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Au nom du bien

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"Gary et moi, on a grandi à Stock, et à Stock, être gay c'est encore un péché. Et pas un petit péché comme jurer, par exemple. En dehors de maltraiter un enfant ou tuer quelqu'un, c'est à peu près ce qu'on peut faire de pire. Toute ma vie j'ai entendu ça, et mon cul de païenne a même pas fréquenté les bancs de l'église."

Richard Weatherford est le pasteur d'une petite ville de l'Arkansas, père de cinq enfants et mari irréprochable. Il a des convictions inébranlables qu'il s'efforce de communiquer à ses ouailles. Nous sommes au coeur de l'Amérique trumpienne, détenant la vérité et exigeant une morale sans faille, pas loin du fonctionnement d'une secte. Ça, c'est le côté face.

Côté pile c'est moins brillant. Le pasteur s'est fourré dans une situation catastrophique en cédant à ses pulsions homosexuelles avec le jeune Gary. Le dit Gary lui réclame maintenant 30 000 dollars, faute de quoi il le dénoncera publiquement. Frère Richard a 48 heures pour les trouver.

Prêt à tout pour sauver sa réputation, sa famille, sa place et son honneur nous voyons le pasteur s'abîmer dans une suite de décisions catastrophiques qui vont coûter cher à quelques membres de la communauté. C'est cruel, hypocrite, sans aucun scrupule.

Je n'ai pas de chance avec les pasteurs dans mes lectures récentes (ici) et je dois dire que celui-ci pulvérise des records dans le chapitre reniements, manque de foi, faillite morale et j'en passe. L'action se passe sur les deux jours des fêtes de Pâques où le pasteur doit mener à la fois les préparatifs habituels et chercher désespérément l'argent, tout en jouant la comédie à sa femme.

L'histoire est racontée par plusieurs protagonistes, nous passons de l'un à l'autre, ce qui permet de saisir la montée en tension et les raisons de chacun. Dans cet imbroglio, la lutte sans merci du pasteur pour l'interdiction d'alcool dans la ville a son importance.

Tout en reconnaissant la force de la dénonciation, je ne me suis pas sentie très à l'aise dans ce roman ou la noirceur domine. J'ai espéré une lueur d'espoir du côté de l'épouse du pasteur. Hélas, c'était juste une illusion, l'hypocrisie et le cynisme sont bien partagés dans le couple. En comparaison, j'ai fini par trouver presque sympathique le jeune couple de maîtres chanteurs à la base de l'histoire.

Si la charge contre certains mouvements religieux est parfaitement réussie, c'est une lecture qui tombait peut-être à un mauvais moment pour moi.

L'avis de Kathel Luocine

Jake Hinkson - Au nom du bien - 336 pages
Traduit de l'américain par Sophie Aslanides 
Gallmeister - 2020

Commentaires

  • J'adore ta phrase" Je n'ai pas de chance avec les pasteurs dans mes lectures récentes" ! :)

  • De plus, je termine un récit de randonnée où l'Evangile est cité à longueur de pages assaisonné d'un certain regret sur la disparition de la pratique religieuse en France. Là, il ne faut plus m'en parler pendant un bon moment.

  • Mais dis-moi tu le recommandes ou pas? Je n’arrive pas à savoir si c’est un bon livre, au final. Je te sens à la fois interpellée et réticente …

  • Va lire le billet de Kathel, plus bas le commentaire de Miriam rejoint son avis. C'est un bon livre, mais moi il ne m'a pas fait jubiler, il m'a dégoûtée. Je n'arrivais pas à encaisser le cynisme total du pasteur. Il est immonde. Peut-être qu'à un autre moment, il ne m'aurait pas fait le même effet. J'ai fouillé un peu sur internet et le but de l'auteur est de s'attaquer à la totale hypocrisie et malfaisance de trop de mouvement religieux. A ce titre là c'est parfaitement réussi. Alors à toi de voir.

  • J'ai adoré le cynisme de l'histoire, et le fait qu'on a envie de savoir ce qu'il va arriver à tous ses personnages, si ignobles soient-ils, C'est drôlement bien fait, non ?

