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  • Ne m'oublie pas

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    La grand-mère de Clémence, Marie-Louise est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Placée en établissement, elle vient de fuguer pour la troisième fois. La directrice n'en tolèrera pas une quatrième, il va falloir passer à un traitement chimique fort.  Visite après visite, Clémence ne supporte pas de voir sa grand-mère s'effacer de plus en plus et sur une impulsion, elle prend la fuite avec elle, déterminée à l'emmener revoir sa maison d'enfance, au bord de la mer.

    Marie-Louise a 20 ans dans sa tête, veut rentrer à la maison familiale, persuadée que ses parents l'attendent avec inquiétude.

    Clémence sait qu'elle a mal agi et réalise en route qu'elle ne sait pas vraiment dans quoi elle s'est embarquée, avec une malade imprévisible et fragile. De plus, elle ne sait pas précisément où est la maison en question.

    Sur cette trame qui pourrait tirer sur le tragique et les larmes, le périple est raconté avec beaucoup de tendresse et un bon grain de folie. Marie-Louise a des moments de lucidité qui favorisent les échanges sur le passé et éclairent les relations entre trois femmes, grand-mère, mère et fille, toutes confrontées à des situations différentes.

    Les dessins sont pleins de douceur, certaines scènes sont sans dialogue et se suffisent à elles-mêmes.

    Un album touchant, à ne pas manquer. Il a obtenu le prix France-Culture Etudiants BD 2021

    L'avis de Pativore et Philisine

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    Alix Garin - Ne m'oublie pas - 224 pages
    Editions Lombard - 2021

  • Sauvagines

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    "Tu arrives chez moi à pied, par derrière. Il y a une entrée pas loin où tu caches ton véhicule pour braconner près de la pourvoirie, mais tu as aussi un stationnement à l'abri des regards près du chalet de Lionel, au bord de la rivière aux Perles. Si par au moins deux fois tu es venu rôder en mon absence, c'est que tu m'étudies depuis un certain temps".

    Raphaëlle Robicheau est agente de protection de la nature dans le Kamouraska, au nord-est du Québec, au coeur de la forêt boréale. Elle y vit dans une cabane, dans un environnement qui la comble. La quarantaine, solitaire, on devine entre les lignes qu'elle a eu affaire à la violence des hommes et qu'elle a choisi volontairement de s'éloigner pour se consacrer à la défense de la faune et de la forêt. Elle préfère la compagnie des animaux à celle de ses contemporains, exception faite pour certains, comme son vieil ami Lionel, qui veille sur elle mieux qu'un père.

    La première réflexion qui m'est venue est que la Canada n'est pas plus actif que nous dans la lutte contre la diminution de la biodiversité et la protection de la nature. Les coupes de bois sont ravageuses, remplacées par des essences qui rapporteront rapidement. Le braconnage est plus que toléré, les dates de chasse pas respectées, puisqu'il est même permis de tirer des espèces en voie de disparition.

    Lorsque son chien, Coyote, est pris au piège dans un collet, Raphaëlle ne décolère pas, et détruit un site de braconnage où elle trouve un vrai charnier qui atteste de l'ampleur du problème. Dès lors, elle se met en tête d'arrêter le responsable. Difficile dans ce coin perdu, où ce sont souvent une ou deux familles qui font régner leur loi au vu et au su de tous. Elle ne sera pas soutenue par l'office qui l'emploie, en réalité quasiment impuissant.

    Lorsqu'elle s'aperçoit que le braconnier est sur ses traces et qu'elle est devenue proie à son tour, commence un jeu dangereux qui va la mener loin.

    Dans son désarroi et sa peur, elle va trouver un appui en rencontrant Anouk, personnage principal d'"Encabanée", aussi solitaire qu'elle, déterminée à l'aider. Entre les deux femmes il y aura plus qu'une amitié, l'amour s'en mêle, trop heureuses qu'elles sont de se découvrir tant d'affinités.

    Tout comme dans "Encabanée", j'ai apprécié les tournures de langage québécois, les magnifiques descriptions de la vie en pleine nature, les moments de poésie et de beauté. Mais ce n'est pas une histoire douce et paisible, la colère est omniprésente, la violence aussi. Il y a des scènes difficiles à supporter, la souffrance animale y est décrite sans fard mais sans complaisance. Sans parler de la violence des individus.

    La stratégie trouvée par Raphaëlle pour se débarrasser du braconnier et retrouver sa forêt n'est pas des plus simples. Elle installe un suspense fort et des sentiments ambivalents.

    Une lecture qui tient les promesses d'Encabanée. Il va falloir attendre un an avant la parution en France du dernier roman de la trilogie "Bivouac" qui vient de sortir au Canada.

