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  • Les doigts coupés

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    "Ça y est, j'ai compris pourquoi vous nous interdisez de chasser... Pourquoi vous nous empêchez même d'apprendre à le faire... Parce que ça vous permet de vous rendre importants en nous expliquant à quel point on est nulles tout en vous présentant comme nos sauveurs... De nous faire croire que c'est pour notre bien que vous nous punissez... Mais la vérité... la vérité, c'est que vous mourez de peur que l'on découvre que vous ne servez absolument à rien !"

    De nos jours, quelque part en Dordogne, des ouvriers polonais creusent une future piscine dans une propriété privée et font une découverte inattendue : deux squelettes apparemment très anciens. La propriétaire les supplie de les recouvrir bien vite de terre, mais les ouvriers sont de bons chrétiens et exigent la bénédiction des corps par un prêtre. S'ensuivra un branle-bas de combat et exit la piscine. Place aux spécialistes qui vont examiner les squelettes. Entrée en scène d'Adrienne Célarier, paléontologue.

    "En tant qu'universitaire elle est arrivée au bout de la course au rat en ayant déjoué tous les pièges. On la traite d'arriviste, mais elle s'en fout car c'est elle qui a le morceau de fromage entre les dents".

    Les corps étaient dans une grotte recouverte de mains peintes, toutes mutilées au niveau des phalanges. Mais pourquoi ?

    A partir de là, le récit se déroule sur deux périodes, la nôtre et celle de l'aurignacien, il y a 35 000 ans. Nous passons des doctes discours d'Adrienne à l'histoire réelle, celle d'Oli, jeune femme de la tribu, rétive aux règles imposées par les hommes, notamment Oncle-Aîné, le chef.

    Le clan est composé d'une quinzaine d'individus, chasseurs-cueilleurs. Les femmes sont cantonnées aux travaux subalternes, qui les maintient dans un périmètre étroit. Les enfants arrivent sans que l'on sache vraiment pourquoi, la relation n'est pas faite entre les accouplements fréquents, consentis ou pas et l'arrivée des bébés ..

    Cette vie ne convient pas à Oli qui veut chasser, faire la même chose que les hommes. Elle y est souvent plus habile qu'eux d'ailleurs, grâce en partie à sa soeur Wilma, très douée pour lui tailler des outils. Oli est gauchère. C'est la seule qui n'a pas d'enfant, elle refuse les accouplements avec ces hommes qui lui répugne.

    Si vous avez lu "la Daronne", vous aurez une idée du ton de ce roman préhistorique, qui ne fait pas dans la dentelle. Il fallait oser se mettre dans la peau d'une jeune aurignacienne, avide de franchir les limites de son clan et se révélant féministe bien avant l'heure, en bouleversant au passage l'ordre du monde.

    Le comique vient du décalage entre les aventures réelles d'Ori et ce qu'en déduit Adrienne, la paléontologue, dans ses conférences devant ses pairs.

    J'ai passé un bon moment à la lecture de ce roman, mais pas autant que j'attendais. Je n'ai pas adhéré au langage bien trop moderne à mon goût d'Oli et sa tribu.

    Ce qui n'empêche qu'il y a de multiples scènes réjouissantes comme celle où Oli règle son compte à celui qui l'a mutilée sans pitié.

    Je précise que l'autrice s'est appuyée sur les travaux très sérieux de l'Italienne Paola Tabet, qui a publié un livre appelé précisément "Les doigts coupés". Elle s'est inspirée également des travaux de Vinciane Despret.

    Merci aux Editions Métailié

    Une interview de l'autrice ici

    L'avis de Cathulu Dasola Je lis je blogue Zazy

    De la même autrice : La daronne - Richesse oblige

    Hannelore Cayre - Les doigts coupés - 192 pages
    Editions Métailié - 2024