Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rien ni personne

31uf48IBr1L._SX195_.jpg

"A la fin de l'audience de conciliation, la juge avait débité son discours en soulignant que monsieur apparaissait comme un personnage imprévisible et violent au passé de délinquant multirécidiviste, sans emploi à ce jour, squattant une caravane et venant de se faire retirer son permis pour conduite en état d'ivresse et qu'au vu de ces éléments, l'enfant serait confié à sa mère. Dans sa grande magnanimité, elle accordait au père un droit de visite sans hébergement un dimanche sur deux de dix heures à dix-huit heures, en attendant que monsieur trouve un logement digne de ce nom pour accueillir l'enfant".

Voilà un court roman qui cogne fort sur un sujet pas si souvent abordé, l'amour paternel. Le père, Dylan, qui est le narrateur, a multiplié les bavures et les mauvais choix. Il a beau savoir qu'il est enclin au pétage de plombs, il a l'art de se fourrer dans des situations sans issue.

Nous faisons sa connaissance alors qu'il est interné en hôpital psychiatrique après un accès de violence. Bourré de médicaments, il a l'esprit encore moins clair que d'habitude lorsqu'il apprend que Clara, son ex-compagne a l'intention de déménager à l'autre bout du pays, emmenant Nino, leur fils de deux ans avec elle. C'est pour lui la certitude de ne plus le voir et c'est intolérable.

Dès lors se met en route une chaîne de réactions qui ne s'arrêtera plus. Dylan réussi à se faire la belle de l'hôpital et récupère son fils, l'entraînant dans une cavale qui ne pourra que mal se terminer.

Son amour pour son fils est incommensurable, la seule belle chose qui lui soit arrivée dans la vie. Il a cru un moment pouvoir vivre une vie de famille normale avec Clara, mais c'était sans compter sur les propres problèmes de celle-ci, droguée, instable, manipulatrice. La première année de Nino, c'est Dylan qui s'en est complètement occupé, Clara n'étant pas en étant de le faire.

C'est une histoire très réaliste, le langage est direct, Dylan n'a pas les mots qui lui permettraient peut-être de réagir autrement. En s'enfuyant, il sait que son geste est désespéré, qu'il va être poursuivi, mais il va de l'avant, dominé par sa souffrance et le besoin de son enfant.

Je ne vous cache pas qu'en pressentant la fin, j'ai ralenti ma lecture, freinant des quatre fers en espérant me tromper. Mais quel choix la société a-t'elle laissé à Dylan tout au long de sa vie ? Je me suis souvenue avoir eu les mêmes réflexions à la lecture de "Bord de mer" de Véronique Olmi.

En refermant le livre, reste un certain nombre de questions, assez vertigineuses autant d'un point de vue personnel que collectif.

Ludovic Joce - Rien ni personne - 146 pages
Editions du Jasmin - 2022

Commentaires

  • La couverture est jolie, pour ce qui est du sujet, je ne sais pas trop et il me paraît très court, j'ai peur de rester sur ma faim.

  • Il est court mais l'essentiel est dit.

  • Des pères qui emmènent leur enfant, on a cela aux informations, mais c'est vrai qu'on sait rarement comment cela se passe dans les mois et les années après ou avant.

  • Il y a au mieux un article de journal que l'on oublie très vite. Là, on rentre dans les détails et ça fait mal.

  • Ça m’a l’air très dur, et je suppose une fin tragique ... on verra plus tard ! ;)

  • C'est un roman noir c'est certain. Il faut choisir son moment pour le lire.

  • Toujours poignant de voir un enfant déchiré entre ses parents....et parfois le dénouement est tragique!!
    Tu laisses planer le suspense..
    Il est noté .

  • Ce genre d'histoire se termine rarement bien hélas. Et là il y a un cumul de handicaps sociaux, personnels, sociétaux etc ..

  • C'est intense oui et le style est nerveux. Il devrait te plaire.

  • c'est intéressant et même si c'est dur ce genre de roman oblige à s'interroger
    les séparations font des dégâts mais par dessus tout lorsque les enfants sont en quelque sorte otage des effets

  • Il y a tellement de séparations conflictuelles où les enfants trinquent. Ici, c'est poussé à son paroxysme.

  • C'est très dur, comme sujet et (je me souviens de Bord de mer), je ne pense pas avoir envie de me plonger dans ce drame.

  • Je me doutais que quelques unes se souviendraient de "bord de mer" tout comme moi. Je comprends que tu n'aies pas particulièrement envie de le lire, surtout en ce moment. Il faut être prête.

  • Je dirais plutôt qui bouscule. On ne peut pas ignorer que ces situations là existent et heureusement qu'elles nous dérangent ..

  • Que de drames, que d'enfants au milieu de ces drames, que de souffrances !!! Ayant travaillé avec des handicapés mentaux et sociaux, j'ai vu des situations terribles, enfants traumatisés, parents déchus, de l'amour mais tant de violence... Notre société accouche de sa folie, j'ai l'impression que tout va crescendo. Merci Aifelle, doux week end, à bientôt. brigitte

  • Même impression que toi, les passages à l'acte sont fréquents dans trop de situations, ce qui veut dire que nous ne faisons pas tout ce qu'il serait possible en amont. Et les inégalités qui se creusent ne vont rien arranger.

  • Quelle souffrance, je ne peux que l'imaginer. Priver l'enfant d'amour "pour son bien", c'est terrible.

  • Il y a des manques et des souffrances qui se transmettent bien de génération en génération ; dans cette tourmente, les pauvres enfants sont souvent les premières victimes hélas. Le plus difficile, c'est le sentiment d'impuissance que nous avons devant ce genre de situation.

  • J'attendais d'avoir rédigé mon billet pour lire le tien. Tu es au top !:)

  • Merci ! venant de toi j'apprécie particulièrement. J'attends ton billet avec impatience.

Écrire un commentaire

Optionnel