    "J'aimerais que les avions de l'armée canadienne servent, plutôt qu'aux desseins américains, à parcourir notre espace vital pour dénombrer les survivants. Bon sang, faites au moins un inventaire faunique avant de décider de lever les quotas de piégeage de nos beautés boréales ! Combien en reste-t'il, de renards arctiques ? Puis à quel parallèle s'arrêtent véritablement les coupes à blanc ? Autre question : pourquoi est-il plus important de traverser l'Atlantique en avions de guerre que d'installer l'électricité dans les réserves indiennes une fois pour toutes ?

    Lecture commune avec Sandrine

    Gabrielle Filteau-Chiba - Sauvagines - 368 pages
    Editions Stock - 2022

  • Bon dimanche

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  • Le serment

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    "Ce n'était que le regard vide d'un homme dont l'alcool avait rongé le cerveau, comme il en avait vu des centaines. Des yeux qui n'avaient soif que d'une chose. Du prochain verre qui aiderait leur propriétaire à oublier tous les précédents qui l'avaient mis dans cet état"

    L'action de ce polar se situe dans la région de Pori, en Finlande. Jari Paloviita vient d'être nommé directeur d'enquête, une promotion qui tombe à pic pour lui, même si c'est en attente du retour du titulaire du poste. S'il se sent bien dans son travail, il ne peut pas en dire autant de son couple qui traverse une crise sévère. Pressé de retrouver sa femme, il laisse ses adjoints, Henrik Oksman et Linda Toivonen, s'occuper d'un crime qui vient d'être commis.

    Dans un chalet isolé où une centaine de personnes faisaient la fête depuis deux jours, un invité en a poignardé un autre avant de s'enfuir dans les bois environnants. La pluie qui tombe en continu rend le travail difficile et la boue efface rapidement les traces. Le suspect principal est retrouvé et arrêté. Les personnes présentes sont dans un tel été d'ébriété et d'abrutissement général que les enquêteurs peinent à reconstituer la scène.

    Jari Paloviita survole l'enquête, ayant pleine confiance en ses adjoints, jusqu'au moment où il voit les noms de l'homme assassiné et du suspect. Le passé lui revient en boomerang d'un seul coup. Tétanisé, il doit admettre que le suspect est son ami d'enfance et le mort celui qui les a tourmentés au-delà de l'imaginable. Il a fait table rase de ce passé, même sa femme n'est pas au courant de ce qu'il a vécu.

    Il cherche à cacher qu'il les a connus tous les deux et à partir de là, il se met à agir de manière irrationnelle, à mentir et à se conduire injustement avec son équipe. Son comportement devient de plus plus étrange aussi aux yeux de sa femme et de ses deux filles, ce qui n'arrange pas la situation.

    Les racines du drame sont dévoilées par flash-back, remontant aux années 1990. La victime et le suspect avait en commun des pères très violents et cette violence s'est répercutée de manière différente chez l'un et l'autre. Jari se sent coupable de ne pas avoir cherché à savoir ce que devenait son ami, Antti, clochardisé, alors que lui a un bon travail, une belle maison et deux adorables fillettes.

    Jari va se mettre en danger à tout point de vue pour continuer à dissimuler ce qu'il sait et mener l'enquête seul de son côté, à rebours de ses adjoints. Ceux-ci sentent que quelque chose n'est vraiment pas normal, sans pouvoir mettre le doigt sur quoi.

    L'intrigue est bien menée, malgré quelques longueurs et des invraisemblances. Un peu trop classique peut-être avec ses enquêteurs aux multiples problèmes. Outre Jari, Henrik Oksman, excellent enquêteur, n'est pas aimé de ses collègues, froid, bourré de tocs, il tait lui aussi un passé dur. Et là, c'est l'enquêtrice, Linda, qui a un gros problème avec l'alcool.

    Il semblerait que ce soit le premier d'une série. Reprendra-t'elle les mêmes enquêteurs ? Après les mensonges et infractions multiples commis par Jari Paloviita au nez et à la barbe de ses collègues, je me demande comment il envisage la suite de sa carrière.

    Un auteur à découvrir et peut-être à suivre.

    L'avis de Violette

    Artuu Tuominen - Le serment - 432 pages
    Traduit du finnois par Anne Colon du Terrail
    Editions de la Martinière - 2021

  • Blizzard

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    "Je ne peux pas rentrer, je ne peux pas lui expliquer, ce serait trop d'un seul coup. Il est solide, mais il y a des choses qui sont trop dures à entendre. De toute façon, je ne peux pas laisser le petit tout seul. Puisque je ne sais même pas dans quelle direction aller, je vais marcher droit devant moi, c'est ce qu'il a dû faire".

    Je l'ai attendu un certain temps ce roman, aussi lorsqu'il est arrivé chez moi, je me suis jetée dessus comme quelqu'un qui n'aurait rien d'autre à se mettre sous la dent (sic). Je n'en ai fait qu'une bouchée.

