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On a tout l'automne

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"Kingnguq
 (Ressentir le besoin de ce qui est disparu)
La question qui me revenait de plus en plus souvent en tête : existait-il une façon de renouer avec eux ? Sans leur dire quoi faire, cette fois. Plutôt en leur laissant la parole, en écoutant leurs histoires. Faire un bout de chemin pour les retrouver dans leur langue".

Si vous avez lu "Nirliit" vous retrouverez ici la même narratrice, dans un rôle légèrement différent.

Elle était venue assurer un camp d'été à Salluit, dans le Nunavik (grand nord Canadien) où elle découvrait les injustices envers la communauté Inuit et leur peu de chances de s'en sortir.

Cette fois-ci, elle choisit de revenir à l'automne, et d'animer des ateliers de poésie en inuttitut, langue qu'elle s'efforce d'apprendre depuis quelque temps et qui la met en position d'être à son tour épaulée par les enfants. Ce sont maintenant de jeunes ados et elle est curieuse de voir leur évolution.

Elle retrouve Maggie, Sarah, Louisa, Elisapie et Nathan. Ils sont également heureux de la revoir, même s'ils restent assez réservés sur la vie qu'ils mènent.

"Inuulirvik
(Naissance. Espace-temps où être dorénavant un humain).
Un joyeux bordel règne chez Nathan. Dans le vestibule, le tapis disparaît presque sous une montagne de bottes de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Accrochés à la rampe d'escalier, des enfants s'entraînent à sauter de plus en plus haut. Au salon, des bambins se chamaillent comme des chiots,culbutant les uns sur les autres avec un plaisir sans cesse renouvelé.
Je devrais être gênée, comme dans n'importe quelle fête, mais tout le monde se fout des mondanités ici".

La narratrice est à un moment difficile de sa vie, elle ne se remet pas de la mort récente de sa mère. Il y a aussi Gabriel, l'amoureux, dont elle aimerait un peu plus d'engagement.

La nature est très présente, le froid arrive, les occupations sont différentes et la jeune femme toujours intéressée de découvrir le mode de vie des autochtones. Elle essaie de saisir ce qui se passe derrière leurs silences et leurs comportements déroutants.

L'écriture est délicate et poétique, tout en décrivant sans fard la réalité sociale et les difficultés de la communauté Inuit. L'apprentissage de l'’inuttitut et les poésies écrites par les enfants permettent d'entrer plus en profondeur dans leur coutumes et leur mode de pensée.

Un reproche cependant, si tous les passages en langue inuttitut sont traduits, il n'en est pas de même pour l'anglais. Ce n'est peut-être pas un problème au Canada, mais j'ai passé trop de temps à chercher les traductions.

Pour terminer, j'ai choisi un poème et sa traduction.

Le poème Nunaapiga présenté dans le chapitre 6 a été composé par Nicolas Pirti-Duplessis, qui a généreusement permis son utilisation. La traduction est de Marc-Antoine Mahieu, en collaboration avec l'auteure.

Nunaapiga                                      "Mon cher petit territoire
Sila allaqijuq                                    Le temps est clair
suurlu urquujumiittugut                   On pourrait se croire dans un endroit chaud
Kisiani uluakka aupalingajuuk           Si mes joues n'étaient pas devenues rouges
Pualuukka piirukkik                          Je pourrais perdre mon index
sirlaapik                                          Si je retire mes mitaines
suurlu tukiirsilangajunga                   Juste un instant
Tamanna qanuingngilaq, piugigakku   Ça ne fait rien
nunaqarviga                                     Je le trouve beau
                                                       Mon territoire"

challenge minorités ethniques

Juliana Léveillé-Trudel - On a tout l'automne - 216 pages
Editions La Peuplade - 2022

Commentaires

  • Pas pour moi, je me contente de savoir qu'il existe et je m'en tiendrai à ce que tu en dis.

  • Je crois que c'est un genre qui ne te plairait pas beaucoup en effet. Ce n'est pas grave, il y a tant à lire.

  • La narratrice a raison : apprendre une langue (locale) est un excellent moyen pour en apprendre plus et plus finement sur les gens qui la parlent. Je ne suis en train d'apprendre le breton, ça n'est pas comme l'anglais à 12 ans...

  • De mon temps, pas d'anglais à 12 ans ... ni après quand on ne faisait que du primaire. Tu devrais apprendre le breton ;-)

  • Cette communauté ayant tant souffert et encore à présent,je note ce titre,même si mon anglais est de niveau scolaire..Ayant un petit fils qui vit aux Etats Unis j'essaie de progresser...

