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Un grand bruit de catastrophe

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"Louise avait huit ans lorsque les siens avaient été dépêchés à Val Grégoire afin de baptiser le plus de gens possible. Ils avaient débarqué au bout de la 385, suffisants comme des comédiens de télévision dans un théâtre d'été de province, avec beaucoup trop de valises et un sourire hardi. La congrégation, avide de saluts faciles, misait beaucoup sur le proverbial rendement des Fowley, eux qui avaient la réputation de n'avoir qu'à surprendre un regard furtif pour transformer le plus inoffensif promeneur en disciple captif".

Val Grégoire, petite ville au nord du nord de la forêt boréale, au Canada, sous la coupe de la famille Desfossés. Val Grégoire où les habitants finissent par se convaincre qu'ils sont des ouananiches (saumon d'eau douce incapable de migrer). On ne quitte pas Val Grégoire ou alors on y revient immanquablement.

Louise étouffe dans ce lieu et dans sa famille, bigote à outrance. Sa seule bouffée d'oxygène sont les deux copains qu'elle se fait à l'école, Marco, un Desfossés, fils du maire et Laurence, dont le frère Willy va être à l'origine de la catastrophe qui pèsera lourd pour la suite.

L'histoire s'ouvre sur le retour improbable de Louise qui avait fini par fuir à Montréal. Elle croise Wendy, soeur de Laurence et comprend vite la situation de cette jeune femme un peu simplette, ce qui va la décider à repartir en l'emmenant avec elle.

Plusieurs personnages prennent la parole à tour de rôle, sans souci chronologique ; à chaque narrateur et époque différente, les évènements du passé se dévoilent un peu plus jusqu'à donner une claire vue d'ensemble.

Le coeur du livre c'est l'amitié indéfectible entre Louise, Laurence et Marco ; ils sont inséparables et les deux garçons promettent à Louise de la rejoindre lorsqu'elle part en douce pour Montréal. Ils ont en commun des familles plutôt déjantées et déstructurantes. La force de caractère de Louise leur sert de moteur.

Les habitants de Val Grégoire suivent de près les évènements, supputent et commentent ce qu'ils croient savoir et ils n'hésiteront pas à aider Louise lorsque le moment sera venu des règlements de compte. Je dois dire que, vu tout ce qui avait précédé, j'ai apprécié la fin même si elle n'est pas morale.

Le style de narration maintient une tension qui pousse à tourner les pages, mais ce qui m'a le plus emballée dans ce roman, c'est la langue, directe, inventive, savoureuse.

Un auteur à découvrir.

"Nous savions ses racines et sa souche, à Marco, et nous sentions depuis toujours qu’il aurait dû appartenir à un autre arbre généalogique. Il était né avec un patronyme qui était comme des cannettes vides attachées à ses jambes, ça faisait kakling-kakling partout où il passait. Sauf que sa réputation le concernait à peine. Il découlait, septième, d’une lignée guerrière, copie carbone des autres Desfossés, le même format, à la différence que, enfant, il exécrait la chasse parce qu’incapable de tuer et se portait, justicier, à la défense des plus vulnérables. Son père roulait les yeux de honte, ses frères l’assaillaient de pichenottes et il devint le préféré de sa mère".

L'avis de Kathel

Nicolas Delisle-Lheureux - Un grand bruit de catastrophe - 304 pages
Les Avrils - 2023

Commentaires

  • Intéressée peut-être, mais de toute façon pas dans mes biblis... Tant pis, j'ai du gros à lire par ailleurs!

  • Peut-être sortira-t'il en poche un jour ? Il a eu le prix du roman Marie-Claire, ça peut aider.

  • Le fanatisme religieux, c'est toujours effrayant... (quand on clique sur ton lien, on ne tombe pas sur le billet de Kathel mais sur la page d'accueil de son blog).

  • Merci pour le lien, j'ai rectifié. La religion exerce un poids considérable dans cette histoire, qu'elle soit officielle ou dévoyée en n'importe quoi.

  • Bonjour Aifelle, pourquoi pas? Je ne connais pas le mot "pichenotte" et "copie carbone", cela change de copie-conforme. Bonne journée.

  • "Copie carbone" je pense que ça correspond à la période avant ordinateur ou si tu voulais un document en double, tu devais utiliser un carbone. On ne pouvait pas faire un copier-coller .. Pichenotte, on dit plutôt pichenette chez moi. Bonne fin de journée.

