"Depuis quelque temps, ils passaient vraiment de bons moments ensemble. Un peu comme si leur vie de couple avait été un long repas très compliqué, mais qu'à présent ils pouvaient déguster un délicieux dessert".
Je me demande comment j'ai pu passer aussi longtemps à côté de ce roman, pourtant souvent vu sur les blogs. J'ai passé un excellent moment et j'ai pu lire sans attendre la suite parue en septembre dernier "Olive, enfin" (billet à venir).
En fait, il ne s'agit pas seulement d'Olive, mais de l'histoire de toute une petite ville côtière du Maine, Crosby. Le roman est constitué de treize textes où Olive est tantôt le personnage principal, tantôt juste une apparition rapide.
Une fois compris le principe, je me suis adaptée rapidement et me suis familiarisée avec les nombreuses personnes connaissant Olive de près ou de loin. Olive est mariée à une crème d'homme, Henry, avec qui elle n'est pourtant pas particulièrement aimable. Elle étouffe son fils, Christopher, sans s'en rendre compte. Elle est également redoutée en tant que professeur de mathématiques, sa réputation est exécrable. Mais il ne faut pas s'arrêter à cette première impression. Si Olive est cassante, virulente et s'exprime cash, elle est aussi capable d'aider des jeunes en détresse, à sa manière, et de s'intéresser à son entourage.
C'est une femme complexe, traversée d'émotions contradictoires, qui ne sait pas communiquer normalement avec les autres. Malgré ses côtés rébarbatifs, elle est attachante. Nous la suivons de l'âge adulte à la vieillesse, ce qui permet de la voir évoluer et se confronter aux conséquences d'attitudes passées.
Olive sait aussi se moquer d'elle-même et de ses défauts ; il y a dans cette histoire un mélange de férocité et de drôlerie, dosé avec subtilité et une certaine tendresse. Les autres personnages sont traités avec la même subtilité, la même finesse psychologique. Olive confrontée à son fils marié donne lieu à des passages à la fois impitoyables et tellement humains. Elle est bien plus fragile qu'elle n'en a l'air.
Le dernier chapitre montrera que la vie ne s'arrête pas au seuil de la vieillesse et qu'elle réserve encore des surprises inespérées.
Pour résumer, une très bonne lecture (prix Pulitzer 2009) et la suite est tout aussi réussie.
Elizabeth Strout - Olive Kitteridge - 375 pages
Traduit par Pierre Brévignon
Le Livre de Poche - 2012