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  • Aujourd'hui les coeurs se desserrent

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    "Une jeune fille peut jouer du piano, chanter, faire de l'aquarelle sur le motif, mais faire des vers est déjà plus suspect, écrire un roman carrément condamnable, presque autant qu'être comédienne. Bref, Babette n'a pas beaucoup d'atouts pour convenir à Amélie. Le milieu ! Curieux mot qui a disparu. Depuis peu, on parle de réseau. La métaphore est scientifique, celle de milieu était biologique. Un réseau se construit, tandis qu'on naît dans un milieu. Il est très difficile de changer de milieu, changer de milieu exige au moins deux générations. Et encore traite-t'on ceux qui y parviennent précisément de parvenus".

    J'ai été tentée par ce roman parce qu'il se passe dans ma région, au sein d'une riche famille industrielle dans la filière du textile. C'est l'histoire classique de l'élaboration d'une fortune et du lent déclin qui suivra, sur trois générations.

    Le narrateur est Guillaume Deslorgeux, le petit-fils qui essaie de comprendre l'échec de sa famille en remontant au grand-père, homme sévère et mutique, bourgeois catholique ordinaire.

    Il a eu deux fils, Paul et Jean. Paul idéalise son aîné et le voit en héros lorsque la seconde guerre mondiale éclate. Paul est fait prisonnier et échoue à s'évader. Il s'imagine que de son côté, Jean a certainement réussi et mène une meilleure vie que la sienne. Cette jalousie irrépressible poussera Paul à prendre des risques importants, jusqu'à se retrouver dans un camp disciplinaire, Rawa Ruska.

    Pendant ce temps, Jean est revenu chez ses parents et se consacre au théâtre avec une petite troupe amateur. La jeune première, Babette, tombe amoureuse de lui, en vain. Jean dissimule un secret qui le ronge et l'empêche de s'engager.

    Après la guerre, Paul ne pardonnera jamais à Jean d'avoir traversé cette période sans éclat et presque sans danger, alors que lui passait par d'extrêmes souffrances. Un noeud supplémentaire complique la situation. Babette, rejetée par Jean, va se consoler dans les bras de Paul. Ils se marieront, Paul s'enfonçant dans le mutisme comme son père et Babette éteignant complètement toute vélléité de carrière théâtrale, se conformant à ce que le milieu attend d'elle.

    A vrai dire, je n'ai pas été très intéressée par les péripéties sentimentales du roman. J'ai apprécié davantage l'histoire de l'essor du textile et la richesse qu'il a apportée à certains, jusqu'au changement radical du monde industriel que n'ont pas su anticiper des familles trop bien installées dans le confort.

    La description de la vie quotidienne pendant la guerre et l'occupation allemande est bien documentée, j'y ai retrouvé des lieux familiers et l'évocation d'un bombardement très meurtrier (700 morts) à Rouen, à cinq cents mètres de mon domicile actuel. Evènement dont j'entendais parler dans mon enfance, le souvenir en était vivace.

    C'est une lecture agréable, mais je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, surtout Paul dont je n'ai pas saisi l'obstination dans la dureté. J'aurais aimé que la narrateur ait plus de place dans l'histoire, lui qui doit affronter les conséquences de ce que n'ont pas fait ses aînés. Il fait preuve de plus de courage et d'humanité.

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    Pascale Roze - Aujourd'hui les coeurs se desserrent - 176 pages
    Editions Stock - 2011