"Regarde-les, s'assombrit Janot en levant le menton vers les autres. Regarde-les, ça ne fait pas encore un an qu'on est ici et c'est comme si le monde d'avant n'était plus qu'un vieux souvenir. On dirait presque que ça fait leur affaire. Quand je pense qu'on aurait assez d'essence dans le cabanon pour remplir les réservoirs des véhicules qu'on a cachés sous des branches au débarcadère, je me dis qu'il vaudrait peut-être mieux retourner au village".
Nous retrouvons ici le narrateur de "le fil des kilomètres" et "le poids de la neige". Nous n'avons pas plus d'éléments sur ce qui se passe dans le pays (le Québec). Une panne d'électricité géante a entraîné une succession de dysfonctionnements, manque d'essence, manque de vivres, errance de la population, constitution de petits groupes plus ou moins dangereux. C'est chacun pour soi pour la survie en attendant une hypothétique issue.
Le narrateur a passé l'hiver dans une maison sous la neige, les jambes brisées après un accident. Il est remis plus ou moins sur pied et c'est dans la forêt que nous le retrouvons, décidé à rejoindre des membres de sa famille, oncles et tantes. Il sait qu'ils sont réfugiés au camp d'été où il passait ses vacances enfant, loin de tout, vivant de chasse et de pêche.
Ce troisième opus est aussi bon que le précédent. Après l'hostilité de l'hiver et de la neige, c'est à la forêt profonde que se confronte le voyageur, devant se méfier à la fois de la nature et des hommes. Il chemine seul, jusqu'à ce qu'un curieux gamin de 12 ans se trouve sur son chemin. Seul lui aussi, il aide le narrateur à sortir d'un mauvais pas. Il paraît se débrouiller dans toutes les situations, ne parle pas de lui ou raconte des histoires différentes, mais ne lâche plus l'homme qui finit par accepter sa présence.
Malgré le contexte post-apocalyptique, la nature a la part belle dans cette histoire. Le narrateur aime sentir la forêt autour de lui, sa végétation, le silence, les présences furtives, avec toujours en tête l'île ou il retrouvera les siens. Mais sera-t'il bien accueilli ? D'autant qu'il arrive avec un enfant, ils représentent deux bouches de plus à nourrir.
J'ai retrouvé avec plaisir l'ambiance qui m'avait conquise dans "le poids de la neige", un mélange de contemplation et même d'une fusion avec les éléments naturels et par ailleurs le poids des relations humaines. Chaque rencontre a son lot d'inquiétude, génératrice d'entraide ou de violence. Et pour tous ces gens, l'espoir de retrouver un jour une situation normale.
Dans ce dernier opus, le narrateur fait l'expérience d'une relation quasiment paternelle envers l'enfant, malgré leurs multiples accrochages et coups de colère, réservant une fin puissante et bouleversante.
Une trilogie à découvrir sans hésitation.
Christian Guay-Poliquin - Les ombres filantes - 344 pages
La Peuplade - 2021
Commentaires
Un tour au Québec? Je note mais peut être doit on lire les livres dans l ordre ?
L'auteur dit que l'on peut tous les lire indépendamment les uns des autres. C'est vrai, mais pour moi c'est mieux de les prendre dans l'ordre : Le fil des kilomètres, le poids de la neige et les ombres filantes.
rien que pour cela, tu as très bien fait de rouvrir un blog!
C'est ce genre de livre que j'ai plaisir à partager, un peu loin des quinze auteurs français dont les medias nous abreuvent à chaque rentrée littéraire.
Je suis certaine que ta nouvelle maison te plaira. Concernant le poids de la neige, je n avais pas aime. Bisous
Ah tu m'étonnes. Qu'est-ce qui ne t'avait pas plu ?
Je ne saurais plus te dire. Un certain ennui je pense
Associer premier billet de ton nouveau chez toi et participation à un challenge, tu fais fort ! J'avais beaucoup aimé Le poids de la neige, et avais noté qu'il était précédé d'un 1er volet, mais j'ignorais qu'un 3e suivait...
J'ai fait la même chose que toi. Un peu déçue par "le fil des kilomètres" après avoir lu "le poids de la neige" mais c'est un tout et il y a des éléments importants à connaître dès le premier volume. J'ai lu un autre livre qui m'a beaucoup plu mais je n'aurai pas le temps de faire un billet d'ici (un hiver de coyotte).
J'avais beaucoup aimé Le poids de la neige. Je vois que l'auteur explore encore les relations humaines dans les situations de crise (et ça pourrait me plaire)
J'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans "le poids de la neige", la solitude du narrateur confronté aux éléments, les rencontres improbables et ici l'angoisse de se demander si sa famille va l'accueillir ou le rejeter. La présence de l'enfant est un vrai plus qui le confronte à des réflexions auxquelles il ne s'attendait pas. Et la forêt est un personnage important.
Comme Miriam je me pose la question d'une lecture dans l'ordre ou pas.. j'avais noté les précédents et je rajoute ce dernier.
Tu peux voir ma réponse à Miriam. Je suis une adepte des lectures dans l'ordre. J'ai lu le deuxième en premier sans savoir qu'il y en avait un autre. Quand j'ai lu le premier je me suis rendue compte que c'était important de savoir ce qui s'était déroulé avant.
tu reviens en force, avec une trilogie, rien que ça ! que je vais noter bien évicemment
J'avais déjà fait des billets pour les deux précédents, c'est un petit rappel.
J'avais beaucoup aimé Le poids de la neige, mais je n'avais pas réussi à me procurer le premier.
