Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sauvagines

Sauvagines.jpg

"Tu arrives chez moi à pied, par derrière. Il y a une entrée pas loin où tu caches ton véhicule pour braconner près de la pourvoirie, mais tu as aussi un stationnement à l'abri des regards près du chalet de Lionel, au bord de la rivière aux Perles. Si par au moins deux fois tu es venu rôder en mon absence, c'est que tu m'étudies depuis un certain temps".

Raphaëlle Robicheau est agente de protection de la nature dans le Kamouraska, au nord-est du Québec, au coeur de la forêt boréale. Elle y vit dans une cabane, dans un environnement qui la comble. La quarantaine, solitaire, on devine entre les lignes qu'elle a eu affaire à la violence des hommes et qu'elle a choisi volontairement de s'éloigner pour se consacrer à la défense de la faune et de la forêt. Elle préfère la compagnie des animaux à celle de ses contemporains, exception faite pour certains, comme son vieil ami Lionel, qui veille sur elle mieux qu'un père.

La première réflexion qui m'est venue est que la Canada n'est pas plus actif que nous dans la lutte contre la diminution de la biodiversité et la protection de la nature. Les coupes de bois sont ravageuses, remplacées par des essences qui rapporteront rapidement. Le braconnage est plus que toléré, les dates de chasse pas respectées, puisqu'il est même permis de tirer des espèces en voie de disparition.

Lorsque son chien, Coyote, est pris au piège dans un collet, Raphaëlle ne décolère pas, et détruit un site de braconnage où elle trouve un vrai charnier qui atteste de l'ampleur du problème. Dès lors, elle se met en tête d'arrêter le responsable. Difficile dans ce coin perdu, où ce sont souvent une ou deux familles qui font régner leur loi au vu et au su de tous. Elle ne sera pas soutenue par l'office qui l'emploie, en réalité quasiment impuissant.

Lorsqu'elle s'aperçoit que le braconnier est sur ses traces et qu'elle est devenue proie à son tour, commence un jeu dangereux qui va la mener loin.

Dans son désarroi et sa peur, elle va trouver un appui en rencontrant Anouk, personnage principal d'"Encabanée", aussi solitaire qu'elle, déterminée à l'aider. Entre les deux femmes il y aura plus qu'une amitié, l'amour s'en mêle, trop heureuses qu'elles sont de se découvrir tant d'affinités.

Tout comme dans "Encabanée", j'ai apprécié les tournures de langage québécois, les magnifiques descriptions de la vie en pleine nature, les moments de poésie et de beauté. Mais ce n'est pas une histoire douce et paisible, la colère est omniprésente, la violence aussi. Il y a des scènes difficiles à supporter, la souffrance animale y est décrite sans fard mais sans complaisance. Sans parler de la violence des individus.

La stratégie trouvée par Raphaëlle pour se débarrasser du braconnier et retrouver sa forêt n'est pas des plus simples. Elle installe un suspense fort et des sentiments ambivalents.

Une lecture qui tient les promesses d'Encabanée. Il va falloir attendre un an avant la parution en France du dernier roman de la trilogie "Bivouac" qui vient de sortir au Canada.

"J'aimerais que les avions de l'armée canadienne servent, plutôt qu'aux desseins américains, à parcourir notre espace vital pour dénombrer les survivants. Bon sang, faites au moins un inventaire faunique avant de décider de lever les quotas de piégeage de nos beautés boréales ! Combien en reste-t'il, de renards arctiques ? Puis à quel parallèle s'arrêtent véritablement les coupes à blanc ? Autre question : pourquoi est-il plus important de traverser l'Atlantique en avions de guerre que d'installer l'électricité dans les réserves indiennes une fois pour toutes ?

Lecture commune avec Sandrine

Gabrielle Filteau-Chiba - Sauvagines - 368 pages
Editions Stock - 2022

Commentaires

  • Je suis très contente d'avoir fait cette lecture commune avec toi car nos deux billets se complètent très bien et montrent notre enthousiasme. J'ai hâte de découvrir "Bivouac"... Comme toi j'ai été aussi très sensible à l'aspect écologique du livre !

