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Nous nous aimions

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"Tous les étés, Daredjane est menacée de ne pas pouvoir repartir avec ses filles. Kessané a surpris une conversation entre son grand-père et sa grand-mère un soir en Abkhasie. "Tu te rends malade, disait Bebia, tu vas finir par avoir un ulcère si tu continues. Depuis le temps, tu devrais être habitué. - Jamais, répondait Babou. On ne s'habitue pas à la peur. Ils ont Daredjane dans le collimateur depuis qu'elle s'est mariée et est partie en France. Un jour ça va mal finir -".

Le roman s'ouvre sur une scène glaçante à l'aéroport de Moscou, étape obligée sur le trajet entre la France et l'Abkhasie (région de Géorgie à l'époque). Les douanières font clairement comprendre à Daredjane que sur ce territoire, elle est toujours soviétique et que l'on peut la bloquer là, en laissant repartir ses deux petites filles, seules. Aucune humiliation ne leur sera épargnée.

Daredjane, danseuse géorgienne, a rencontré Tamaz lors d'une tournée en France et ils sont tombés tout de suite amoureux. Tamaz vit en France depuis les années 20. Les démarches vont être longues pour qu'elle puisse l'épouser et le rejoindre. Elle tient à ce que ses deux filles connaissent leurs grands-parents et malgré les risques, elle retourne au pays tous les étés. Tamaz reste en France.

J'avais beaucoup aimé "la mer noire" et j'ai retrouvé le même charme dans ce court roman. C'est une histoire de famille, très unie, sur fond d'exil et de drames. Il y est question de la difficulté des relations mère-filles-soeurs et du délitement des liens au fil des années et des évènements.

Enfants, Kessané et Tina ne se quittaient pas, se soutenaient constamment, sous le regard aimant de Daredjane et de Tamaz. Puis il y a eu la guerre d'indépendance de l'Abkhasie dans les années 90, la perte de la maison familiale, la fuite des grands-parents vers Tbilissi, blessure jamais refermée.

Kessané et Tina vont peu à peu s'éloigner l'une de l'autre, leurs amis et leurs amours sont différents. La mort de Tamaz va aggraver la situation, rendant Daredjane de plus en plus acariatre et injuste envers son aînée.

Le livre se clos sur une lettre poignante de Kessané à sa mère, évoquant l'impossibilité de dialogue, mais lui gardant tout son amour.

Une belle lecture, faisant place aux émotions et aux aléas de la vie. Encore une famille qui a été bousculée et dépassée par des évènements plus grands qu'elle. Impossible de ne pas penser à ce qui se passe actuellement en Ukraine. J'avoue que j'avais oublié le conflit entre la Géorgie et l'Abkhasie, qui a pourtant fait un grand nombre de morts et de destructions.

L'avis de Philisine

Khétévane Davrichewy - Nous nous aimions - 152 pages
Editions Wespieser - 2022

Commentaires

  • je retrouverais volontiers cette autrice si le roman est dans la lignée de La mer noire (j'avais été moins emballée par Les séparées ou Quatre murs)

  • Il est complètement dans la lignée, tu peux y aller .. je n'ai pas lu les suivants, je craignais la déception. Ce qui n'est pas le cas ici.

  • J'ai juste lu La mer noire. Mais je vais faire un arrêt côté Géorgie, tu me comprends, même si ici on a plutôt une histoire familiale?

  • Oui, mais l'histoire familiale est très imbriquée dans celle de la Géorgie. Aux conflits intimes s'ajoutent les traumatismes vécus par ceux qui vivent toujours là-bas.

  • De plus, c'est un livre qui se lit facilement, la narration est fluide.

  • Tiens, une lecture originale sur le territoire géorgien ! J'aime beaucoup les fresques familiales, en plus. Je n'aurai pas le temps de le lire ce mois-ci (avec les challenges) mais je l'ai enregistré dans ma liste d'envies

  • Pas seulement sur le territoire géorgien. Il y a des allées-venues constantes entre les deux pays, ce qui participe à l'intérêt du roman.

