouvelles du Palais. C'est Sandrine qui, par mégarde, ouvrit l'enveloppe. Elle avait mal lu le nom du destinataire sur la papeterie gaufrée liserée d'or, se flagella-t'elle. Madame Eva leva un sourcil. Elle n'osa cependant pas rétorquer que notre nurse ne recevait jamais la moindre missive - à quoi bon lui écrire puisque Cendrine ne mettait ses pouces à contribution que pour jouer à Candy Crush sur son téléphone ? Bref, l'Elysée en la personne de Brigitte annonçait qu'on se faisait une joie. On s'interrogeait aussi sur l'opportunité de convier à la fête Virginia, la première fille de Serge."

    Julia Deck - Monument National - 208 pages
    Editions de Minuit - 2022

  • Le mur des silences

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    "Il savait parfaitement qu'il était le premier responsable. Il n'y aurait eu aucun dilemme s'il n'avait pas tergiversé et s'il s'était simplement empressé d'aller rapporter aux responsables de la prison la demande de Gustaf. S'il avait aidé Lukas sur la corniche en lui tendant son bras le plus vigoureux. S'il avait immédiatement avoué la vérité à Hugo. S'il l'avait avouée à Erna. S'il n'avait pas menti à Palmi toutes ces années durant."

    Konrad, policier à la retraite, revient pour une quatrième enquête. Comme d'habitude, deux affaires se chevauchent, l'une remontant à des décennies, mettant en cause un médecin pervers et une gamine retrouvée noyée dans un lac, la deuxième étant la recherche de l'assassin du père de Konrad. D'ailleurs, les deux affaires sont peut-être liées.

    Konrad rencontre de temps à autre Eyglo, la fille de l'homme qui escroquait de pauvres gens avec son père, leur faisant croire qu'ils pouvaient communiquer avec leurs chers disparus. Tout commence avec l'écroulement d'un mur dans un appartement, révélant la présence d'un squelette. Eyglo, elle-même médium, se souvient qu'elle était allée dans cet appartement à la demande de la locataire, et qu'elle y avait ressenti un fort malaise. Elle incite Konrad à en savoir plus auprès de ses anciens collègues.

    Ce n'est pas facile, des fuites récentes ont nui à la police et ses connaissances refusent de l'aider. Par ailleurs, il recontacte Palmi l'homme qui avait mené l'enquête sur la mort de son père. Il oublie seulement qu'il avait menti aux policiers à l'époque, et il se retrouve en difficulté, soupçonné à nouveau d'être le meurtrier, lui ou sa mère.

    Konrad suit pas mal de pistes, autant dans une affaire que dans l'autre. Il est question de violences conjugales, de pédophilie, d'inceste, de vols et de règlements de comptes brutaux. Konrad a un sale caractère, il abuse de l'alcool, il ne sait pas comment se sortir de ses mensonges et il réussi l'exploit de se fâcher avec quasiment tout le monde, y compris son fils. Il sait qu'il exagère souvent, qu'il va trop loin, mais il ne peut pas s'en empêcher et il recommence. Ce qui ne le rend pas très sympathique.

    Il avance dans ce qui a pu arriver à son père, sans toutefois éclaircir complètement le meurtre. Ce qui veut dire que nous le retrouverons une cinquième fois.

    J'ai aimé retrouvé l'atmosphère particulière des romans d'Arnaldur Indridason, la lente montée de la tension, l'intérêt pour les personnages pris dans des histoires du passé qui les dépassent.

    Arnaldur Indridason - Le mur des silences - 320 pages
    Traduit de l'Islandais par Eric Boury
    Editions Métailié - 2022