  • Je crois avoir lu que l'autrice est elle-même une militante écologiste. Je ne pensais pas que le Canada était aussi mauvais en terme de protection de la nature. J'ai aimé aussi le côté féministe, même si j'ai trouvé la romance entre les deux femmes un peu superflue par moment.

  • Ce qui m'avait agacée dans encabanée, c'est l'intervention du type à la fin, OK, c'est un militant, mais pff, ça faisait pas très naturel.
    Là en revanche ça m'attire plus.
    Oui, on dirait que la belle nature du québec n'est pas bien respectée. Soupirs...

  • Je n'avais pas eu la même impression que toi à l'arrivée de l'homme, en tout cas ça ne m'avait pas choquée. Et j'avais beaucoup aimé toutes les têtes de chapitres avec les listes.

  • Je lis ta réponse à Sandrion, on dirait que l'auteur a récidivé, il lui faut sa romance à tous les coups? ^_^ Tu comprends que je préfère les récits sur la nature en non fiction.
    (et si tu n'as pas vu le film La panthère des neiges, n'hésite pas!!!)

  • L'histoire d'amour entre les deux filles est un peu trop par moment, la traque autour du braconnage se suffisait à elle-même. Je pense que ça t'énerverait. Mais sur la nature, la faune etc .. c'est superbe et terrible.

  • Tu vas le faire remonter ne haut de ma PAL :) Mais si non, le chien s'en sort ou pas ? Merci d'avance:)

  • Le chien s'en sort oui, ce n'est pas un gros scoop ! Tout le monde ne peut pas en dire autant dans ce roman.

  • J'avais notée Encabanée chez toi, et j'ai vu qu'il était sorti en poche, je commencerai donc dans l'ordre, j'ignorais qu'il s'agissait d'une trilogie.
    Et j'en rajoute au commentaire de Keisha, j'ai vu La panthère des neiges ce week-end, et cela a été un enchantement..

  • Je n'en doute pas pour "la panthère des neiges" mais quand je vois Sylvain Tesson quelque part, je bloque ... J'attendrai le passage télé pour voir. J'aurais préféré que ce soit le photographe tout seul.

  • Je pensais aussi que le Canada était un pays proche de l'environnement et respectueux de ces si beaux horizons, il n'en est rien!!
    Je commencerai aussi par "encabannée" que j'avais noté.

  • Ils peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre. "Encabanée" est un texte beaucoup plus court, il te donnera une idée du ton et de l'univers de l'autrice.

  • C'est vrai que c'est lui que j'ai trouvé le plus touchant. mais tu vois, moi qui ne suis vraiment pas fan de Tesson, j'ai trouvé qu'il exprimait dans ce film une forme d'humilité et d'auto dérision qui le rendent plutôt sympathique..
    Et c'est tout de même dommage de ne pas le voir sur grand écran :)

  • Je n'ai plus le choix, il ne passe plus chez moi .. De toute façon, en ce moment je ne vais pas au cinéma, tant que le covid circule aussi bien. J'essaie de faire le maximum pour ne pas l'attraper.

  • D'où la colère permanente de Raphaëlle .. c'est un roman, mais avec un solide arrière fond écologique et social.

  • Ma lecture passera d'abord par Encabanée, maintenant que le poche est disponible...

  • C'est une chance qu'Encabanée soit sorti en poche, c'est une bonne entrée en matière pour voir si tu accroches.

  • j'ai beaucoup aimé encabanée donc je suis preneuse et heureuse de voir que l'impression positive sur l'auteur ne se tarit pas chic

  • Non seulement l'impression est bonne, mais cette fois-ci tu n'auras pas cette frustration d'un texte un peu trop court. Le propos écologiste est encore plus marqué, l'autrice n'a pas reculé devant la difficulté.

  • j'ai très envie de découvrir cette romancière, je n'ai toujours pas lu Encabanée... ou alors vais-je commencer par celui-là?