  • Je suis contente que tu aies aimé, et j'ai plaisir à relire les citations, le style a beaucoup compté dans mon plaisir de lecture.

  • Je me suis rendue compte que c'était difficile d'extraire un passage, sans continuer sur le passage suivant, tellement tout s'enchaîne dans ce roman. Le style est pour beaucoup en effet dans la réussite du roman. Et les mentalités que l'auteur décrit ne manque pas de sel ! J'aime cette simplicité des québécois, ils disent les choses comme elles sont, sans tourner autour du pot.

  • Le style est plein d'allant, c'est sûr ! j'attendrai la sortie en "poche".

  • Il n'y a pas urgence, mais c'est un auteur à suivre. J'espère que son premier roman sortira également en France.

  • Je crois que je serais allée vers ce livre pour son titre que je trouve beau. Mais le résumé est très intéressant aussi.

  • Je l'avais repéré quand le billet de Kathel est venu me confirmer qu'il était à lire. Je suis attentive aux auteurs québécois, souvent j'y trouve mon compte.

  • Il a une certaine originalité et un ton très personnel.

  • Alors n'hésite pas et vas-y !

  • Le ton est en permanence enlevé ; c'est un vrai plaisir de lecture.

  • Aah je suis justement à la recherche d'un roman québécois qui vaut le détour ! Serait-ce celui-là ? :) Bon, il faudrait déjà qu'il soit disponible à la bibli, mais je garde un oeil dessus.

  • C'est ce qu'il te faut ! sinon, tu peux aller voir sur mon ancien blog, dans la littérature québécoise, il y en a pas mal qui valent le détour.

  • J'ai découvert la littérature québécoise en suivant le challenge de Karine "le mois québécois" pendant pas mal d'années. J'y ai souvent trouvé des pépites.

  • C'est un roman un peu inclassable avec sa narration décousue mais une vraie réussite. Il m'a fait passer un bon moment.

  • Oh je peux dire que tu me tentes beaucoup. Malheureusement ma médiathèque ne l'a pas encore alors je le note dans mon carnet de lecture. Je savoure par avance la langue qui me plaira, j'en suis certaine, vu l'extrait parlant que tu partages avec nous. Merci pour cette belle chronique

  • Tu peux peut-être faire des suggestions à ta bibliothèque ? Je le fais régulièrement et c'est en général suivi. Il faut juste avoir un peu de patience.

  • Les personnages sont très bien croqués, ce qui fait que l'on s'attache tout de suite à eux (enfin pas tous ..).

  • Un style que j'ai apprécié tout au long du roman. Une nouvelle plume à suivre ..

  • je n'avais pas vu que tu étais de retour et avec un roman fort intéressant évidemment!

  • J'avoue avoir un penchant pour les auteurs québécois. J'ai aimé le ton très personnel de cette histoire,.

  • J'aime dans une lecture avoir envie de tourner les pages, ce qui me rend très triste lorsque j'arrive à la dernière. Encore un titre à noter pour une rencontre future, merci Aifelle, belle journée à toi. brigitte

  • Certains livres provoquent un petit pincement lorsqu'ils sont terminés. Le regret de ne pas retrouver les personnages chaque soir, fidèles au poste .. C'est bon signe.

  • Bien tentant ce genre d'histoire qui émane de ce genre de bled. Je pense que je devrais plus souvent aller vers la littérature canadienne. Notamment suite à ton billet, je viens de lire le roitelet, et là aussi, quelle belle plume !

  • Ce n'est pas du tout le même genre, mais justement les québécois ont chacun leur style et souvent ça fonctionne chez moi.

  • Je te rejoins complètement sur l'intérêt de cette lecture. C'est une langue, un style atypiques et de plus, on s'attache vraiment aux personnes. Une belle découverte ! (https://etsionbouquinait.com/2023/05/11/nicolas-delisle-lheureux-un-grand-bruit-de-catastrophe/)

  • Bonjour Patrice, j'ai lu ton billet et nous sommes d'accord sur cette lecture. Je suis souvent séduite par les romans québécois, un auteur de plus à ajouter à ma liste. Comme toi, j'ai aimé ce mélange de drame et d'humour qui fait passer des situations qui, sans cela, seraient très glauques.

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