  • Je suis d'accord c'est très bien fait mais de mon côté je me suis forcée à aller jusqu'au bout et je crois que le ponpon a été l'attitude de sa femme vers la fin. J'ai eu une petite pensée sur la manière dont ils allaient poursuivre leur vie, dans un tel enfer intérieur !

  • Aucune envie de me retrouver dans l'Amérique trumpienne, j'avoue. L'hypocrisie semble une vertu sociale là-bas.

  • L'hypocrisie, la duplicité, la violence, tous les moyens sont bons pour maintenir un pouvoir et une emprise sur les autres, quoiqu'il en coûte. Je ne pense pas lire autre chose de l'auteur.

  • Il faut avoir le moral pour se lancer dedans. Le mien ne doit pas être assez solide et pourtant je ne lis pas que des bluettes. Peut-être que j'ai eu plus de mal, sachant que ce genre de religiosité dévoyée sévit dans trop de pays actuellement.

  • J'ai trouvé ce roman très noir, très cynique, très hypocrite, très addictif et je l'ai dévoré.

  • Trop c'était trop pour moi ; je ne l'ai même pas trouvé addictif, j'ai traîné des pieds pour le terminer. J'avais tout de même suffisamment de curiosité pour vouloir connaître le dénouement. En plus de tout ce que tu as dit, il est cinglé le pasteur .. (je n'ai pas trouvé de billet chez toi).

  • J’ai déjà tourné autour mais sans être convaincue qu’il me conviendrait. Ton avis me confirme dans cet a priori….

  • Je crois qu'il va me falloir un peu de recul pour démêler ce qui m'a vraiment déplu dans ce roman, malgré d'indéniables qualités ; je partais confiante pourtant.

  • Aie j'aurais pu tenter, mais bah, j'ai bien trop de lectures plus dans mes goûts...

  • Tu peux toujours tenter en bibli malgré tout, c'est sans risques.

  • Je vois aussi à quel livre tu fais allusion, nos jésuites dans la campagne, mais au moins ils sont plus sympathiques et sincères.

  • Ils sont indéniablement plus sympathiques, mais parfois énervants aussi. Ou alors c'est moi qui traverse une mauvaise passe et qui ne supporte plus rien.

  • Je n'arrive pas à déterminer si ce livre me plairait. J'ai l'impression que oui. Ton billet me le rend intrigant en tout cas !

  • Si tu penses qu'il te plairait n'hésite pas et va lire le billet de Kathel. Elle a été emballée. Il ne faut pas se fier à un seul avis.

  • Ah oui, je pense que tu aimerais ce roman bien noir.

  • Non, non, non, je vais les fuir un moment. Le roman que je lis est plutôt plein d'humour et de critique insolente vis-à-vis de Dieu et de ses insuffisances ! Je n'en dis pas plus.

  • Alors laisse-toi tenter parce que sur ce coup-là je suis minoritaire. Sur Babelio, les avis sont très positifs en général.

  • Ta prochaine lecture sera plus intéressante, j'en suis certaine et tu l'apprécieras doublement. Je suis dans une phase chanceuse quant aux livres qui tombent entre mes mains, cela fait du bien de naviguer dans l'histoire des autres et d'y découvrir de belles âmes. Douce semaine Aifelle, à bientôt. brigitte

  • Je suis déjà dans un roman qui me plaît davantage, entre humour, drame et tendresse. Et sur les conseils d'une blogueuse, j'en ai réservé un à la bibliothèque qui lui a fait beaucoup de bien. C'est indispensable par les temps qui courent .. Bonne soirée Brigitte, bises.

  • Ton avis est explicite et étayé (et je t'en remercie). Je crois que je vais éviter cette lecture. Tromp sombre pour moi en ce moment.

  • C'était mon cas aussi je pense. Il y a dix ans je l'aurais peut-être lu d'un autre oeil, mais en ces temps où les régressions ne manquent pas dans différents pays, c'est plus dur de prendre de la distance. Et j'ai besoin d'un minimum de positivité pour compenser trop de noirceur.

  • tu t'en doutes, je ne suis pas très tentée :) Je te souhaite plus de chance pour tes prochaines lectures !!

  • Je termine une lecture nettement moins sombre, j'apprécie ..

  • Je ne pense pas que l'auteur soit pour moi, je ne me sens pas prête à récidiver.

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