  • Commence par "Encabanée" qui est sorti en poche. Tu auras une idée de son style et de ses luttes.

  • C'est souvent ce que je fais avec les séries, mais là je trouve que ce n'est pas trop gênant d'attendre.

  • Je viens de lire un livre qui présente le même thème de la nature dans une réserve à protéger; Un bon livre et qui parle bien de la nature et des animaux : Dans la gueule du loup

  • C'est un thème qui est de plus en plus fréquent dans les livres ; je ne connais pas le roman que tu évoques, je vais voir de plus près.

  • A propos de la panthère des neiges, il faut le voir sur grand écran! OK Tesson m'avait pas mal agacée dans son livre, et là je craignais; mais là bon il laisse la place à Munir quand même, il ne la ramène pas trop (ça reste Tesson quand même) mais fichtre quelles images!!!!! Ne t'n prive pas. ces animaux sont fabuleux, je t'assure, tu aimeras. (tant pis pour Tesson)

  • Pour le voir sur grand écran, il faut que j'attende maintenant qu'il ressorte à une occasion ou à une autre parce que là, il ne passe plus.

  • Tesson est un personnage très clivant .. Au fait, tu as dû faire des voyages au Canada ?

  • On a vraiment les mêmes envies lectures en ce moment (tu vas me dire ; toujours, finalement ;0) donc ; déjà dans ma PAL

  • Alors tu sais ce qu'il te reste à faire ..

  • Et c'est vrai que moi aussi je m'imaginais qu'au Canada ils étaient plus à la page par rapport à la protection de la nature

  • Nous avions donc les mêmes illusions.

  • Je ne suis pas surprise de retrouver ce roman chez toi! Il avait tout pour te plaire. je ne me pose qu'une question :
    "Pourquoi croyais-tu que la nature humaine était différente au Canada," . L'exploitation forestière du Canada est une catastrophe écologique dont les récents incendies et inondations en sont la preuve tangible.

  • Je ne pense pas que la nature humaine soit différente, mais je pensais qu'ils avaient des dirigeants plus pragmatiques côté changement climatique. J'avais oublié à quel point ils ressemblent aux Américains dans leur fonctionnement. Le profit, le profit, le profit, quitte à ne pas laisser de planète aux générations futures.

  • Notre monde est incroyable, malheureusement ce n'est pas nouveau. Pauvre héroïne, quel courage de s'attaquer à défendre ces lieux et leurs habitants, la tâche est immense, souhaitons que l'Homme se réveille. Je t'embrasse, merci Aifelle, douce journée. brigitte

  • La destruction et le profit sont partout, c'est assez désespérant. Comme c'est un roman, l'autrice s'est permis d'aller loin dans la résolution du problème, mais il faut reconnaître que les citoyens sont désarmés devant la puissance des industriels et des politiques. Bon week-end Brigitte, bises.

  • Je n'ai pas lu "encabannée" ! Ce titre me tente bien même si je crains énormément les descriptions de souffrance animale causée par l'Homme.
    En France aussi, on a le droit de chasser et tuer des espèces pourtant protégées, et donc en diminution d'effectif. Et que dire des méthodes de chasses, comme celle de la glue, qui vient enfin d'être interdite... mais jusqu'à quand ?!

  • J'ai parlé de la souffrance animale parce que je sais que certaines blogueuses ne peuvent pas lire sur le sujet et je le comprends. Je sais bien qu'en France aussi, les chasseurs ont un pouvoir scandaleux, surtout depuis cinq ans et que l'on est plutôt en recul. Les lobbys sont tout-puissants hélas.

  • Les deux filles sont très engagées. Dans la vie l'autrice aussi (mais je ne la soupçonne pas d'être allée aussi loin que son personnage. Tu comprendras si tu la lis).

  • Je viens d'enchaîner Encabannée et Sauvagines, et j'ai beaucoup aimé, tant pour l'engagement que pour l'écriture!

  • Nous sommes d'accord ! nous n'avons plus qu'à patienter jusqu'à la parution du troisième, l'année prochaine.

Écrire un commentaire

Optionnel