Pourtant il se trouve facilement en poche.
Ça m’intéresse bien, alors je note. Une trilogie parfaite pour cet hiver.
Surtout celui qui se passe dans une maison presque isolée par la neige.
Bonjour Aifelle
Un bien joli retour , je ne connais pas mais j'imagine bien mon plaisir à lire ce genre de romans.
Merci d'être là de nouveau.
Nos cousins québécois ont beaucoup de talent et pour nous c'est plutôt dépaysant de nous retrouver dans les grands espaces.
Les deux premiers sont à la bibli, je viens de les noter (grrrr, on était bien tranquilles jusqu'à ton retour ^_^)(je plaisante bien sûr)
Ha ha, tu l'as voulu, mais c'est un juste retour des choses, je note beaucoup chez toi.
Je note cette trilogie pour le face à face avec la nature et avec l'essentiel (qui me fait penser un peu à "Dans la forêt" de Jean Hegland).
C'est dans l'esprit de "dans la forêt" tout en étant très différent. En tout cas c'est prenant.
Je t'ai enfin trouvée, c'est super !
J'aime bien ce côté "post apocalypse" si ce n'est pas trop violent. Une trilogie, proche de la nature, à lire avec un bon thé chaud devant un feu de cheminée... Je rêve un peu, le thé je l'ai mais il me manque la cheminée !!! Merci de revenir vers la blogosphère Aifelle, c'est précieux. Bel après midi. brigitte
Contente de voir que tu m'as finalement trouvée .. Ce n'est pas violent non, le contexte l'est, mais pas le traitement de l'histoire. Le premier se déroule encore dans un milieu plutôt industriel, encore en état de marche cahin-caha. Les suivants font la part belle à la nature.
Toujours pas découvert cet auteur. (soupir)
Tu devrais y penser, je pense que ça te plairait.
Je n'ai pas lu les premiers mais c'est vrai qu'ils t'ont tous beaucoup plu. Il me faudra les lire si je les trouve en bibliothèque.
Ma bibliothèque les a tous les trois, mais je n'ai pas attendu, j'ai sauté sur celui-ci dès sa parution. J'étais impatiente. "Le poids de la neige" je l'avais acheté au festival America de 2019, où j'ai pu discuter avec l'auteur (très sympathique).
Mais quel plaisir de passer ici ce matin, de vous retrouver nous faisant part de vos lectures qui sont bien souvent pour moi des occasions de découvrir des auteurs ! Bien qu'en ce moment je sois très prise par mes lectures en cours (Ecrits intimes de Patricia Highsmith et Le rouge et le noir de Stendhal), je note cette trilogie pour un peu plus tard.
Et à très vite.
J'ai suivi vos lectures en cours et j'admire votre manière de passer de l'une à l'autre selon le moment de la journée.
Je garde un très bon souvenir de "Le poids de la neige" et surtout de la rencontre avec l'auteur organisé à l'occasion de la publication du livre en France. Je note donc cette future lecture...
C'est intéressant de retrouver le même narrateur et de reprendre le périple là où il en était resté. L'auteur a placé la barre haut avec cette trilogie. Je me demande ce qu'il va écrire maintenant.
D'accord. J'avais adoré Le Poids de la neige, je n'avais pas perçu que celui-ci suivait. Comme j'ai lu en deuxième Le fil des kilomètres et qu'il m'avait moins convaincue, je ne me suis pas attardée sur celui-ci.
Même ressenti pour moi à propos des deux premiers. Celui-ci est plus dans la veine "du poids de la neige". Il ne m'a pas déçue.
tu commences fort avec une trilogie je te remercie pour ma Pal !!!
De rien, c'est avec plaisir ..
J’avais adoré Le poids de la neige (un huis clos, et de la neige en plus, tu penses ;0) mais je n'avais pas fait attention que c'était une trilogie, en plus le dernier est noté bien sûr. La seule chose qui me retenait est d'être trop dans la comparaison ; j'ai trop aimé Le poids de la neige en fait ;0)
Je craignais aussi la déception après "le poids de la neige" mais ce ne fut pas le cas. A toi de voir ..
Dans ma PAL depuis vendredi, grâce à toi j'ai moins peur d'être déçu par rapport au poids de la neige. Par contre je n'ai pas lu le premier, je devrais tu crois ?
Bonsoir Aifelle, il faudrait déjà que je commence par le premier tome. (à emprunter en bibli) même si le côté "post-apocalyptique" ne m'attire pas plus que cela. J'ai assez avec ce que l'on vit en ce moment. Bonne soirée.
Ça devient plus flippant c'est sûr avec tout ce qui se profile à l'horizon. Ici, l'histoire personnelle et relationnelle prend le dessus, mais je mentirais en disant que c'est gai et optimiste. Bonne journée.
Est on obligé de lire les 2 autres tomes pour apprécier et comprendre celui-ci ? De ce que tu en dis, il me tente bien, mais pas le courage de me lancer dans une trilogie !
Tu peux le lire indépendamment, l'auteur rappelle les principaux faits qui ont précédé.
Ce roman est dans ma PAL, tu penses bien, j'ai tellement aimé les deux premiers !
Difficile de résister au troisième ! d'ailleurs il n'y a pas de raison. Bonne lecture.
Très envie de lire ce roman mais je veux lire la trilogie dans l'ordre chronologique donc je vais voir à la bibliothèque !
J'espère que tu les trouveras.
L'or rouge : non tu n'es pas obligée. Mais quand tu auras lu celui-ci, je pense que tu auras envie d'en savoir davantage sur ce qui s'est passé avant.