    Dès le départ, nous sommes dans l'ambiance. Une jeune femme Bess, erre dans le blizzard, quelque part en Alaska, à la recherche d'un petit garçon dont elle a lâché la main et qui a disparu en une seconde.

    Que faisait-elle dehors avec l'enfant par un temps pareil ? Deux hommes, Benedict et Cole partent à sa recherche, l'un rongé d'inquiétude pour le garçon, l'autre furieux après Bess qu'il ne peut pas supporter.

    Deux autres personnages vont entrer dans l'action. Clifford et Freemann. Quels sont les liens exacts entre eux, nous le découvrirons petit à petit, au fil des chapitres où nous pénétrons dans les pensées de chacun.

    Le point fort de ce premier roman est de nous tenir en haleine avec des chapitres courts et nerveux qui dévoilent au compte-gouttes le passé des quatre protagonistes, douloureux et sombre. S'ils sont dans ce coin perdu, au coeur d'une nature hostile, c'est qu'ils ont de bonnes raisons de fuir le monde.

    La recherche du petit prend de plus en plus d'intensité et d'urgence. Les chances de le retrouver vivant s'amenuisent. Et tous ne poursuivent pas le même but.

    Il faudra attendre la fin pour saisir toutes les ficelles de l'histoire. La construction du roman est efficace, si j'ai une réserve, c'est sur l'accumulation de secrets peut-être excessive. Le jeune garçon n'est évoqué qu'en creux alors que c'est lui le pivot de l'histoire. Ce sont surtout les tourments intérieurs des adultes qui sont sur le devant de la scène.

    C'est un premier roman prometteur, je ne suis pas sûre de le garder en mémoire longtemps, mais un moment de lecture aussi prenant est toujours bon à prendre.

    Quelques avis : Eimelle Keisha Krol Luocine etc ..

    Marie Vingtras - Blizzard - 192 pages
    Editions de l'Olivier - 2022

  • Bon dimanche

    Ballets Jazz Montréal (musique Philip Glass)

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    Crédit photo : Raphaëlle Garcia

  • Les photos du jour

    Etretat, hier. Météo inespérée ..

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    Eboulements récents, ne surtout pas marcher au pied des falaises ..

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  • Olive Kitteridge

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    "Depuis quelque temps, ils passaient vraiment de bons moments ensemble. Un peu comme si leur vie de couple avait été un long repas très compliqué, mais qu'à présent ils pouvaient déguster un délicieux dessert".

    Je me demande comment j'ai pu passer aussi longtemps à côté de ce roman, pourtant souvent vu sur les blogs. J'ai passé un excellent moment et j'ai pu lire sans attendre la suite parue en septembre dernier "Olive, enfin" (billet à venir).

    En fait, il ne s'agit pas seulement d'Olive, mais de l'histoire de toute une petite ville côtière du Maine, Crosby. Le roman est constitué de treize textes où Olive est tantôt le personnage principal, tantôt juste une apparition rapide.

    Une fois compris le principe, je me suis adaptée rapidement et me suis familiarisée avec les nombreuses personnes connaissant Olive de près ou de loin. Olive est mariée à une crème d'homme, Henry, avec qui elle n'est pourtant pas particulièrement aimable. Elle étouffe son fils, Christopher, sans s'en rendre compte. Elle est également redoutée en tant que professeur de mathématiques, sa réputation est exécrable. Mais il ne faut pas s'arrêter à cette première impression. Si Olive est cassante, virulente et s'exprime cash, elle est aussi capable d'aider des jeunes en détresse, à sa manière, et de s'intéresser à son entourage.

    C'est une femme complexe, traversée d'émotions contradictoires, qui ne sait pas communiquer normalement avec les autres. Malgré ses côtés rébarbatifs, elle est attachante. Nous la suivons de l'âge adulte à la vieillesse, ce qui permet de la voir évoluer et se confronter aux conséquences d'attitudes passées.

    Olive sait aussi se moquer d'elle-même et de ses défauts ; il y a dans cette histoire un mélange de férocité et de drôlerie, dosé avec subtilité et une certaine tendresse. Les autres personnages sont traités avec la même subtilité, la même finesse psychologique. Olive confrontée à son fils marié donne lieu à des passages à la fois impitoyables et tellement humains. Elle est bien plus fragile qu'elle n'en a l'air.

    Le dernier chapitre montrera que la vie ne s'arrête pas au seuil de la vieillesse et qu'elle réserve encore des surprises inespérées.

    Pour résumer, une très bonne lecture (prix Pulitzer 2009) et la suite est tout aussi réussie.

    Elizabeth Strout - Olive Kitteridge - 375 pages
    Traduit par Pierre Brévignon
    Le Livre de Poche - 2012

  • Bon dimanche

    Mes lectures me portent souvent vers le grand nord en ce moment. Je vais rester dans l'ambiance avec la vidéo du jour.

    Marie Boine

    musique du monde
    Crédit photo : Grégor Hohenberg