  • Tout me parle dans ce billet, aussi je note les deux titres, après avoir lu ce que tu as écrit sur le précédent (le lien a mis beaucoup de temps à ouvrir, mais heureusement il a fini par fonctionner). Inévitablement, je pense à une famille russe qui m'est chère, séparée par le conflit actuel - les guerres sont monstrueuses.

  • Elles sont monstrueuses et leurs traces perdurent si longtemps ... La plateforme qui hébergeait mon premier blog ne s'est pas arrangée côté fonctionnement. Il faut attendre en effet longtemps avant d'avoir le contenu. J'envisage de faire des copies des lectures qui me tiennent à coeur et les republier sur mon blog actuel.

  • Ah ces guerres qui ne cessent jamais...et qui meurtrissent tant de familles!!
    Une autrice que je ne connais pas",ça t'étonne"....je le note en plus il n'a pas beaucoup de pages!!

  • Malgré le sujet parfois dur, c'est un roman très agréable à lire. Il y a beaucoup de vie et de chaleur dans cette famille. N'hésite pas.

  • Il est un peu noyé dans la masse de la rentrée littéraire, mais comme j'avais un excellent souvenir de "la mer noire", j'ai tout de suite eu envie de le lire.

  • Plus cela va, plus ce livre et cette histoire retentissent en moi. Nous nous aimions est une superbe histoire, très bien écrite avec des images fortes. Il mérite d'être si bien défendu. Bises

  • C'est vrai que ce sont des personnages que l'on n'oublie pas une fois la dernière page refermée. Je pense qu'il y a une forte teneur autobiographique dans ses romans.

  • Ouhlala je me sens totalement inculte en te lisant. Je ne me suis encore jamais aventurée en territoire géorgien en littérature. Je me le note pour cette opportunité.

  • Il y a quantité de pays dont je n'ai pas lu la littérature moi non plus, on ne peut pas tout lire. L'avantage c'est qu'il n'est jamais trop tard.

  • Je me demande comment il a été médiatisé à l'époque. Une province géorgienne qui réclamait son indépendance, je ne suis pas sûre que la presse en ait fait sa une tous les jours.

  • je pourrai recopier le commentaire de Kathel, j'avais aimé sans plus "les séparés" et "entre quatre murs" et beaucoup aimé "la mer noire" alors je vais guetter celui-là

  • J'ai retrouvé tout ce que j'ai aimé dans "la mer noire", alors tu peux y aller. Je serais curieuse d'avoir ton avis.

  • On en a sûrement entendu parler quand il s'est déroulé, mais il y a eu tellement de conflits dans ces régions ces dernières décennies que l'on a tendance à ne plus trop savoir.

  • Ce court roman pourrait me plaire. Effectivement, encore une page de l'Histoire bien oubliée :( D'ailleurs, le nom Abkhasie ne me dit rien du tout, au point qu'au début de ton billet, j'ai cru que c'était un pays inventé pour le roman...

  • C'est hélas bien réel, je suis allée voir la carte pour me rendre compte où c'était exactement. Les conflits sont tellement nombreux et fréquents dans ces régions, on finit par s'y perdre.

  • Remonte-le, oui ! j'attends ton billet.

  • J'avais beaucoup aimé "la mer noire" également. J'espère qu'il croisera ma route un de ces jours.

  • Il est vite lu, il se glisse facilement entre deux autres lectures.

  • Et tu fais bien.

  • Je n'ai lu que celui-ci et "la mer noire". Les romans parus entre deux ont l'air d'avoir un peu déçu les blogueuses.

  • effectivement tentant ! Je ne connaissais pas l'autrice mais ma BM recèle quelques titres. Merci pour la découverte !

  • Si ta bibiothèque a "la mer noire" commence par lui ; tu auras une idée du style de l'autrice.

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