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Bivouac

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"Le plus difficile, pour moi, ça aura été de faire la paix avec la violence. Désormais, je comprends mieux à quel point ces causes que l'on porte peuvent accaparer tout l'espace, voir chambouler nos valeurs fondamentales. Raph et Rio ont ça en commun : ils ont été des catalyseurs pour moi. Ils m'ont montré du doigt les vraies menaces mettant en péril l'Habitat. Et voir que Rio est parti à pied aux Etats-Unis, avec un mépris du danger qui semble disparu de nos tripes, depuis le temps des coureurs des bois ! Ça me jette à terre, cet esprit de fronde là. Valentin ne fait pas le poids, il mène les bêtes à l'abattoir, enterre les veaux morts, il ne se révolte pas. Deux à un."

Dernier volet d'un triptyque, après "Encabanée" et "Sauvagines", nous retrouvons Anouk, entraînée dans une lutte collective pour sauver un bout de forêt, dans le Kamouraska.

Elle a passé l'hiver dans une yourte, en compagnie de son amoureuse, Raphaëlle et elles rejoignent maintenant une communauté agricole qui expérimente une nouvelle façon de vivre et travailler en totale harmonie avec la nature.

Parallèlement, nous suivons Riopelle, activiste écologiste convaincu, déjà croisé dans "Encabanée". Il est obligé de fuir après une opération pacifiste qui a mal tourné. Il pense à la "femme renard", Anouk, avec qui il a connu une brève mais intense passion. Bien sûr, nous nous doutons que la route de Riopelle et Anouk va à nouveau se croiser.

Deuxième lecture québécoise consécutive et même plaisir de retrouver une écriture particulière et des personnages attachants. De quoi se rendre compte qu'au Canada aussi, la population ne pèse pas lourd devant les intérêts économiques. La construction d'un oléoduc va détruire une partie de forêt, dont un vieux pin de 500 ans. La résistance s'organise autour de la défense du site.

Anouk et Raphaëlle passent d'abord un certain temps dans la communauté agricole, jusqu'à ce qu'Anouk comprenne qu'elle n'est pas faite pour cette vie-là et que, si Raphaëlle est la femme de sa vie, elle n'est pas pour autant prête à renoncer aux hommes. Elle non plus n'a pas oublié le bref passage de Riopelle dans sa cabane. Embrouilles en vue, à moins que ...

Dans ce roman, j'ai surtout apprécié l'aspect lutte écologiste. Voir comment les plus radicaux s'organisent, luttent, préparent leurs actions, sont toujours sur le qui-vive m'a passionnée. Ils y sacrifient beaucoup, mais sont convaincus. Les descriptions de la forêt, des animaux, de la biodiversité montrent l'urgence à les sauver tant qu'il est encore temps.

Le côté romanesque de l'histoire permet d'alléger un contexte assez désespérant, même si je l'ai trouvé parfois un peu trop envahissant. Une forte tension s'installe, la confrontation des écologistes et de la société pétrolière va virer au drame. Je n'en dirai pas plus.

La trilogie est très réussie, c'est aussi la découverte d'une belle plume et d'une autrice talentueuse. Si chaque roman peut se lire séparément, c'est mieux de les suivre dans l'ordre.

L'avis de Cathulu

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Festival America - Septembre 2022

Gabrielle Filteau-Chiba - Bivouac - 368 pages
Editions Stock - 2023

Commentaires

  • Je me souviens de ton avis sur Encabanée, il me tentait bien, à retenir donc cette trilogie.

  • Tu saurais dès "Encabanée" si tu aimes le style et l'univers. Il est question d'une démarche assez radicale (celle de l'autrice dans la vie).

  • J'avais noté les 2 précédents (toujours pas lu) et je rajoute ce dernier...
    La lutte écologiste tellement d'actualité ,urgence à sauver la planète!!!!

  • C'est certain et il y en a qui s'engagent complètement, quelles qu'en soient les conséquences. Au Canada, les militants écologistes sont considérés par la justice comme des terroristes de l'intérieur.

  • Si tu n'as pas aimé le deuxième, tu n'aimeras pas davantage celui-ci. Qu'est-ce qui t'avait déplu ?

  • Ce ne sont peut-être pas des livres pour toi ; ce n'est pas grave.

  • le thème de ce troisième livre ne m'attire pas vraiment mais j'ai aimé beaucoup les deux premiers

  • Si tu as aimé les deux premiers, tu devrais aimer celui-ci. Peut-être plus tard ..

  • Je l'ai ai achetés au fur et à mesure de leur sortie, je n'ai donc pas eu l'impression d'un "trop" d'un seul coup.