  • Si tu as un anglais niveau scolaire, c'est déjà mieux que rien du tout .. C'est dommage ce manque de traduction, j'aimais le livre, mais j'ai failli le laisser de côté, je m'interrompais trop souvent.

  • Je note mais pas pour tout de suite car j'avais trouvé le précédent très noir.

  • Celui-ci est moins noir. J'ai lu une interview ou l'autrice disait que si elle devait réécrire Nirliit, elle le ferait autrement, elle trouve elle-même qu'elle avait noirci le tableau.

  • Tu l'as acheté au festival America?
    Je m'amuse du commentaire de Sandrine.
    Et je râle avec toi pour l'anglais non traduit, une petite note ne ferait pas e mal, et puis dans certains livres je me confronte aussi avec le problème, pour d'autres langues (on devine, mais...)

  • Il n'était pas encore paru au moment du festival America ; l'autrice n'y était d'ailleurs pas. Par contre j'avais discuté avec Gabrielle Filteau-Chiba dont j'attends "Bivouac" à la fin du mois.

  • Tu comprends ma confusion... ^_^

  • Du coup, tu conseilles plutôt de commencer par "Nirliit" ou les deux peuvent vraiment se lire indépendamment ?

  • Ils peuvent se lire indépendamment. On retrouve la narratrice de Nirliit, mais ce n'est pas une suite à proprement parler.

  • Je l'avais déjà noté suite à ce billet : https://lire-et-vous.fr/2022/12/23/on-a-tout-lautomne-de-juliana-leveille-trudel/
    Et j'ai beaucoup aimé Nirliit qui avait même il me semble fini dans mon bilan annuel. J'avais trouvé l'écriture de Juliana Léveillé-Trudel très éloquente.

  • Merci pour le lien, je ne connais pas ce blog. Je suis entièrement d'accord avec ce qu'elle écrit. C'est l'écriture de Nirliit que je voulais retrouver et je ne suis pas déçue.

  • certainement un beau roman qui m'attirerait si je n'étais pas totalement sous l'eau
    En ce début d'année j'ai fait un liste de ce que j'ai en réserve à lire et c'est gigantesque alors l'objectif est d'abord de dégonfler un peu ce trop plein après on verra

  • Je ne dis rien parce que je peux faire le même constat que toi. Et quand lirais-je tout cela ? Je me fais des promesses d'arrêter d'emprunter, d'acheter et de ne puiser que dans la PAL, mais je ne tiens pas longtemps.

  • Je n'avais pas été très enthousiaste vis-à-vis de Nirliit, trop sombre, peut-être... Je ne lirai celui-ci que si je peux le trouver à la médiathèque, éventuellement.

  • Vois ma réponse à Cathulu au-dessus ; celui-ci est moins noir et j'ai aimé retrouver son écriture.

  • une romancière de plus que je ne connais pas - le poème est joli

  • Elle n'est pas très connue en France ; j'avais beaucoup aimé le premier roman, Nirliit.

  • Une immersion intéressante, surtout quand on fait l'effort d'apprendre une langue.

  • Et elle n'est pas facile du tout cette langue, il faut un certain courage pour se lancer.

  • Pas pour moi non plus. Mais comme Emma je suis contente que ce genre de romans existe et fasse le bonheur de certains lecteurs ;)

  • Il fait le mien en tout cas, j'aime lire sur des univers très loins de moi.

  • C'est par rapport je pense au livre précédent où elle ne venait que brièvement l'été. Là, elle a pris son temps.

  • Si le propos t'intéresse, n'hésite pas.

  • C'est un roman dont je n'ai pas entendu parler ; je vais attendre ton billet.

  • Si tu as aimé Nirliit, tu aimeras celui-ci.

  • je me suis éloignée de mon ordinateur une petite semaine et je vois que j'ai beaucoup de retard dans mes commentaires et bien pire , dans mes lectures. alors je ne note pas celui-ci.

  • De toute façon, on ne peut pas tout lire. Il faut faire des choix.

  • Ah non, je ne connaissais pas ces titres, il vaudrait peut-être mieux commencer par le premier tome j'ai l'impression, histoire de faire connaissance avec les personnages et l'environnement !

  • Tu peux le lire indépendamment, mais c'est mieux en effet d'avoir lu le premier. Tu comprends davantage l'objectif et la trajectoire de la narratrice (dont nous ne connaissons jamais le nom).

  • Bonne lecture alors !

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