  • J'ai lu le premier, et j'ai l'impression que le côté romanesque n'est pas assez laissé de côté par la suite.

  • J'ai pensé à toi parce que je me souviens que sur "Sauvagines", tu avais dit dans les commentaires que l'aspect sentimental prenait trop d'importance. Il l'est encore plus dans "Bivouac", je ne suis pas sûre que ça te plairait.

  • Il y avait une interview de Gabrielle Filteau-Chiba dans Télérama la semaine dernière. La façon dont elle vit elle-même est en phase avec ce qu'elle écrit. Elle utilise ses droits d'auteur pour racheter petit à petit des parcelles de forêt autour de chez elle afin qu'elle se développe sans entrave.

  • A découvrir, donc, et je pense que cela pourrait ma plaire (et puis l'héroïne porte le même prénom que ma fille aînée !)

  • C'est une raison supplémentaire :-) Tu pourras y trouver également, au détour des pages, des passages sur les peuples premiers qui habitaient cette région et qui savaient vivre, eux, en harmonie avec la nature, sans la détruire.

  • Une trilogie qui pourrait m'intéresser, d'autant plus que je lis peu de littérature québécoise. L'intrigue sentimentale est-elle trop convenue ? trop mièvre ?
    "Kamouraska" m' a rappelé le beau roman d'Anne Hébert, lu il y a longtemps et que j'avais aimé.

  • L'intrigue sentimentale est surtout trop chargée à mon goût et trop dans l'air du temps : amour lesbien, polyamour .. ça m'a rappelé certaines communautés soixante-huitardes qui voulait inventer de nouvelles manières de vivre plus libres et qui ont en fait reproduit pas mal de schémas de domination et de jalousie. Et elles n'ont pas tenu dans le temps. Mais ce bémol ne m'a pas empêchée d'apprécier la lecture et la tentative de vivre autrement, sans continuer à détruire le vivant. De plus, les Québécois ont une manière de manier la langue qui me plaît beaucoup. Je te joins une interview qui résume le parcours de l'autrice (rencontrée au festival America, très sympathique et passionnante) https://www.journalacces.ca/culture/gabrielle-filteau-chiba-faire-corps-avec-la-nature/

  • "Encabanée" reste à mes yeux le meilleur ; je pense qu'il te plaira.

  • Je viens de terminer Sauvagines avec grand plaisir. Je note ce titre et "encabanée."

  • Je te conseille de continuer avec "Encabanée" ; tu aurais le début de l'histoire, la décision d'Anouk de vivre seule dans une cabane au milieu des bois et sa rencontre avec Riopelle.

  • Je garde encore un très bon souvenir d'Encabanée donc je reste curieuse des deux opus suivants. Il ne me reste plus qu'à les trouver en bibli.:)

  • Tu ne peux que continuer, tu ne vas pas rester au milieu de l'histoire !

  • ah tiens, ça fait un moment que j'ai remarqué "Encabanée" et "Sauvagines" . Je ne savais pas qu'il s'agit des deux volets d'une trilogie. Un de plus sur la liste !

  • Ils peuvent se lire séparément, mais c'est mieux de les découvrir dans l'ordre chronologique.

  • pas sure d'y aller vers ces livres. Je sens tes réserves comme des signaux me disant "déjà tu n'aime spas trop ce genre de retour vers la nature, en plus les amours sont convenus, en plus ce sont des pavés!!!"

  • Si tu n'aimes pas les histoires de retour vers la nature, c'est sûr que ce n'est pas pour toi. Mais ce ne sont pas des pavés ! Les deux premiers sont même courts. Pour moi, un pavé commence au-dessus de 500 pages.

  • C'est la question qu'il ne faut pas poser Alex ! Je dirai seulement que ça ne se termine pas bien pour tout le monde, mais qu'il y a toujours de l'espoir et de la vie à la fin ..

  • Tu vas passer un bon moment. Je vais attendre ton billet avec curiosité.

  • ça m’intéresse, surtout l'aspect écologique mais il faudrait déjà que je lise les deux premiers!

  • "Encabanée" le premier, est assez court et tu saurais tout de suite si tu as envie de poursuivre ou pas ..

  • Il, faut que je poursuive la lecture de cette trilogie avec les tomes deux et trois (j'avais lu "Encabanée" il y a maintenant un ou deux ans je crois...).
    Et relire les aventure du gang de la clé à molette d'Edward Abbey?
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

  • De mon côté, il faut que je découvre enfin Edward Abbey, tant vu sur les blogs.

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